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La raison pratique, norme de la volonté bonne de E. KANT

Publié le 06/01/2020

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Les Fondements de la métaphysique des mœurs explorent l'élément rationnel propre à l'action humaine, c'est-à-dire ce qui constitue le concept d'une volonté souverainement bonne en elle-même, indépendamment de toute inclination intéressée. De cette façon, « l'autonomie de la volonté, principe suprême de la volonté » devra, selon Kant, se ranger sous les lois d'une raison pratique, que récapitule le célèbre « impératif catégorique ».

 

Puisque, en effet, la raison n’est pas suffisamment capable de gouverner sûrement la volonté à l’égard de ses objets et de la satisfaction de tous nos besoins (qu’elle-même multiplie pour une part), et qu’à cette fin un instinct naturel inné nous aurait plus sûrement conduits ; puisque néanmoins la raison nous a été départie comme puissance pratique, c’est-à-dire comme puissance qui doit avoir de l’influence sur la volonté, il faut que sa vraie destination soit de produire une volonté bonne, non pas comme moyen en vue de quelque autre fin, mais bonne en soi-même ; c’est par là qu’une raison était absolument nécessaire, du moment que partout ailleurs la nature, dans la répartition de ses propriétés, a procédé suivant des fins. Cette volonté ne peut être l’unique bien, le bien tout entier; mais elle doit nécessairement être le bien suprême, car elle est la condition dont dépend tout autre bien, même toute aspiration au bonheur. Dans ce cas, il est parfaitement possible d’accorder avec la sagesse de la nature le fait que la culture de la raison, indispensable pour la première de ces fins qui est inconditionnée, limite de bien des manières, et même puisse réduire à rien, au moins dans cette vie, la réalisation de la seconde, le bonheur, qui est toujours conditionnée. En cela, la nature n’agit pas contre toute finalité; car la raison, qui reconnaît que sa plus haute détermination pratique est de fonder une bonne volonté, ne peut trouver dans l’accomplissement de ce dessein qu’une satisfaction qui lui convienne, c’est-à-dire qui résulte de la réalisation d’une fin que seule encore une fois elle détermine, même si cela ne va pas sans porter quelque préjudice aux fins de l’inclination.

 

E. Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. Victor Delbos revue par F. Alquié, in Œuvres philosophiques. Bibliothèque de la Pléiade, © Éd. Gallimard, 1985, t. 2, pp. 254-5.

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« cédé suivant des fins.

Cette volonté ne peut être l'unique bien, le bien tout entier; mais elle doit nécessairement être le bien suprême, car elle est la condition dont dépend tout autre bien, même toute aspiration au bonheur.

Dans ce cas, il est parfaite­ ment possible d'accorder avec la sagesse de la nature le fait que la culture de la raison, indispensable pour la première de ces fins qui est inconditionnée, limite de bien des manières, et même puisse réduire à rien, au moins dans cette vie, la réalisation de la seconde, le bonheur, qui est toujours conditionnée.

En cela, la nature n'agit pas contre toute finalité; car la raison, qui reconnaît que sa plus haute détermination pratique est de fonder une bonne volonté, ne peut trouver dans l'accomplissement de ce dessein qu'une satisfaction qui lui convienne, c'est-à-dire qui résulte de la réalisation d'une fin que seule encore une fois elle détermine, même si cela ne va pas sans porter quelque préjudice aux fins de linclination.

E.

KANT, Fondements de la métaphysique des mœurs, trad.

Victor Delbos revue par F.,Alquié, in Œuvres philosophiques, Bibliothèque de la Pléiade,© Ed.

Gallimard, 1985, t.

2, pp.

254-5.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE Le début de ce texte conteste la capacité de la raison à assurer la conservation, le bien-être, le bonheur de l'homme.

En la matière, l'instinct eût été mieux indiqué.

Kant semble verser dans la misologie (ou haine de la rai­ son) telle qu'on peut la rencontrer chez Pascal (« cette belle raison corrompue a tout corrompu », Pensées, Lafuma, 60) ou chez Rousseau, pour qui l'usage de la rai­ son nous éloigne du premier sentiment de l'Humanité.

Mais Kant invoque la sagesse de la nature qui nous a doté d'une raison.

Il faudra donc bien que la raison ait une destination supérieure à la simple détermination des moyens de satisfaire nos inclinations sensibles (ce à quoi elle se montre d'ailleurs bien mauvaise conseillère).

La raison doit produire la norme universelle de ce qui rend la volonté bonne en elle-même, et non seulement par rapport aux effets ou aux conséquences de l'action.

Cet usage pratique de la raison ne se borne donc pas aux. »

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