LA RÉALITÉ DU MONDE: qu'est l'existence du monde, et quel mode de réalité convient-il de reconnaître aux choses ?
Publié le 13/04/2009
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On englobe sous le nom de réalisme les doctrines qui reconnaissent aux choses une existence indépendante de toute pensée. a) La plupart des hommes croient à l'existence hors de nous des qualités que nous percevons. Aristote et les physiciens du Moyen Âge ont aussi professé un réalisme qualitatif. Mais un tel réalisme semble difficile à soutenir. Les sensations sont relatives au sujet, à ses organes, à son état physiologique, à ses sensations antérieures ; les sens nous font souvent illusion; les rêves, les hallucinations sont subjectivement indiscernables de la perception. Les découvertes de la science montrent aussi que sons et couleurs n'existent pas tels que nous les percevons. Mais un seul argument semble suffire à établir que le monde extérieur n'est pas objectivement composé de qualités sensibles: on ne saurait comprendre en effet comment une qualité sensible pourrait demeurer indépendamment d'un esprit qui la perçoive. Les qualités sensibles sont des états psychiques, elles ne peuvent constituer un réel indépendant de l'esprit.
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(Schopenhauer estime que le réel est volonté).
3.
En un sens différent, on peut considérer l'esprit comme un ensemble d'idées, de relations, et donner à ces idées,à ces relations une valeur objective.
Ainsi, pour Platon, les Idées sont seules réelles, les choses sensibles n'existantque dans la mesure où elles y participent.
En dernière analyse, tout se réduit à la participation des Idées entre elles.Pour Hegel, l'absolu est l'idée, et le mouvement dialectique de l'esprit opérant par thèse, antithèse et synthèse estcelui de l'être lui-même.
Pour Hamelin, la relation est la réalité même, et le monde peut se construire à l'aide derelations.
4.
L'idéalisme peut enfin consister dans l'affirmation que le monde se réduit à un ensemble de phénomènes et à leursrelations.
Telle est l'opinion des néocriticistes et de Renouvier.
C.
- Conclusions
Il est impossible de réfuter directement l'idéalisme.
Pour montrer qu'il existe une réalité extérieure à l'esprit, ilfaudrait en effet sortir de l'esprit, ce que nous ne pouvons faire, la seule réalité dont nous avons une conscienceimmédiate étant notre esprit et ses états.
(C'est en ce sens que Descartes a déclaré que l'âme était plus aisée àconnaître que le corps, et qu'il a fait de la connaissance du moi pensant le point de départ de sa philosophie.)L'esprit ne peut concevoir le réel que sur le modèle de ce qu'il connaît, autrement dit que comme étant esprit, ouqualité donnée à l'esprit.
Si donc nous voulons affirmer un réel indépendant de l'esprit, il nous faudra tenu-ce réelpour inconnaissable.
Autrement dit, l'affirmation de l'existence d'un réel en soi coïncidera avec la négation de lapossibilité de le connaître, et donc avec la condamnation de toute métaphysique de l'objet.
Mais il ne nous paraît pas légitime de nier, avec l'idéalisme, l'existence de ce dont nous ne saurions avoir d'idéepositive.
Sans doute l'esprit se pose-t-il comme totalité, et ne peut-il concevoir une réalité quelconque que sur sonpropre type.
Les idéalistes y voient la marque de son infinité.
On peut y voir le signe de son impuissance à sortir
de lui-même.
Mais quel besoin, dira-t-on, pouvons-nous avoir d'admettre ainsi un non-esprit? C'est que, noussemble-t-il, le contenu de la conscience est tel qu'on ne peut en rendre compte sans faire appel à une réalitéextérieure à elle.
Le réel se présente à nous avec des caractères opposés à ceux de l'esprit: il est spatial, etl'espace est irrationnel ; il est temporel, et l'esprit ne peut comprendre que le temps soit irréversible, que l'on nepuisse revenir en arrière, que le monde change, que ce qui a été cesse d'être.
Les choses nous apparaissent commedes ensembles de qualités sensibles : elles sont donc faites de données irrationnelles et irréductibles à l'esprit.
Dèslors, de même que l'idéalisme était sorti du solipsisme pour rendre compte du fait que le monde, bien que donné aumoi, et en un sens intérieur au moi, soit imposé au moi, de même on peut sortir de l'idéalisme pour rendre compte dufait que le monde, bien que donné à l'esprit, et en un sens intérieur à l'esprit, soit imposé à l'esprit, et présente descaractères irréductibles et rebelles à l'esprit.
En fait, le sens commun et les sciences tendent à distinguer les cadres où toute la nature est enclose: l'espace etle temps, puis divers principes ou substances dont les phénomènes semblent dépendre: la matière, la vie, l'esprit.Faut-il voir en ceci divisions superficielles, et conclure, avec le monisme, que la nature dépend d'une substanceunique? Faut-il, avec le dualisme, admettre deux principes, faut-il croire, avec le pluralisme, qu'il en existe plusieurs?C'est ce qu'il faut examiner maintenant..
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