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La philosophie nous détache t-elle du monde ?

Publié le 07/10/2005

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II. Grâce à cette distance, la réflexion philosophique nous permet de comprendre plus profondément le réel                
1. S'éloigner du sensible immédiat ne signifie pas pour autant s'éloigner du monde. Cf Platon : le savoir est une remontée du divers sensible vers l'unité des Idées (réalités ultimes) (point qui unit livres VI et VII de la République : maturation nécessaire du savoir. Nous ne sommes pas d'emblée en contact avec les essences).                
Réflexion : retour sur soi. ambiguïté du terme, peut désigner :
               - Activité intellectuelle organisée s'appliquant à résoudre une difficulté particulière (pensée appliquée, dense, sérieuse)
               - renvoyer à l'identique (ex : miroir réfléchissant)
Dans les deux sens, c'est la médiation de la pensée philosophique dans notre appréhension du réel qui est questionnée.
 
Philosophique : relatif à l'exercice ordonné de la raison. Caractérisé par une méthode scrupuleuse d'investigation et une attitude de recherche face au monde
 
Détache : séparer deux êtres auparavant joints (ici « nous «, c'est-à-dire celui qui pratique la philosophie, et le monde). Suppose :
               - L'attachement préalable des deux êtres
               - Un moment de rupture du lien
               - quelque chose qui puisse constituer un espace entre les deux
 
 
Le monde : le réel / l'être = l'ensemble des existants. Le sens dépend en fait du sens donné au « nous « :
               - Impersonnel : l'être comme catégorie générale. La réflexion philosophique est-elle incompatible avec une saisie véritable de l'être ?
               - Personnel : le réel vécu comme actualité, comme présence. La réflexion philosophique nous fait elle vivre différemment - de façon plus distante - le chaos de notre vécu ?
PBTK : La réflexion philosophique, qui s'annonce comme une médiation entre nous et le monde, semble nous couper du reste du réel en tant qu'elle nie son actualité, son caractère concret et présent. N'est-ce pas contradictoire avec le projet philosophique même, qui est de comprendre le réel ? En ce sens, la philosophie est-elle intrinsèquement contradictoire ?

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« Philosophie et détachementLe philosophe n'est pas vraiment de ce monde, il préfère la contemplation du ciel intelligible plutôt que le mondesensible.

On connaît l'anecdote d'un célèbre philosophe-mathématicien qui, perdu dans ses méditations, tomba dansun puits ! On pourrait dire que le philosophie vit sur Terre mais habite le monde de la pensée pure. Le philosophe est incapable de changer le mondeEn 1845, Marx écrit les « Thèses sur Feuerbach ».

La onzième précise que « Les philosophes n'ont fait qu'interpréterdiversement le monde, ce qui importe, c'est de le transformer ».

Contrairement à ce que prétend une interprétationcourante, il ne s'agit pas pour Marx de répudier la philosophie et le travail de réflexion, mais de le redéfinir, et de luidonner une nouvelle place, une nouvelle tâche.

Marx ne récuse pas la pensée, mais sa transformation en idéologie,son éloignement de la pratique.

Il s'agit donc de récuser une vue abstraite et éloignée du réel pour s'attacher à ceque sont les hommes concrets et leur évolution historique.Marx critique ici la philosophie classique qui n'a aucun projet de changer le monde.

Ici le détachement est assimilableà une passivité, à une fuite. En 1845, Marx écrit les « Thèses sur Feuerbach ».

La onzième précise que « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, ce qui importe, c'est de letransformer ».

Contrairement à ce que prétend une interprétation courante, il ne s'agit pas pour Marx de répudier la philosophie et le travail de réflexion, mais de le redéfinir, et de lui donner une nouvelle place, une nouvelle tâche.

Marx ne récuse pas la pensée, mais sa transformation en idéologie, son éloignement de la pratique. La onzième thèse clôt la série de note rédigées par Marx en 1845 qui constitueront le point de départ de la rédaction, avec la collaboration d' Engels , de l' « Idéologie allemande » (1846).

Ces thèses, qui ne sont pas initialement destinées à la publication, paraîtront après la mortde Marx à l'initiative de Engels , qui les présente comme un document d'une valeur inappréciable puisque s'y trouve « déposé le germe génial de la nouvelle conception du mode ». Etape décisive dans la maturation de la pensée de Marx , cet ensemble d'aphorismes, en dépit de son apparente limpidité, ne peut être compris indépendamment de ce qui précède et de cequi suit le moment de sa rédaction.

Nul texte, en ce sens, ne se prête davantage au commentaire,alors même, paradoxalement, que cette onzième thèse semble dénier toute légitimité à l'activitéd'interpréter. Formé à l'école de la philosophie allemande, lecteur de Hegel avant de devenir émule de Feuerbach (qui est un « matérialiste » au sens des Lumières), Marx construit sa propre compréhension du monde en « réglant ses comptes avec sa conception philosophique antérieure ». Le terme de « philosophie » désigne ici la représentation théorique dominante à son époque, qui fait de la transformation des idées la condition nécessaire et suffisante de la transformation du monde.

(Ce qui constitue une vision « idéaliste » de l'histoire et des rapports de la théorie à la pratique.) Brocardant ceux qui possèdent « la croyance en la domination des idées », Marx leur oppose l'affirmation que « les représentations, la pensée, le commerce intellectuel des hommes apparaissent […] comme l'émanation directe deleur comportement matériel ». Là gît le fond du désaccord avec Feuerbach : si celui-ci affirme bien la nécessité de faire commencer la philosophie avec et dans la « non-philosophie », dans la vie réelle, il réduit celle-ci à l'existence individuelle d'un homme pensé. »

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