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La quête du bonheur constitue-t-elle un esclavage ?

Publié le 09/10/2005

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esclavage
Beaucoup poursuivent une quête incessante, qui commande toute leur vie et n'aboutit jamais. Dans ces conditions, la recherche du bonheur ne peut-elle pas elle-même devenir une source de malheur ? ne peut-elle être un esclavage ? Le bonheur comme fin suprême de l'homme. Pour la philosophie classique, toute pensée réfléchie et toute action tendent vers un bien. Mais quel est le souverain bien qui constitue la fin suprême de notre activité ? Selon Aristote, « sur son nom du moins il y a assentiment presque général : c'est le bonheur » (Éthique à Nicomaque, IV). Mais, sitôt qu'on tente de le définir, les avis divergent : on le rapportera aux plaisirs, aux richesses, à la santé, aux honneurs, à la vertu, etc. En réalité, observe Aristote, tous ces biens ne sont que des biens particuliers qui ne sont pas désirés pour eux-mêmes mais précisément pour procurer le bonheur. Ce bien parfait qu'est le bonheur, en revanche, « nous le cherchons toujours pour lui-même, et jamais pour une autre raison.

Déjà Pascal observait: "tous les hommes recherchent d'être heureux, cela sans exception; quelques différents moyens qu'ils y emploient, ils tendent tous à ce but". Aussi, le bonheur, point focal de toute existence humaine, ne semble pas nous être dû de droit, mais paraît procéder d'une insatiable recherche d'un "mieux et plus d'être", d'une inlassable maturation spirituelle. Mais, qu'est-il? Dans une acception classique, un état de complète satisfaction remplissant et submergeant toute la conscience. Mais combien d'hommes connaissent-ils le bonheur ? Beaucoup poursuivent une quête incessante, qui commande toute leur vie et n'aboutit jamais. Dans ces conditions, la recherche du bonheur ne peut-elle pas elle-même devenir une source de malheur ? ne peut-elle être un esclavage ?

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« distinguer trois espèces de désirs : les désirs naturels et nécessaires qui correspondent aux besoins élémentaires(manger, boire, etc.) ; les désirs naturels mais non nécessaires (besoins sexuels, bien manger, etc.) ; les désirs ninaturels ni nécessaires (besoins artificiels résultant de la vanité, de l'ambition, de l'avarice, etc.).

L'homme voulantatteindre le bonheur se limitera à satisfaire les premiers, éventuellement les deuxièmes (si ceux-ci ne créent pasd'habitude pouvant entraîner ensuite une souffrance), et rejettera les troisièmes, qui mènent inévitablement à unesclavage.

Mais en aucun cas il ne devra dépendre d'un quelconque désir.

L'homme heureux, c'est-à-dire le sage,est sans maître : il doit rester impassible, ne pas varier de cet état de plaisir en repos dans lequel il est dégagé detoute souffrance.L'hédonisme épicurien qui apparaissait primitivement comme une quête des plaisirs finit donc par nier ou détournertous les plaisirs physiques et tendre à l'ataraxie, cette absence totale de trouble qu'est le bonheur.

Ainsi lesépicuriens rejoignent, en dernière analyse, les stoïciens, pour qui toute recherche du bonheur est un esclavage,puisque le bonheur ne peut se fonder que sur l'acceptation sereine du destin. L'exercice de la vertu Mais l'ataraxie à laquelle nous invitent l'épicurisme et le stoïcisme n'est-elle pas sinon inaccessible, du moinsréservée à un petit nombre ? N'existe-t-il pas un bonheur plus immédiat et plus humain dont la recherche ne puisseconduire à un esclavage ? Pour Aristote, nous l'avons vu, le bonheur est la fin suprême de l'homme, il est « ce qui sesuffit à soi-même, [...] ce qui par soi seul rend la vie souhaitable et complète ».

