La raison peut-elle remplacer la religion ?
Publié le 16/03/2004
Extrait du document
La religion est une illusion rassurante et trompeuse (Freud). La raison peut certes nous inquiéter, mais elle nous fait voir la réalité des choses pour nous y adapter.
MAIS...
L'homme a un besoin de croire et d'espérer. La raison ne permet pas à l'homme d'assouvir totalement son besoin de savoir.
- I) La raison peut remplacer la religion.
a) Le sentiment religieux renvoie à l'enfance. b) La religion est une illusion. c) La raison tient ses promesses.
- II) La raison ne peut pas remplacer la religion.
a) La raison ne satisfait pas le besoin de croire et de savoir. b) La religion est salvatrice car source d'espérance. c) La raison est impuissance à nous fournir des réponses à certaines questions existentielles.
.../...
«
Un deuxième aspect tient à la pensée même de son auteur :Kierkegaard.
Celui-ci va distinguer la raison humaine de la foi commedeux étapes séparées (sur les trois possibles) sur le « chemin de la vie »(Cf.
Étapes sur le chemin de la vie ).
Accéder à la foi véritable signifie pour l'homme un « saut qualitatif » au-delà de la raison humaine.
Il s'agitde croire « en vertu l'absurde » ( en latin « credo quia absurdum »), comme l'a fait la figure biblique d'Abraham sacrifiant son fils, crime allantcontre la raison et la morale communes.
Le principe de la foi est« l'angoisse », selon le Danois, découverte existentielle que la liberté quis'offre à tout homme est celle de la possibilité de la faute, quiprésuppose donc la faute humaine originelle.
Cette « angoisse deculpabilité » sera le moteur de la foi car elle est « rapport absolu àl'Absolu » et nécessite donc une conscience préalable de ce quicorrompt cette foi.
C'est un « paradoxe » que désigne Kierkegaard :plonger dans la foi nécessite le désespoir et l'angoisse existentielles.Avoir la foi signifie précisément la fin de la rationalité, le début d'un« défi » désespéré, absolu et sans raison apparente (« croire en vertude l'absurde »).
Mais reconnaissons que sans laraison il n' y aurait pas d'angoisseet donc pas de désespoir ni de possibilité de choix ! Nietzsche ira plus loin que Kierkegaard ensupprimant l'élément majeur de la confrontation raison/foi religieuse.« Où est allé Dieu ? s'écria-t-il, je vais vous le dire.
Nous l'avons tué ,... vous et moi ! », fait-il dire au funeste annonciateur de la mort de Dieudans Le gai savoir (Cf.
§ 125, L'Insensé ).
Notre « nihilisme » (négation de toutes les valeurs) ambiant est la cause de cette mort selonNietzsche.
La raison humaine, décadente, a eu raison de son créateur.Mais ce constat doit conduire, non pas au « dernier homme » (celui quin'assume plus rien, dévoré par son propre nihilisme), mais au« surhomme », qu'il appelle de ses vœux.
Souvent mal interprétée oudétournée de son sens, la notion nietzschéenne de « surhomme » estjustement construite sur l'idée que l'homme va devoir, à partir de la mortsymbolique du créateur, créer lui-même les nouvelles valeurs de cemonde en proie à ce nihilisme corrupteur et décadent.
Il s'agit d'unecertaine manière d'un retour à l'origine, à la nature, à la vie dans sonélan spontané, à ce que les penseurs Grecs de l'Antiquité cherchaient àcomprendre et enseigner.
C'est la raison naturelle, ce discours de lanature et de la vie, polymorphe, exubérant, enivrant, qu'il convient deréécouter.
Le symbole de cette volonté de vivre en vérité et créativité doit s'instaurer par la création d'uneraison nouvelle, au-delà de la religion défunte.
Nietzsche appelle à une « transmutation de toutes les valeurs »,à un dépassement des valeurs consacrées par la tradition, la religion et la morale, par l'usage d'une raisoncréatrice de valeurs nouvelles.
L'approche de Pascal présente une raison humaine qui, consciente de ses limites en matière de connaissance(toute démonstration porte en elle de « l'indémontrable ») et de la fragilité de la condition humaine, s'engagevers un « pari », par un raisonnement d'ordre pratique : l'incroyant à, compte-tenu des enjeux, tout à gagner àfaire le pari que Dieu existe.
L' « argument du pari » de Pascal propose une option d'ordre existentiel en pesant,rationnellement, le pour et le contre de l'alternative.
C'est donc paradoxalement un calcul rationnel intéresséqui peut conduire l'incroyant à opter pour la vie religieuse (Cf.
fragment 233 des Pensées ).
Conclusion
Notre rationalité se découvre en Grèce antique, au sein même du combat contre le mythe et la croyance.Le mythe platonicien de la caverne illustre parfaitement ce combat libre et lucide de la raison curieuse etquestionneuse contre les apparences et illusions que projette le mythe dans nos esprits.
La raisonhumaine peut en ce sens être considérée comme le moteur du refus humain du dogme religieux établi.
Cependant la trajectoire double du religieux et du rationnel doit être considérée comme séparée par l'« abîme » (Kierkegaard) creusé par l'hétérogénéité de leurs principes respectifs.
L'idée d'une foirationnelle, celle d'une raison religieuse, furent certes avancées par certains penseurs convertis.
Mais siles « voies du Seigneur » restent « impénétrables », c'est justement par leur essence mystérieuse etirrationnelle.
Reste à déterminer si et comment la rationalité sera capable, dans les temps à venir, dedémystifier le discours religieux par celui de la raison philosophique ou scientifique.
Pour l'instant l'intentionreste vaine et la foi et le mystère religieux demeurent..
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