La raison peut-elle rendre raison de tout ?
Publié le 05/02/2004
Extrait du document
«
aux choses aucune nécessité ; mais, au contraire, parce que la nécessité de la chose même, à savoir de l'existencede Dieu, détermine ma pensée à le concevoir de cette façon.
Car il n'est pas en ma liberté de concevoir un Dieusans existence (cad un être souverainement parfait sans une souveraine perfection), comme il m'est libre d'imaginerun cheval sans ailes ou avec des ailes.
»
Descartes, « Méditations métaphysiques ».
Descartes avait tout d'abord, dans son « Discours de la méthode », montréque les idées que nous concevons clairement et distinctement, qui s'imposentdonc à nous avec évidence, sont innées (antérieures à notre proprenaissance) et vraies (auxquelles par conséquent nous pouvons nous fier).
Parla suite, dans les « Méditations métaphysiques », l'auteur avait avancé unargument a posteriori de l'existence de Dieu : j'ai en moi l'idée (claire etdistincte) de parfait ; moi qui suis un être imparfait, je ne peux l'avoir poséeen moi-même ; seul un être parfait peut donc être la cause de la présence enmoi de cette idée de parfait (« Méditation troisième »).Dans le présent texte (« Méditation cinquième ») , Descartes double cetargument a posteriori d'un argument ontologique, purement conceptuel.
Parmiles idées innées, se trouvent les nombres et figures mathématiques, maisaussi l'idée de Dieu, que l'auteur définit comme « un être souverainementparfait et infini ».A partir de cette définition, Descartes développe sa version de l'argumentontologique : il déduit l'existence de Dieu de son essence même.
En effet,Dieu est par définition doté de toutes les perfections ; or l'existence est uneperfection : l'existence en tant que perfection fait partie de sa définition.Dieu ne peut donc pas ne pas exister.
La distinction entre essence etexistence ne convient pas au sujet de Dieu.Descartes associe ces deux arguments, l'un qui remonte de l'effet à la cause, l'autre qui déduit l'existence del'essence, pour démontrer l'existence de Dieu, « être parfait ».
Ces théories ont en commun d'affirmer que l'homme possède les principes indépendamment de l'expérience et que laraison peut rendre raison de tout.
Ce sont diverses formes de ce qu'on appelle rationalisme.
2) La raison ne peut rendre raison de rien (le scepticisme)
Le scepticisme est défini par Lalande comme : « La doctrine d'après laquelle l'esprit humain ne peut atteindre avec certitude aucune vérité ».
L'esprit se déclare incapable d'affirmer ou de nier quoi que ce soit.
1° Scepticisme antique et doute cartésien.
On sait que les « Méditations » de Descartes commencent, elles aussi, par l'exercice d'un doute absolu : Descartes rejette le témoignage des sens (en rêve on croit voir, entendre, bouger et ce n'est qu'illusion).
Il rejette même les vérités mathématiques (car il peut se faire qu'un « malin génie » tout-puissant s'amuse à me tromper dans toutes mes pensées).
Mais ce doute cartésien s'oppose radicalement au doute sceptique.
D'abord le doute cartésien est provisoire (ilprend fin lorsque Descartes s'aperçoit qu'il peut douter de tout sauf du fait même qu'il pense et qu'il doute : et cette évidence invincible : je pense donc je suis est une première vérité d'où bien d'autre vont jaillir).
C'est un doute volontaire, un doute « feint », dit Descartes dont la fonction est d'accoutumer « l'esprit à se détacher des sens » (« abducere mentem a sensibus ») et même de tout objet de pensée pour révéler en sa pureté l'acte même de penser.
Le doute cartésien a la valeur d'une pédagogie de l'ascèse qui vise à nous délivrerprovisoirement des pensées pour révéler que nous avions l'esprit que nous sommes.
Le doute cartésien estméthodique (le malin génie n'est lui-même qu'un « patin méthodologique » ( Gouhier ), c'est une technique mise au service de la recherche du vrai.
Le doute cartésien est un doute optimiste et héroïque, un déblaiement préalable qui précède la construction del'édifice philosophique, une décision volontaire de faire table rase de toutes les connaissances antérieures pour bâtirune philosophie nouvelle.
2° Les arguments des sceptiques grecs.
Tout au contraire, le scepticisme absolu des pyrrhoniens et de leurs disciples n'est pas un point de départ mais uneconclusion –la conclusion d'échec- au terme de l'aventure du savoir.
Enésidème avait groupé les arguments sous dix titres ou « tropes que Sexus Empiricus réduisit à cinq.
Il faut connaître ces arguments qu'on retrouve chez Montaigne , chez Pascal et chez Anatole France ..
»
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