Devoir de Philosophie

La psychologie doit-elle être classée parmi les sciences de la nature ?

Publié le 18/06/2009

Extrait du document

INTRODUCTION. - Dans la seconde partie du Discours de la Méthode, DESCARTES compare le système des sciences de son temps à « ces anciennes cités qui, n'ayant été au commencement que des bourgades, sont devenues par la succession des temps de grandes villes «, mais bâties d'une façon tellement irrégulière qu'a on dirait plutôt que c'est la fortune que la volonté de quelques hommes usant de raison qui les a ainsi disposées «. Ce désordre et ces irrégularités dont se plaignait DESCARTES ont été sensiblement corrigés. Il reste cependant certaines anomalies et on peut se demander en particulier s'il ne serait pas plus logique de classer la psychologie parmi les sciences de la nature. I. — EN QUOI LA PSYCHOLOGIE SE RATTACHE AUX SCIENCES DE LA NATURE Jusqu'au me siècle on considérait la psychologie comme une partie de la philosophie. Cette appartenance fut vivement combattue chez nous par RIBOT pour qui « le psychologue ne doit être qu'un naturaliste d'une certaine espèce «. De nos jours, bien que des liens plus forts que les décisions administratives subsistent entre ces deux disciplines, le principe de l'indépendance de la psychologie est reconnu : ainsi, RIBOT et son école ont atteint l'objectif principal de leur effort. Mais ils voulaient davantage : rattacher la psychologie aux sciences biologiques intégrées elles-mêmes dans la classe plus générale des sciences de la nature. Bien que ce projet n'ait pas abouti, il se justifiait et se justifie encore par des considérations sur lesquelles il est utile de s'arrêter : la psychologie se rattache aux sciences de la nature par son objet aussi bien que par sa méthode.

« sciences de la nature, faute d'objet, n'existeraient pas.

Par suite, l'objet des sciences de la nature, est, lui aussi,psychique en même temps que physique.Inversement, les faits psychiques ne constituent pas un règne indépendant.

Nous venons de le dire, la sensationsuppose un organe sensoriel; de même, la pensée est conditionnée par l'écorce cérébrale; la vie affective, par lediencéphale.

Or, l'étude de l'organisme relève des sciences de la nature.

Même pour un spiritualiste, s'il tient comptedes faits, il n'y a pas une âme avec ses activités propres dont l'étude constituerait l'objet de la psychologie, tandisque l'activité organique ressortirait à la biologie.

Nous ne trouvons que l'homme qui agit toujours comme un tout, ensorte que le principe spirituel intervient dans toute son activité organique comme le principe matériel dans toute sonactivité spirituelle.La connaissance du psychisme est donc conditionnée par son insertion dans le tout qu'est l'homme et l'hommefaisant partie de la nature, la psychologie semble relever des sciences de la nature. Par sa méthode. On fait valoir, il est vrai, une autre différence d'on on conclut à l'irréductibilité de la psychologie aux sciences de lanature : l'objet de ces dernières est connu par les sens tandis que les faits psychiques sont connus par laconscience.

Effectivement, je ne saurais jamais ce que peuvent être l'ennui ou la colère si je ne les avais paséprouvés.

De là l'importance, en psychologie, d'un moyen de connaissance rigoureusement propre à ce domaine :l'introspection.

La méthode de la psychologie étant essentiellement introspective, dit-on, diffère donc totalement dela méthode des sciences de la nature.Notablement, répondrons-nous, mais non totalement : quant à l'essentiel, en effet, le psychologue utilise laméthode expérimentale élaborée pour les sciences de la nature, se contentant de l'adapter à son objet propre. 1.

Le psychologue ne découvre guère des lois présentant le caractère rigoureux des lois physiques.

Du moinsdétermine-t-il des lois de tendance grâce auxquelles s'expliquent les conduites particulières.

Or, dans la recherchede ces lois et de ces explications, il procède comme le physicien et comme le biologiste.

