LA PROPRIÉTÉ ET LE TRAVAIL
Publié le 02/07/2011
Extrait du document
La propriété est le droit d'user des choses d'une façon absolue (uti et abuti). Origine ou fondement. — Si la propriété dérive de la violence (conquête) ou de la ruse (fraude), ou même simplement de la spéculation, du jeu, elle est injuste, elle n'est pas un droit. Si elle n'a d'autre raison d'être que la première occupation ou la coutume, la loi, elle est encore insuffisamment justifiée. Le travail seul fonde la propriété, la rend légitime. Mais le travail lui-même suppose : 1° une matière sur laquelle il s'exerce et que l'individu n'a pas créée, à laquelle par conséquent il n'a pas droit; 2° des procédés, que l'individu n'a pas créés davantage, qui lui ont été légués par la société. La société est donc en droit de réclamer une part de la propriété individuelle, alors même que cette propriété dérive du travail. Cette part, elle la prélève en fait sous forme d'impôt et ainsi, en raison des charges qu'elle acquitte, la propriété issue du travail est justifiée. Si elle ne se justifiait pas par elle-même, la propriété se justifierait par son utilité sociale. Elle est en effet un stimulant au travail, et le travail est la source de la richesse et de la prospérité sociale.
«
l'objet qui le fascine.
Pouvons-nous interrompre ce progrès, le ralentir ou revenir en arrière ? Rien n'est moinscertain.
Surtout dans un contexte général où la technique est un des instruments premiers de la rentabilitééconomique et du pouvoir.
On ne peut voir dans le travail une activité qui serait séparée et isolable d'un contexte social précis dans lequel ils'effectue, cette constatation valant aussi bien pour ses produits que pour les conditions dans lesquelles ils'effectue.
On constate de nos jours un affaiblissement de la valeur sociale et économique du travail, qui ne semblepas tellement provenir d'une dégénérescence qui lui serait propre, comme s'il avait perdu toute utilité, mais plutôt dumodèle de civilisation, de la culture moderne, en particulier la domination inconditionnelle, le règne de l'argent, donton ne sait s'il faut y voir une cause ou un symptôme.
Ainsi la justice sociale, qui présuppose de garantir unecertaine égalité d'opportunités et de moyen d'existence, se confronte aux questions de rentabilité, principalementdes entreprises.
Les coûts de production eux-mêmes se heurtent aux « réalités » du marché.
Les salariés s'opposentdirectement aux machines susceptibles de les remplacer.
Le développement de la technique semble parfois assigné àla réalisation d'objectifs trop particuliers pour rencontrer une adhésion universelle.
Des hommes en exploitentd'autres.
L'homme accroît son pouvoir sur la nature, souvent sans souci autre que ses propres désirs et volontés.Sont-ce là la destinée humaine, une erreur de la nature, ou des problèmes temporaires de croissance ?
Travail et propriété.
D'après Karl MARX, l'économique constitue la structure essentielle des sociétés et commande les superstructuresédifiées sur ce fondement.
Si cette thèse du célèbre théoricien du socialisme moderne est excessive, il reste vrainéanmoins que l'organisation du travail et la répartition de la propriété ont une importance capitale dans la viehumaine.
C'est pourquoi il ne sera pas inutile, en ces jours où se prépare un monde nouveau, de préciser les notionsde travail et de propriété, de déterminer leurs fonctions et d'établir quels doivent être leurs rapports.
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Tout le monde a vu chez le maréchal ferrant le bâti, appelé travail, destiné à immobiliser les boeufs ou les chevauxpour les ferrer ou pour leur faire subir une opération chirurgicale.
Nous avons là le sens premier du mot travail et uneprécieuse indication de sa signification essentielle : « travail » évoque l'idée d'un assujettissement forcé, pénible oumême douloureux.De nos jours, sans doute, par suite de l'utilisation des forces cosmiques dans la production industrielle, le travail 'estdevenu beaucoup moins pénible; néanmoins dans certaines professions.
et en particulier dans la plus importante detoutes, la profession agricole, il demande une grande dépense d'énergie physique; dans la plupart, il estassujettissant, rivant le travailleur à sa tâche et le faisant esclave de la machine et des règlements de la fabriqueou bien du temps et des saisons.Si, comme on doit le souhaiter, le travailleur parvient à prendre goût à son ouvrage, ce n'est pas par plaisir qu'il serend à son travail, mais par nécessité ou par devoir..
Il doit assurer sa subsistance et celle du groupe qu'il considèrecomme un prolongement de lui-même, sa famille; il est chargé d'un service de la bonne marche duquel il estresponsable.
Du jour où travailler ne sera pas pour lui une obligation, on ne le verra guère reprendre sa besogne et,s'il la continue, ce sera avec la fantaisie du jeu, sans préoccupation des résultats du travail.Il ne faut sans doute pas rayer du nombre des travailleurs les employés, ingénieurs et directeurs, qui n'ont guère àfournir d'effort musculaire pénible et auxquels leur charge laisse souvent une grande liberté : toute activitécollaborant à la production d'un résultat utile constitue un travail.
Bien plus, si on juge du travail d'après sonrendement, l'ingénieur qui conçoit une machine nouvelle permettant de doubler la production est le plus grandtravailleur de son usine.
Mais le mot « travail » reste intimement affecté de sa signification primitive; aussi, par «travailleurs », c'est principalement les ouvriers que l'on désigne.Le travail suppose des outils et une matière à travailler : c'est dire qu'il n'y a pas de travail sans propriété.
Onentend par propriété : au sens abstrait, le droit exclusif de tirer d'une chose toute l'utilité qu'elle comporte; au sensconcret, la chose même sur laquelle on a des droits.
Le fermier n'a pas la propriété (au sens abstrait) de la propriété(au sens concret) qu'il exploite.
Les biens qui font l'objet du droit de propriété sont de deux sortes : les biens de consommation, qui, comme le motle dit, sont destinés à la satisfaction immédiate d'un besoin de l'homme, par exemple, les aliments, les chaussures;les biens de production, par exemple, des champs, des machines, qui servent à obtenir des biens de consommation.C'est cette seconde sorte de biens qui constituent une propriété au sens usuel du mot.
Si l'ouvrier a la propriété dudéjeuner qu'il emporte dans sa musette, on n'appellera pas ce déjeuner une propriété.Une remarque analogue peut être faite à propos du mot capital, qui désigne les biens destinés à la productiond'autres biens.
Théoriquement, il faudrait considérer comme un capital un lopin de terre, une machine à écrire, unehache, et comme capitalistes le pauvre paysan, la dactylo et l'ouvrier bûcheron qui les possèdent.
Mais dans l'usagecourant on n'appelle capitaliste que le propriétaire qui, pour exploiter ses biens de production, fait appel au travaildes autres.On peut donc distinguer deux sortes de propriétés : la propriété capitaliste, dans laquelle le travail n'est pas assurépar le propriétaire; la propriété qui pourrait être appelée propriété ouvrière, dans laquelle c'est le propriétaire quiexploite son propre bien.
Dans la première catégorie, rentrent les grandes entreprises montées par actions; dans laseconde, les petites entreprises familiales, comme la grande majorité des fermes françaises et les ateliers.
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