La réalité en elle-même obéit-elle à des lois mathématiques ?
Publié le 21/01/2020
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Si, en revanche, on considère que les mathématiques, tant en ce qui concerne leurs notions qu’en ce qui concerne leurs « lois », résultent d’une activité rationnelle a priori effectuée par l’homme lui-même — c’est ce qu’affirme avec force Kant dans la préface à la Seconde Edition de la Critique de la raison pure —, leur accord avec le réel devient beaucoup plus problématique. Or, les lois qui régissent les phénomènes n’en
purement mathématique permettent de déduire de nouvelles lois ou de nouveaux concepts, dont on admet qu’ils doivent trouver à plus ou moins long terme leurs répondants dans l’univers expérimental ou empirique. C’est bien ainsi que Le Verrier avait prévu, par ses seuls calculs, la position de la planète Neptune. C’est également ainsi que, plus récemment, Dirac a élaboré le concept de « masse négative » (qui n’a été « vérifié » que des décennies après sa mise au point) par de purs calculs concernant des champs électro-magnétiques, ou qu’il a pu prévoir, grâce à son formalisme mathématique, l’existence du positron.
«
CORRIGÉ20
est-ce bien la réalité en elle-même qui obéit à des lois mathématiques ? ou
n'est-ce que ce que nous percevons de la réalité?
[I.
Des mathématiques comme fondement
aux mathématiques comme langage]
En considérant dans Timée que l'univers sensible a été élaboré par un
démiurge qui a utilisé des formes géométriques éternelles (les « solides »
de Platon) pour donner forme au chaos initial, Platon, fidèle à la tradition
pythagoricienne, affirme que l'univers est mathématiquement stmcturé.
Cela l'autorise à situer les mathématiques, dont les «objets» et les rela
tions sont indépendants du temps, juste avant la philosophie dans la hié
rarchie des savoirs possibles, comme une sorte de propédeutique à l'étude
des Idées.
Mais cela ne détermine aucunement, dans les conceptions pré
scientifiques de Platon, le principe affirmant que les événements du
monde doivent obéir à des lois mathématiques.
Les mathématiques inter
viennent ici antérieurement au réel sensible, mais l'étude de ce dernier
(qui n'a évidemment pas grand intérêt du point· de vue platonicien)
semble être possible sans que l'on envisage d'en transcrire les phéno
mènes sous forme mathé111atique.
Cette manière de penser se prolonge - et se retrouve notamment dans
la mentalité chrétienne - aussi longtemps qu'une attitude proprement
scientifique, ou expérimentale, n'est pas encore établie par rapport à la
«réalité».
En revanche, la mise au point de l'attitude expérimentale fait
immédiatement intervenir une mathématisation de la loi découverte.
Les
phénomènes étudiés sont quantifiés, leurs relations se calculent, les lois
s'énoncent mathématiquement, et la mathématisation devient une garantie
de scientificité.
Cette mathématisation du réel pris en charge par les lois ne pose pas
nécessairement problème aux philosophes chrétiens : si l'on admet que
Dieu a créé aussi bien le monde que les mathématiques, il n'est pas sur
prenant que le premier obéisse aux secondes, puisque la totalité de ce qui
existe participe d'une raison unique.
Et le rationalisme, dans sa version
cartésienne par exemple, peut considérer que c'est bien la réalité elle
même qui nous est révélée par les lois.
[Il.
Justification du relativisme]
Si, en revanche, on considère que les mathématiques, tant en ce qui
concerne leurs notions qu'en ce qui concerne leurs «lois», résultent
d'une activité rationnelle a priori effectuée par l'homme lui-même -
c'est ce qu'affirme avec force Kant dans la préface à la Seconde Édition
de la Critique de la raison pure -, leur accord avec le réel devient beau
coup plus problématique.
Or, les lois qui régissent les phénomènes n'en
101.
»
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