On peut même schématiserses démarches suivant les trois moments distingués par Claude Bernard : l'observation des faits, l'invention del'hypothèse, le contrôle de l'hypothèse par de nouveaux faits.

Telle est la démarche naturelle de l'esprit, mais avecdes tâtonnements et des imprécisions.

La psychologie scientifique a organisé ces processus, en particulier enrendant l'observation plus certaine et plus précise, ensuite en procédant à des contrôles plus rigoureux.

Qu'il suffisede rappeler les laboratoires dans lesquels le psychologue expérimente et mesure comme le physiologiste. 2.

La connaissance des faits psychiques présente, il est vrai, un caractère original : nous en avons conscience.Néanmoins, la conscience ne joue pas en psychologie le rôle exclusif qu'on prétendait, et il faut rappeler ici lecaractère de totalité qui caractérise l'activité de l'homme, ainsi d'ailleurs que de tout vivant.D'une part, le naturaliste, lui aussi, se fonde sur les indications de sa conscience : son oeil n'est pas un simpleinstrument d'optique; cet appareil donne des sensations visuelles et les sensations se rangent parmi les faits deconscience.

Sans doute, le physicien et le biologiste font abstraction du côté subjectif de la donnée sensorielle pourn'en retenir que le côté objectif ou représentatif.

Les deux faces n'en sont pas moins inséparables.Inversement, dans l'observation psychologique, c'est encore par abstraction que l'on distingue la face subjectivedes faits de leur face objective.

Ils sont perçus dans leur réalité complexe, physique en même temps que psychique.La conscience est un fait indiscutable, mais elle est conscience de quelque chose qui est extérieur à elle, donc denature physique : le désir, par exemple, est appel d'un objet que ma main s'apprête à saisir ou de paroles verslesquelles mon oreille se tend; la conscience des sentiments les plus éthérés ne va pas sans la sensation confused'un certain état de viscères, car un sentiment désincarné est une chimère.Ainsi le psychisme s'intègre dans le donné naturel.

C'est donc là qu'il faut l'étudier.

Par suite, la psychologieressortit, semble-t-il, au domaine des sciences de la nature. II.

- EN QUOI LA PSYCHOLOGIE N'EST PAS UNE SCIENCE DE LA NATURE L'homme, il est vrai, fait partie de la nature; son activité psychique est une activité naturelle et naturelles aussisont les lois qui la régissent, y compris les lois morales, qui obligent sans nécessiter.

Il n'en est pas moins vrai que,tout en étant intégrés dans un monde naturel, nous le dominons par la pensée et le transformons par l'action.

Par làse justifie une distinction usuelle qui oppose l'homme à la nature, les créations humaines de l'art et de la science auxbeautés naturelles dans lesquelles l'homme n'est pour rien.

Ainsi se constitue un objet nouveau qui exige uneméthode particulière. Un objet nouveau. L'objet de la psychologie est sans doute une réalité naturelle : l'homme qu'on définit un animal raisonnable et qui asa place dans la classification des animaux.

Mais le fait qu'il est raisonnable ou plus simplement qu'il pense faitapparaître des réalités nouvelles qui viennent doubler le monde du naturaliste. 1.

La pensée donne d'abord naissance à un monde nouveau : d'abord, le monde de la perception.

Sans doute, nousLevons dit, le physicien étudie le monde perçu, et non un inaccessible monde en soi.

Mais dans ce monde de laperception, les parts respectives de l'objet perçu et du sujet qui le perçoit sont extrêmement variables : la physiquetend à éliminer complètement la composante subjective; la rêverie, au contraire, à se dégager des élémentsobjectifs.

Dans l'entre-deux on pourrait relever des combinaisons fort diverses de subjectivité et d'objectivité,compliquées et diversifiées par l'interaction des sujets pensants : ma vision du monde comme mes rêves sont. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles