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La politique doit-elle être efficace à tout prix ?

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ainsi que le dit fort justement Julien Freund, «il n'y a de politique que là où il y a un ennemi» (Qu'est-ce que la politique?). L'homme, tout du moins jusqu'à ce jour, a été bien plus tenté de suivre ses penchants égoïstes, de tuer au nom de convictions qu'il n'a pas pris la peine d'examiner en raison, que de suivre les lumières de la raison philosophique. Autrement dit, dès lors que l'on parle de politique, il ne faut pas se faire d'illusions: les hommes n'agiront pas d'eux-mêmes en se conformant aux lois de la morale. Il faut les y contraindre. En ce sens, toute action politique est décision. Il ne s'agit pas de méditer sur la nature humaine, mais de faire face à des situations aussi concrètes que complexes. Cela dit, si la politique est tout d'abord action, il ne faut surtout pas oublier que son efficacité, qui est, au jour le jour, d'ordre technique, stratégique, diplomatique, doit se soumettre à une raison morale. Si tel n'est pas le cas, plus aucune barrière morale, juridique ne peut limiter l'extension totalitaire du pouvoir politique.

« L'ef ficacité en politique n'est pas un critère de valeur - ��[·H· Le princip e se lon lequel la fin justifie les moyens peut conduir e aux pires abomi nations.

L'efficacité, si elle n'est pas appr éciée à l'aun e de la morale, n'e st pas un critère de jug ement fiable.

Si la fin est bonne, les moyens le sont aussi H egel, dans Principes de la philosophie du droit, montre que les moyens n'existent que pour quelque chose d'autre, c'est-à-dire la fin.

Ils trouvent donc leur justification et leur valeur dans cette der­ nière.

Si la fin est bonne, les moyens le sont éga­ lement.

Le problème moral est de savoir si les actes que l'on com­ met sont effectivement des moy ens, ou bien s'ils portent atteinte au bien.

Le crime n'est pas un moyen H itler a fait du crime un moyen de par­ venir à une fin qu'il jugeait bonne.

Une telle "La vraie politique donc ne peut faire aucun pas, sans rendre d'abord hommage à la mor ale.• Emmanuel Kant, Pr ojet de paix perpétuelle attitude est moralement et rationnellement irre­ cevable.

En effet, on ne peut pas empl oyer en vue d'obtenir un bien des moyens qui nient l' idée même de bien.

Pareille conception de l'action politique, en soi contradictoire, a conduit Hitler à sa perte.

L'efficacité n'est pas en soi un critère de valeur U n maniaque peut élaborer des tech­ niques criminelles très efficaces.

L'ascension d'H itler a été fulgurante.

Est-ce à dire, dans un cas comme dans l'autre, que ce qui «marche» est forcément bon? Certai­ nement pas! L' effica­ cité économique d'une nation n'a pas grande valeur si elle se fait au détriment de la jus­ tice, du bonheur com­ mun et de la dignité des personnes.

L' efficacité, prise en elle-même, peut tout justifier .

C'est en son nom que les États en viennent à invoquer la «raison d'État», en viennent à torturer et à commettre d'atroces génocides.

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