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La puissance de l'Etat est-elle condition de l'harmonie sociale ?

Publié le 04/03/2005

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Cet homme, eut-il asservi la moitié du monde, n'est toujours qu'un particulier ; son intérêt, séparé de celui des autres, n'est toujours qu'un intérêt privé. Si ce même homme vient à périr, son empire après lui reste épars et sans liaison, comme un chêne se dissout et tombe en un tas de cendres, après que le feu l'a consumé. Un peuple, dit Grotius, peut se donner à un roi. Selon Grotius, un peuple est donc un peuple avant de se donner à un roi. Ce don même est un acte civil, il suppose une délibération publique. Avant donc d'examiner l'acte par lequel un peuple élit un roi, il serait bon d'examiner l'acte par lequel un peuple est un peuple. Car cet acte étant nécessairement antérieur à l'autre est le vrai fondement de la Société. «   Cependant, la notion d'harmonie sociale renvoie à un état qui est plus et autre chose qu'un état de non-conflit : il s'agit alors de penser quelque chose comme un bonheur commun, et la notion de puissance de l'Etat comme simple exercice de la force pose alors problème, car elle semble soumettre les autoritairement les individus et instaurer une harmonie forcée. Un des moyens de remédier à cette difficulté est de promouvoir le rôle du peuple dans l'instauration de la puissance de l'Etat. Alors la puissance de l'Etat n'est que l'un des éléments participant à l'avènement de l'harmonie sociale.

Se demander si la puissance de l'Etat est la condition de l'harmonie sociale, c'est s'interroger à savoir si cette harmonie nécessite un Etat fort c'est à dire un pouvoir qui la maintient. En ce sens, un Etat faible ne pourrait la garantir. Ce constat nous conduirait aussi à noter que l'harmonie ne peut pas venir simplement des individus qui vivent ensemble. Ici, vous pouvez penser aux analyses de Hobbes dans le Léviathan. Il montre ainsi que seul un pouvoir absolu fort est susceptible de maintenir un ordre, une cohésion en tenant les individus en respect. Son analyse repose sur le constat selon lequel les hommes sont avant tout animés par leurs désirs et que ces désirs conduisent à une lutte perpétuelle de chacun contre chacun et de tous contre tous, ce qu'il nomme l'Etat de nature. Vous pouvez également penser aux analyses de Machiavel dans le Prince lorsqu'il montre que ce dernier doit avoir la ruse du renard et la force du lion. Cette force est nécessaire pour que le prince soit non seulement aimé mais aussi respecté. Remarquez que dans les deux cas, cette affirmation d'un pouvoir fort repose sur un constat en ce qui concerne la nature humaine. Toutefois, vous pouvez vous demander s'il n'y a pas d'autres conditions. De plus, demandez-vous si cette force décrite implique nécessairement une harmonie. En effet, ce que Hobbes s'attache à penser avant tout est une forme de coexistence entre les individus. Or, la coexistence est-elle l'harmonie ? Vous pouvez ici distinguer la coexistence de la concorde. Pensez d'ailleurs que la place se situant à Paris et renvoyant aux événements de la révolution française s'appelle la place de la concorde et non de la coexistence. Dans ces conditions, la concorde ne suppose-t-elle pas avant tout la constitution d'une unité volontaire de tous les individus ? Ici, vous pouvez penser aux analyses de Rousseau au chapitre 5 du livre 1 Du contrat social lorsqu'il montre la nécessité première que le peuple se constitue en tant que peuple.

  • I) La puissance de l'Etat est condition de l'harmonie.

a) La violence est à l'origine de l'Etat. b) L'Etat est garant du maintien de la justice. c) Il est impossible de se passer de la présence de l'Etat.

  • II) La puissance de l'Etat n'est pas la condition d'une harmonie sociale.

a) L'harmonie sociale relève de la morale. b) Sans antagonisme de classes sociales, il n'y aurait pas d'Etat (Marx). c) Sans liberté, nulle harmonie possible.

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