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La querelle du classicisme - La querelle des anciens et des modernes

Publié le 26/03/2015

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C'est d'abord l'art baroque qui va se révéler, dès le XVII e siècle, comme un redoutable adversaire du classicisme : il domine le monde artistique portugais, mais aussi l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne, quatre pays infiniment plus marqués par l'art baroque que par l'art classique français.

 

Voyez les édifices religieux de Porto ou la bibliothèque de Coimbra, dont l'architecture est splendide, mais voyez aussi les églises du sud de l'Allemagne ou du nord de l'Autriche : elles sont aussi fascinantes par le luxe des matériaux et des couleurs qui assaillent littéralement le voyageur qui pousse leur porte.

 

Mais qu'est-ce au juste que le baroque et quelle philosophie profonde se cache derrière ce mot étrange, comme derrière les chefs-d oeuvre auxquels il va donner lieu?

 

Dans les premières éditions du dictionnaire de l'Académie, le terme «baroque« n'apparaît qu'au sens premier et pas encore au sens figuré, artistique.

 

Au sens propre, le mot «baroque« est remarquablement intéressant, puisqu'il vient du mot barueco, qui désigne en portugais des perles d'une rondeur imparfaite.

 

En apparence, le principe nous paraît aujourd'hui d'une infinie banalité.

 

En réalité, il signe à l'époque l'émergence du rationalisme total.

 

Car, si l'on y réfléchit bien, il signifie que, rien n'advenant sans cause ou sans raison, tout est rationnel, explicable, sinon en fait, du moins en droit --- en quoi il élimine l'animisme, les forces occultes des alchimistes et l'idée d'une nature mystérieuse qui dominait le Moyen Âge.

 

Un esprit baroque, une expression baroque, une figure baroque...

 

Parce que, entre temps, l'art baroque est né.

 

Mais, si la rondeur de la perle parfaite, par opposition à la perle baroque, est une des nombreuses images du principe de raison suffisante, encore faut-il comprendre pourquoi.

 

Il faut se souvenir que ce principe est le fondement du rationalisme moderne, le postulat selon lequel rien n'arrive jamais en ce monde sans raison : tout a une cause, une explication, il n'y a pas de mystère dans la nature.

 

Ce principe se trouve formulé pour la première fois par Leibniz, comme un dérivé du principe d'inertie de Descartes.

 

On en trouve cependant une version antérieure, déjà au Moyen Âge, chez Guillaume d'Ockham, à travers la fameuse métaphore du rasoir.

 

Le «rasoir d'Ockham« désigne en effet le principe selon lequel «il ne faut pas multiplier sans nécessité les entités«.

 

Qu'est-ce que cela signifie et quel rapport avec notre moderne principe de raison ou de causalité?

 

convient de sortir le rasoir et de couper ce qui est inutile.

 

Dans le baroque, la bulle, l'excroissance sur la perle qui sans cela serait parfaite, renvoie exactement à cette idée : il faut, avec elle aussi, faire fonctionner le rasoir, couper ce qui est inutile, pas rentable, sans raison véritable d'être.

 

On doit à un mathématicien, Fermat, d'avoir exposé, dans son essai De maximis et minimis, les principes de la meilleure démonstration mathématique, c'est-à-dire de celle qui ne fait pas, à l'image de la perle baroque, de détours, de sinuosités ou d'excroissances inutiles.

 

L'image de la perle baroque renvoie ainsi à une figure mathématique imparfaite, en ce qu'elle comporte des excroissances ou des excès irrationnels.

 

« Transcription réalisée avec l'amicale assistance d' Alexandra Laignel-Lavastine.. »

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