La raison est-elle commune à tous les hommes ?
Publié le 11/08/2004
Extrait du document
Descartes dans son Discours de la méthode nous dit que le bon sens est la chose la mieux partagée au monde. Ainsi, tout homme peut faire preuve de bon sens donc s’orienter dans les sciences avec une méthode. En effet, il semble que personne n’en soit si peu pourvu qu’il soit comparable à l’animal ou à une brute. La raison est une faculté inhérente à l’homme. Elle en constitue une partie de l’essence. Dans ce cas le fou est bien celui qui a perdu la raison. Il est victime d’une privation. Cependant la question est alors de savoir et de comprendre si cette raison est équivalente en chaque homme ou si certains en possède plus que d’autres. Dès lors la raison ne s’entendrait plus simplement comme une faculté d’apprendre et de connaître, ce qui est un point de vue qualitatif, mais comme capacité à raisonner, ce qui s’entend d’une pont de vue quantitatif. En ce sens, si la raison est commune en tant que faculté, est-il possible que dans son usage certains soient mieux dotés.
- 1. La raison comme essence commune à tous les hommes.
- 2. Les hommes font un usage différent de la raison.
- 3. La raison comme idéal commun à tous les hommes.
«
« Par méthode, j'entends des règles certaines etfaciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observentexactement ne supposeront jamais vrai ce qui estfaux, et parviendront sans se fatiguer en effortsinutiles, mais en accroissant progressivement leurscience, à la connaissance vraie de tout ce qu'ils peuvent atteindre.
»
« Règles pour la direction de l'esprit » (IV).
La méthode garantit donc :
q La certitude (l'élimination de l'erreur) ;
q La facilité et l'économie d'efforts ;
q La fécondité et l'augmentation progressive des connaissances ;
q La sagesse, en ce sens que l'homme qui s'y soumet atteindra la connaissance de tout ce qu'on peut humainement savoir.
Resterait à dire pourquoi Descartes ressent le besoin de créer une méthode, applicable à tous les objets de connaissance, après vingt-trois siècle de science et de philosophie.
La première partie du « Discours » en fournit l'explication, qui se présente comme une biographie intellectuelle.
Descartes y expose ce qui l'a poussé à sortir des sentiers battus, c'est une véritable crise de l'éducation qui est le signe d'une crise de civilisation.
Bon élève dans unexcellent collège, Descartes découvre avec consternation que tout ce qu'on lui propose, quelles que soient son utilité et sa richesse, n'est bâti « que sur du sable et de la boue ».
Le doute s'immisce dans son esprit : alors qu'il a été éduqué par les meilleurs maîtres, sa recherche d'une certitude échoue.
Il cherchait, et l'éducation lui promettait« la connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie », mais il se trouve « embarrassé de tant de doutes et d'erreurs, qu'il me semblait n'avoir fait aucun profit, en tâchant de m'instruire, sinon que j'avais découvertde plus en plus mon ignorance ».
L'échec de la tradition pousse donc Descartes à trouver par lui-même et une connaissance vraie, et la méthode qui y conduit.
Ce faisant, Descartes réduit à néant les autorités traditionnelles, ce système de pensée qu'on nomme la scolastique et qui est l'héritage d' Aristote repensé par le christianisme.
Le cartésianisme récuse donc une autorité fondée sur le respect de la tradition, pour y substituer les droits de la raison.
En ce sens, Descartes est le père fondateur de la pensée moderne.
Que la raison soit commune à tous les hommes signifie ainsi qu'il existe un sens commun, c'est-à-dire une possibilité,pour tous les hommes, de tomber d'accord sur des vérités universelles et indubitables (dont on ne peut pas douter).Dans la Recherche de la vérité, Malebranche en donne deux exemples, l'un théorique : « 2 x 2 = 4 », et l'autrepratique : « il faut préférer son ami à son chien ».
Sans ce sens commun, c'est l'idée même de vérité et la possibilitéd'un accord entre les hommes qui sont voués à l'échec.
"Je vois, par exemple, que deux fois deux font quatre, et qu'il faut préférer son ami à son chien ; et je suis certainqu'il n'y a point d'homme au monde qui ne le puisse voir aussi bien que moi.
Or je ne vois point ces vérités dansl'esprit des autres, comme les autres ne les voient point dans le mien.
Il est donc nécessaire qu'il y ait une Raisonuniverselle qui m'éclaire, et tout ce qu'il y a d'intelligences.
Car si la raison que je consulte, n'était pas la même quirépond aux Chinois, il est évident que je ne pourrais pas être aussi assuré que je le suis, que les Chinois voient lesmêmes vérités que je vois.
Ainsi la raison que nous consultons quand nous rentrons dans nous-mêmes, est uneraison universelle.
Je dis : quand nous rentrons dans nous-mêmes, car je ne parle pas ici de la raison que suit unhomme passionné.
Lorsqu'un homme préfère la vie de son cheval à celle de son cocher, il a ses raisons, mais ce sontdes raisons particulières dont tout homme raisonnable a horreur.
Ce sont des raisons qui dans le fond ne sont pasraisonnables, parce qu'elles ne sont pas conformes à la souveraine raison, ou à la raison universelle que tous leshommes consultent." MALEBRANCHE.
1) Dégagez l'idée principale du texte et les différentes étapes de l'argumentation
2) Expliquez la différence que l'auteur établit entre « avoir ses raisons » et être raisonnable ».
3) De quels genres de "vérités" parle ici Malebranche ?
Réponses rédigées
1.
La connaissance du vrai et du bien, éprouvée comme certitude intérieure, atteste l'existence en tout hommed'une raison universelle.Le texte s'organise en quatre moments principaux, dont le point commun est de solliciter le témoignage du lecteurpour lui faire admettre, à partir d'exemples bien choisis et d'une interprétation inductive de ces exemples, l'existence.
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