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La philosophie française au XVIIIe siècle

Publié le 22/02/2012

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les grands systèmes du XVIIe siècle comme ceux de Spinoza, de Malebranche ou de Leibniz, et ceux du XIXe siècle — doctrines de Hegel ou d'Auguste Comte — la philosophie du XVIIIe siècle occupe une place originale : elle ignore les grandes synthèses, les grandes « visions du monde », puissantes et originales> elle marque le triomphe de l'intelligence critique. La substance doctrinale de presque tous les philosophes du XVIIIe siècle vient de systèmes antérieurs ; selon d'Alembert par exemple « Newton a créé la physique , Locke la métaphysique ».
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« originales.

L'esprit voltairien lui-même a eu des précurseurs.

Fontenelle (1657-1757) a montré avant Voltaire quel'histoire s'explique par le jeu des passions humaines, plutôt que par le décret de la Providence.

Et Fontenelle savaitdéjà (Entretiens sur la pluralité des mondes) mettre l'astronomie nouvelle à la portée des marquises.

Pierre Bayle(1647-1707), protestant français, exilé à Rotterdam, avait avant Voltaire l'art d'opposer les uns aux autres lessystèmes métaphysiques pour faire jaillir de leurs contradictions la nécessité de la tolérance (le Dictionnairehistorique et critique de Bayle, 1697, est un prodigieux brassage de thèses qui témoigne d'une éruditionincomparable, cet ouvrage sera possédé par tous les intellectuels du XVIIIe siècle).

Et dans ses Pensées sur lacomète, Bayle a déjà des ruses toutes voltairiennes pour compromettre habilement, dans sa critique des prodiges etdes superstitions populaires, la foi aux miracles du christianisme. Voltaire, ennemi acharné du christianisme, reste un déiste convaincu : l'organisation du monde, sa finalité interne nes'explique que par un Créateur intelligent: « Ce monde m'embarrasse, et je ne puis songer Que cette horloge existe et n'ait pas d'horloger ». Voltaire a beau critiquer Leibniz et son « meilleur des mondes possibles » après le tremblement de terre de Lisbonne,il reste malgré tout optimiste : contre Pascal, « misanthrope sublime », il pense que l'homme réduit à ses seulesressources peut établir sur terre une certaine justice et parvenir à un certain bonheur.

S'il nie le péché originelVoltaire maintient pourtant le principe d'un Dieu justicier.

Il est vrai que ce Dieu gendarme est surtout requis pourmaintenir l'ordre social et les avantages économiques dont profitent Voltaire et les autres grands bourgeois.

Le verscélèbre de Voltaire, « Si Dieu n'existait pas il faudrait l'inventer » doit, pour être bien compris, être cité avec son commentaire : et ton nouveau fermier Pour ne pas croire en Dieu va-t-il mieux te payer ? Il est cependant certain que Voltairecroit à un ordre du monde, à" une finalité providentielle.

Pour lui la structure géographique de la terre, les espècesvivantes sont fixes : au nom de ce finalisme statique il rejette les idées évolutionnistes qui commencent à serépandre.

Il refuse de croire aux fossiles d'animaux marins qu'on vient de découvrir sur les montagnes.

Admettre queles montagnes ont été autrefois immergées serait en effet nier la stabilité et la finalité de l'ordre actuel du monde.(Voltaire a peur aussi que ces fossiles marins sur les montagnes ne servent pour les chrétiens de preuve à l'histoiredu déluge ! !). L'EXPÉRIENCE; LE BONHEUR; LE PROGRÈS : TROIS IDÉES MAITRESSES DU SIÈCLE. 1° CONDILLAC (1715-1780), auteur d'un célèbre Traité des Sensations (1754), est le type du philosophe empiristeet nominaliste. a) Pour lui toutes les opérations de l'âme sont des sensations transformées.

Il va plus loin que Locke qui distinguaità la source de nos connaissances une double origine : sensations externes et expérience interne de la réflexion.Avec Condillac la sensation externe explique tout.

Une statue à qui nous donnerions seulement le sens de l'odoratnous permet de reconstruite tout le psychisme.

Par exemple nous faisons respirer à cette statue sentante une rose.Elle est tout entière alors, odeur de rose et cette sensation exclusive nous donne la clef de l'attention.

Ce qui restede la sensation quand le corps odoriférant a cessé d'agir sur l'organe est le souvenir, le désir à son tour n'est que lebesoin de retrouver une sensation agréable, etc... b) A cette doctrine de la sensation, Condillac joint une critique du langage.

Tous les mots par lesquels lesphilosophes croient désigner des idées innées renvoient en réalité à des choses matérielles, à des opérationsconcrètes : la substance c'est à l'origine ce qui est dessous.

Penser, cela veut dire peser, comparer.

C'est encomptant leurs moutons sur leurs doigts ou sur des cailloux que les bergers ont inventé les calculs.

Tout le progrèsde la science a consisté à remplacer les repères matériels par des signes conventionnels d'un maniement plus rapideet plus efficace : « Toute science n'est qu'une langue bien faite ». 2° a) DIDEROT (1713-1784) qui fut le directeur de /'Encyclopédie, dictionnaire universel des sciences et destechniques (paru de 1751 à 1772) destiné à vulgariser toutes les connaissances utiles au bonheur des hommes,HELVÉTIUS un riche fermier général (de l'Esprit 1758), le baron Paul Thiry D'HOLBACH (qui fit de son hôtel particulierde la rue Saint-Roch le centre d'une grande activité intellectuelle) sont des philosophes beaucoup plus audacieux.Matérialistes et athées ils n'ont d'autre idéal que le bonheur des hommes.

Pour eux, la nature est bonne, les hommesont le droit de satisfaire leurs instincts et leurs passions ; la vertu se confond avec la joie d'être utile à notreprochain.

Ils rejettent l'ascétisme, les contraintes « superstitieuses » que la morale religieuse voudrait nous imposer. b) Ces penseurs approuveraient volontiers les conclusions d'un ouvrage que MANDEVILLE, un médecin hollandaisrésidant à Londres, avait écrit au début du XVIIIe siècle : La fable des abeilles ou vices privés, bienfaits publics.Son idée est que le goût du luxe, du plaisir, toutes les passions que la morale religieuse veut détruire sont en réalitétrès utiles.

Le commerce, l'industrie en vivent : il y a un accord parfait entre l'égoïsme naturel et l'utilité sociale. c) Pourtant, dans notre société actuelle, si chacun veut écouter son intérêt égoïste, il peut en résulter desinconvénients pour l'intérêt général ! Il faut donc transformer la société, faire régner plus de justice sociale,. »

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