« La raison, c'est quand on a couru, qu'on a soif et qu'on ne boit pas », disait un enfant pour définir la raison. Et le philosophe Rauh après avoir cité la formule, ajoute : « Voilà le devoir intellectuel. » Expliques et discutez. ?

Introduction. — Improviser une définition est fort difficile, Aussi s'en tire-t-on parfois en recourant à un exemple. C'est ce que fit cet enfant, qui expliqua : « La raison, c'est quand on a couru et qu'on ne boit pas«. « Réponse que Rauh approuve, en ajoutant : « Voilà le devoir intellectuel. « Tâchons de bien comprendre la pensée de l'enfant et celle du philosophe; nous verrons ensuite si leur formule est heureuse. A. Explication. — Me voilà assoiffé au retour d'une course. Je suis naturellement porté à boire, mais je résiste à cette impulsion naturelle, par exemple pour conquérir la maîtrise de moi-même ou simplement par ce principe général que je ne bois pas entre les. repas. a) Que s'est-il passé ? Au lieu de me laisser accaparer par la pensée de boire venue spontanément et de m'abandonner à mon impulsion naturelle, j'en ai fait abstraction et me suis placé à un autre point de vue; ce qui est un privilège de la raison : l'animal est incapable de s'élever au-dessus des impressions de l'instant, D'autre part, le point de vue auquel je me suis placé est le point de vue rationnel, et ma conduite a constitué une victoire de la raison sur l'impulsion spontanée. On comprend dès lors la définition de l'enfant. b) On entrevoit aussi comment peut se justifier la réflexion de Rauh; il y a devoir lorsque l'idéal conçu par la raison ou par l'intelligence se trouve en conflit avec un attrait sensible : c'est bien le cas de l'enfant qui a soif et juge qu'il est mieux pour lui de ne pas boire.