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LA PROBLÉMATIQUE DU POUVOIR et LE DROIT

Publié le 18/01/2020

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L’idéalisme politique

L’idéalisme politique est au contraire une théorie du droit naturel, c’est-à-dire d’un droit inscrit à titre d’exigence dans la nature de l’homme, animal raisonnable autant que politique. Ainsi conçu, le droit est radicalement indépendant du fait qu’il y ait des injustices sur la terre, que le fort soit «partout armé contre le faible du redoutable pouvoir des lois » (Rousseau) ; peu importe que l’on rencontre partout des êtres opprimés et exploités au mépris de tout droit.

Si l’injustice est partout visible, cela signifie bien que les hommes ne s’accommodent pas aisément de l’injustice et qu’en dépit des insuffisances du droit positif ils ont l’idée d’un autre droit, idée à laquelle ils se réfèrent pour dénoncer les insuffisances du droit positif : « Il y a bien peu d’adeptes du matérialisme économique, disait Jaurès, qui ne se laissent aller à faire appel à l’idée de la justice et du droit. » N’est-ce pas, en effet, une telle idée qui donne finalement un sens à l’existence humaine ?

  1. L’anneau de Gygès
  2. La Nature ignore le Droit
  3. Bornes visibles et bornes invisibles
  4. L’idéalisme politique
  5. Le réalisme politique
  6. La Déclaration des droits
  7. Le droit, revendication ou exigence ?
  8. Le droit, refus absolu de la violence
  9. Le droit et les faits
  10. La norme du droit politique
  11. L’idée de contrat
  12. Les techniques et le droit : existe-t-il un vide juridique ?

Le réalisme politique

Le réalisme politique consiste à répondre que « le droit » est, en effet, une force aux mains des puissants qui l’ont instituée pour compenser les inévitables défaillances de leurs forces. Le cynisme politique identifie absolument la réalité de fait de la force et la rationalité idéale du droit. Le fort tire le meilleur parti de sa force lorsqu’il l’emploie à durer bien au-delà de son exercice effectif. Le droit prétendument émané d’une source transcendante ou divine, confère à la force son inviolabilité au-delà de sa décrépitude. La force, à vrai dire, ne règne pas tant sur les corps que sur les imaginations : il est moins important d’être fort que de le paraître, d’où ce paradoxe que la réalité de la force réside dans l’opinion publique, qui doit être constamment entretenue dans l’illusion de la force du droit.

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« LE TROU NORMAND «En Normandie, quand deux paysans se sont mis d'accord sur leurs limites, ils font un trou de six pieds, y déposent une marque, par exemple, des bouteilles, recou­ vrent le tout avec de la terre et plantent une borne visible au-dessus.

Tous les deux sont voleurs, et voudraient bien reculer la borne ; en ce cas, la marque sert de témoin.

Mais souvent, dès la première nuit, le plus rusé se relève, déterre les bouteilles, va les enfouir dix mètres plus avant dans le champ du voisin, laisse soigneusement la borne en place.

Un an après, il se plaint qu'on a déplacé la borne.

Enquête, vérification; la marque fait foi, et c'est le volé qui passe pour le voleur.

» Taine, Vie et Opinions de M.F.-T.

Graindorge, 1867, p.

273.

Dans cette anecdote, qui pourrait se situer n'importe où dans l'histoire de l'humanité, le tort est causé impunément à la faveur de la nuit.

L'anneau de Gygès Dans la fable imaginée par Glaucon (Platon, La Répu­ blique, II, 359b-360d), le berger Gygès profite de l'invisi­ bilité que lui confère un anneau magique pour séduire la reine, tuer le roi et s'emparer impunément du pouvoir.

Par son propos, Glaucon veut montrer que l'injustice est à la source du droit.

Dans son hypothèse en effet, les hommes auraient mesuré les avantages qu'il y avait à commettre l'injustice et les inconvénients encore plus considérables qu'il y avait à la subir : ils auraient alors convenu d'insti-. »

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