La philosophie et la mort
Publié le 27/03/2017
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«
Platon définit la philosophie comme une démarche d'abstraction ; philosopher, c'est s'abstraire du monde
sensible, du monde des apparences pour accéder au vrai.
C'est par là même que le philosophe apprend à
mourir : en accédant au monde des Idées, il accède à l'éternel, à l'immuable, à l'immortel.
Il ne craint
plus la mort.
Cette élévation est illustrée par le très fameux mythe de la caverne du livre VII de la
République : initialement, nous sommes tous ignorants et impuissants, plongés dans le monde sensible
que la lumière ne peut atteindre.
Nous sommes impuissants parce que nous sommes prisonniers des
apparences que nous prenons, par habitude, pour des réalités.
Or selon la théorie platonicienne, ces
apparences ne sont que des reflets trompeurs, des images dénaturées et dérivées de concepts
généraux : les Idées.
La philosophie est cette discipline qui consiste à se faire violence pour s'arracher
à ce monde décrit comme souterrain dans l'allégorie.
Philosopher, c'est donc s'arracher au sensible et
monter vers l'intelligible, vers la lumière des Idées, c'est se délivrer de nos erreurs et de nos fausses
certitudes.
Dès lors, philosopher c'est partir à la conquête de ces Idées, réalités intelligibles et
éternellement identiques à elles-mêmes et qui ne sont pas soumises au changement comme peuvent l'être
les choses sensibles.
Ainsi, on peut penser que philosopher c'est apprendre à mourir, mais à mourir au sensible.
En partant en
quête des Idées, le philosophe parvient à toucher du doigt l'immortalité.
Platon énonce dans le
Phédon que « mourir au sensible, c'est une purification qui consiste à séparer le plus possible l'âme du
corps, à l'habituer à vivre en elle-même et pour elle-même.
Tel est le souci des philosophes : délier et
séparer l'âme du corps.
» (67 c-d).
C'est en ce sens que philosopher constitue un exercice de la mort.
Le
Phédon raconte précisément la mort de Socrate, le plus sage des hommes.
Le philosophe doit être ce
guerrier courageux qui n'a pas peur d'affronter la mort ; il est celui qui s'emploie à détacher son âme de
son corps car ce dernier est ce qui nous distrait de l'essentiel, il est le lieu où se déploient toutes les
passions.
Il convient de s'en séparer et de mourir au sensible, c'est-à-dire confirmer l'âme dans son
immortalité.
En effet, mourir au sensible c'est mourir à ce qu'il y a de périssable en nous pour ne conserver
que ce qui perdure éternellement, à savoir les Idées vraies.
La mort permet au philosophe d'approcher le
Ciel des Idées car le corps est un obstacle : « aussi longtemps que nous aurons notre corps, et que notre.
»
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