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La psychologie du caractère apporte-t-elle une confir-mation ou un démenti à cette pensée d'Amiel : « L'hom¬me n'est que ce qu'il devient, vérité profonde; l'hom¬me ne devient que ce qu'il est, vérité plus profonde encore »?

Publié le 15/09/2014

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1. Si nous ne connaissions pas Amiel, nous pourrions pro­poser cette explication de simple bon sens : à sa naissance, nous n'observons dans l'enfant rien de ce qui fera de lui l'hom­me qu'il sera plus tard ; tout ce qu'il sera, il doit le devenir, de sorte qu'on peut dire que l'homme n'est que ce qu'il devient.

 

Et en effet l'enfant qui vient de naître ne présente aucun caractère physique et surtout mental qui le distingue des autres. Henri Poincaré au berceau n'avait encore rien d'un mathéma­ticien génial, et Racine se comportait comme les autres enfants

« de son âge.

C'est peu à peu que l'homme devient ce qu'il sera.

Son développement physique donne à son corps une stature et une tournure caractéristiques.

Les multiples expériences qu'il fait dans ses rapports avec les choses et avec les hommes ébauchent les linéaments de ses premières idées.

Surtout il se laisse former par ceux qui l'entourent, héritant de la sagesse accumulée de nombreuses expériences et aussi de préjugés qu'impose le milieu.

Plus tard, devenu adulte, de tout cet amas de connaissances et d'habitudes, il tâchera, s'il est réfléchi, de faire une synthèse logique: ce sera lui, le terme d'une longue évolution partie de quelque chose qui, en somme, n'était pas lui.

Ainsi comprise, la pensée d'Amiel est évidente: c'est une vérité de bon sens.

Mais précisément, il n'est pas vraisemblable qu'un esprit de la finesse de ce contemplatif se soit arrêté à une pensée si banale et surtout l'ait trouvée profonde.

Sous les mots, il doit donc y avoir autre chose.

2.

L'homme n'est que ce qu'il devient, ne signifierai-t-il pas que l'homme n'est que ce qu'il se fait, ce qu'il devient par lui­ même: en définitive, l'homme serait quelqu'un dans la mesure où il est - en enlevant à ce mot tout ce qu'il a de péjoratif - un parvenu; il n'y aurait en nous de vraiment à nous que ce qui est notre œuvre.

" Ne t'enorgueillis d'aucun avantage étranger, dit Epictète.

Si le cheval s'enorgueillissant disait: "Je suis beau'" ce serait supportable; mais toi, quand tu dis avec orgueil : "J'ai un beau cheval '" sache que c'est des qualités du cheval que tu t'enor­ gueillis.

Qu'y a-t-il donc là de tien?" Il faut aller plus loin.

Il n'y a pas lieu d'être fier de sa beauté, de sa naissance, de son intelligence : ces dons, ainsi que le mot l'indique, nous les avons reçus ; ils ne sont point notre œuvre.

li en est de même de ce que nous sommes par suite de tout le système d'éducation et d'instruction dont nous avons bénéficié ; nos idées religieuses, morales, sociales, ne sont pas nôtres: ce sont celles de nos éducateurs.

Pour devenir quelqu'un, nous devons faire d'une certaine manière la conquête personnelle de ce que nous avons reçu sans effort, et, mieux encore, nous approprier de nouveaux royaumes à la pointe de l'épée: nous sommes ce que nous devenons, ce que nous nous faisons.

Cette ambition de devenir quelque chose par soi-même, Cyrano l'ex­ primait bien par le vers connu : Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul.. »

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