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La raison a-t-elle sur la violence un pouvoir autre que théorique et utopique ? Pour être efficace, la raison ne doit-elle pas parfois employer la violence ?

Publié le 21/09/2018

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En un premier sens, la raison désigne la capacité spécifiquement humaine de calculer son intérêt en mettant dans la balance les profits et les peines. Si la raison veut efficacement éloigner la violence, alors elle doit persuader l’esprit que la paix est préférable à la guerre. C’est la démarche du citoyen hobbesien : pour mettre fin à la violence brutale de l’état de nature, où chacun risque en permanence la mort, on décide de se démettre de son droit sur toute chose et de déléguer au souverain l’usage de sa force : « Le but que poursuivirent les hommes [ ...] lorsqu’ils se sont imposés des restrictions au sein desquelles on les voit vivre dans les Républiques, c’est le souci [...] de s’arracher à ce misérable état de guerre qui est [ ...] la conséquence nécessaire des passions naturelles des hommes, quand il n’existe pas de pouvoir visible pour les tenir en respect » (Léviathan). La raison permet de sortir de la violence incontrôlée et de la canaliser dans les mains d’un seul, que l’on autorise à en user lorsque la paix civile est menacée. Max Weber parle à cet égard de « monopole de la violence légitime » par l’appareil étatique (Le Savant et le Politique).

« • Recherche des idées Il semble couramment admis que la raison doive lutter contre la vio­ lence, afin d'opposer à la contrainte exercée sur autrui les arguments fon­ dant l'approbation et la persuasion.

Mais, dans les faits, le dialogue entre l' homme raisonnable et l'homme violent ne semble pas si aisé.

On peut même se demander si certa ines formes de violences n'appellent pas, en répon se, d'autres violences.

La violence n'est peut-être pas toujours illé­ gitime aux yeux de la rai son.

• Problématique La raison a-t-elle sur la violence un pouvoir autre que théorique et uto­ pique ? Pour être efficace, la raison ne doit-elle pas parfois employer la violence ? • Citations • « La violence est cette impatience dans le rapport avec autrui, qui dése spère d'avoir raison et choisit le moyen court pour forcer l' adhé sion » (Gusdo rf, La Vertu de force).

• «L a violence [est un] moyen, parfois nécessa ire, d'une politique rati onnelle » (Aron, Histoire et dialectique de la violenc e).

• « [ ...

] que l'effort de persuasion échoue, alors le conflit risque de se résoudre dans la violence » (C last res, La Société contre l'É tat) .

• « [ ...

] il faut concevoir l'É tat contemporain comme une communa uté humaine qui [ ...

] revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime » (Weber, Le Savant et le Po li­ ti que) .

CORRIGÉ [I ntrod uction] Que la raison, compri se com me faculté de distinguer le vrai du faux dans le domaine théorique et le bien du mal dans le registre pratique, doive lutter contre toute forme de contrainte exercée sur la volonté d'au­ tr ui, sem ble être une idée communément partagée, chez les philosophes eux-m êmes.

L'argumentation n'est-elle pas préférable à la violence ? Ne vaut-il pas mieux essayer de s'entendre , plutôt que de se faire la guerre ? Mais qu'il en vaille la peine ne signifie pas que cela soit concrètement possible.

Peut-on vraiment dialoguer avec le violent ? La raison recèle­ t-elle la puissa nce de mettre définitivement la violence hors-jeu ?. »

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