Dès lors, « si le propre de l'hommeest l'activité de l'âme, en accord complet ou partiel avec la raison ; si nous affirmons que cette, fonction est propreà la nature de l'homme vertueux [...], à ces conditions, le bien propre de l'homme est l'activité de l'âme enconformité avec la vertu ».

Ainsi, « la vie des gens vertueux ne réclame nullement le plaisir comme je ne sais quelaccessoire ; le plaisir, elle le trouve en elle-même ».

Le bonheur consiste donc non pas exactement dans la vertu,mais dans la pratique permanente de la vertu, dans l'exercice de la vie raisonnable à quoi la vertu nous dispose.

Onne peut cependant soutenir que la vertu seule suffise au bonheur, que ce dernier, comme le voulaient les stoïciens,consiste uniquement dans la conscience d'être vertueux, et que donc l'on puisse être heureux même dansl'adversité.

Car, pour que la vertu puisse s'exercer, il importe que les conditions de vie s'y prêtent : d'où l'importancede ces biens extérieurs que sont la santé, la richesse, les honneurs, etc., lesquels ne doivent pas constituer desfins par eux-mêmes, mais sont nécessaires à un bonheur objectif.

La recherche du bonheur ainsi conçu ne sauraitdonc mener à un esclavage puisque le bonheur est l'épanouissement de ce qui fait le propre de l'homme et quel'homme ne saurait devenir l'esclave de ce qu'il est. Le bonheur est dans l'exercice et l'usage de la vertu. Pour Aristote , le bonheur est la fin suprême, au-delà de laquelle on ne saurait penser d'autres fins.

Il a donc une valeur de bien en soi.

Mais il neréside ni dans la recherche effrénée de plaisirs, ni dans la bonne fortune (lachance), mais dans l'activité raisonnable et maîtrisée qui prend comme finl'accomplissement plénier de soi-même en accord avec la vertu.

La plupartdes hommes ne pouvant mener une vie conforme à la vertu intellectuelle de lasagesse et atteindre ainsi dans la vie contemplative le Souverain Bien,doivent agir selon la vertu de prudence (« phronésis »), en évitant les deux extrêmes de la démesure et de l'inertie.

Il s'agit donc de discerner danschaque situation où est le juste milieu (médiété) de manière à combinerharmonieusement le souhaitable et le possible.

Le juste milieu doit serechercher aussi bien pour les états affectifs ou passions (ainsi le courage estle juste milieu de la témérité et de la peur) que pour les actions (ainsi lalibéralité est le juste milieu de la prodigalité et de la parcimonie). Une telle sagesse pratique unit étroitement l'aspiration au bonheur et lavertu.

Prendre comme fin suprême une amélioration de soi, viser desactions les meilleures possibles, n'exige pas le renoncement à tous lesplaisirs. A première vue, l'existence d'un objet suprêmement désirable qui serait la cause finale des activités humaines ne faitpas de doute.

Tous les hommes désirent être heureux , constate Aristote dans l' « Ethique à Micomaque ».

Le bonheur constitue le souverain bien, car il est recherché comme une fin absolue et non relative.

Chaque activitéparticulière tend vers quelque bien : la médecine vers la santé, l'art militaire vers la victoire, l'art financier vers larichesse.

Ces biens, cependant, ne sont pas poursuivis pour eux-mêmes, mais seulement comme des moyens en vued'une fin plus haute qui est le bonheur.

Toutes les fins particulières se subordonnent à cette fin suprême unique quin'est plus un moyen en vue d'une fin ultérieure, mais qui est recherché en elle-même et pour elle-même.

Nousdésirons être heureux pour être heureux. Toutefois, constate Aristote , s'il y a convergence sur le nom de ce bien suprêmement désirable, il y a divergence concernant sa nature.

Quel est cet objet mystérieux qui appelle tous nos voeux ? Le stagirite recense les objetspossibles et définit sur cette base trois grands types de vie : la vie de jouissance, plus particulièrement propre à lafoule, la vie politique, à laquelle aspirent surtout les gens cultivés soucieux de l'honneur, et la vie contemplative prisée par les sages. »

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