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La philosophie est-elle un savoir ?

Publié le 25/03/2011

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philosophie

   CONSEILS PRÉLIMINAIRES    1. Prêter attention au mot « savoir «. Il faut éviter d'identifier savoir et connaissance et, à plus forte raison, de prendre pour modèle de tout savoir possible, celui de la connaissance scientifique.    2. La question posée porte sur l'ensemble de la philosophie : mais il n'est pas évident que tous les philosophes aient compris le statut de la philosophie de la même façon. Du dogmatisme au scepticisme semble se déployer tout un éventail d'attitudes philosophiques possibles qui se situent différemment en face de la question du savoir.    3. On pourra lire sur la question posée, dont la généralité risque d'embarrasser, les deux ouvrages de F. Alquié : La nostalgie de l'Être et Le Désir d'Éternité.    PLAN    I. — Philosophie et savoir absolu.    II. — Scepticisme et Dogmatisme.    III. — Permanence de l'attitude critique de la philosophie.    Conclusion. — La philosophie, savoir des limites de tout savoir.

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« fondements absolus.

Mais, si cette intention traverse tout le champ de la philosophie classique, elle semble sedisperser, s'éclater lorsqu'elle s'interroge sur les rapports qu'elle-même est susceptible d'entretenir avec ses propresfondements.

Nous touchons ici à l'essentiel du contenu philosophique des systèmes : du scepticisme au dogmatismesemble se développer tout un éventail de compréhensions du savoir philosophique.

Pouvons-nous dessiner lesarticulations de cet éventail ? * * * Nous pouvons déterminer de façon succincte la question centrale en fonction de laquelle les différents systèmes sedifférencient les uns des autres.

La philosophie, avons-nous dit, est une critique de la connaissance qui,réfléchissant sur sa propre possibilité, tenta de se fonder elle-même par une élucidation de son statut ontologique.La question est alors de savoir si elle prétend ou non constituer un savoir systématique, c'est-à-dire qui repose surune connaissance compréhensive de ses propres fondements. La réponse à cette question semble terminer une ligne de clivage dans le champ de l'histoire de la philosophie. D'une part, nous rencontrons des philosophies qui prétendent constituer une connaissance radicale des fondementsd'un discours absolu : telle semble être, par exemple, la philosophie hégélienne dont le développement prétends'achever par la constitution systématique et compréhensive d'un Savoir Absolu. A l'opposé se dessinent des pensées philosophiques au sein desquelles le non-savoir prend définitivement le pas surle savoir : philosophie sceptique comme celle de Hume par exemple.

Ici, l'achèvement de la philosophie se réalisedans un silence qui laisse entendre l'impuissance du discours à s'articuler sur une réalité dont la radicale présenceassure à la conscience de la vérité absolue son expression essentielle. Dogmatisme et scepticisme ont cependant en commun un postulat théorique que l'on pourrait formuler ainsi : si laphilosophie est savoir compréhensif, elle doit être savoir compréhensif de son propre fondement : ce savoircompréhensif de l'origine absolue du discours, le dogmatisme prétend le constituer tandis que le scepticisme ledéclare impossible et voit dans cette impossibilité la ruine de la philosophie. Prétendant l'énoncer ou en montrer la vanité, dogmatisme et scepticisme pensent la philosophie comme discoursthéorique sur l'absolu.

Mais sur l'autre versant de l'histoire de la philosophie se développe tout un courant que l'onpourrait appeler critique et qui prétend mettre en évidence la possibilité de la philosophie en dehors d'uneconnaissance compréhensive et systématique de ses propres fondements : essayons d'énoncer cette troisième voiequi nous semble conserver à la philosophie son statut mixte de savoir et de non-savoir. * * * Trois grands penseurs semblent dessiner le développement de cette attitude tout au long de l'histoire de laphilosophie : Platon, Descartes et Kant.

Leur pensée, au travers des différences de leur contenu, semble figurer lamême attitude fondamentale.

Essayons de décrire cette attitude. D'une part, la philosophie demeure pour eux, fondamentalement, réflexion critique sur la connaissance : mais cetteréflexion critique constitue un savoir qui refuse de s'assimiler lui-même à une connaissance.

Ainsi Platon affirmaitl'irréductible transcendance de l'Idée de Bien, Descartes déclarait que Dieu était connu mais non compris, tandis queKant articulait la connaissance sur l'inconnaissable chose en soi.

Ici, la philosophie désigne son fondement comme lesavoir de ses propres limites.

Alors que dogmatisme et scepticisme identifiaient plus ou moins explicitement lefondement du discours philosophique à la connaissance de ce fondement, la philosophie critique voit son fondementdans la conscience des limites de la connaissance : elle se présente comme détentrice d'un savoir d'un au-delà deson propre discours. Mais cet au-delà, pour demeurer inconnu, anime cependant la conscience philosophique de sa présence : Platonvoyait dans l'Idée de Bien l'origine de la dynamique intérieure de l'âme, Descartes pensait l'irréductibletranscendance du Bien comme fondement de la véracité du discours et Kant, rendant à la pratique sa préséancephilosophique sur la théorie, donnait la loi morale comme manifestation de cet Absolu que la Raison théorique laissaitéchapper. Ainsi, à travers trois pensées philosophiques, nous pouvons déterminer une même attitude de la philosophie critiqueen face du savoir. D'une part une mise en place du champ de la connaissance et une situation de la vérité de cette connaissance.D'autre part une réflexion sur les conditions de cette mise en place : redécouverte dans la conscience philosophiquede cette "nostalgie de l'Être" qui, pour être principe dynamique de sa démarche, n'en demeure pas moins en dehorsdes limites de son discours.

La philosophie est insatisfaction : elle se définit radicalement comme rappel d'un Absolu dans la conscience lucide de son absence. * * *. »

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