La philosophie de la Mort
Publié le 08/06/2017
Extrait du document


«
sensible, du monde des apparences pour accéder au vrai.
C'est par là même que le philosophe apprend à
mourir : en accédant au monde des Idées, il accède à l'éternel, à l'immuable, à l'immortel.
Il ne craint plus la
mort.
Cette élévation est illustrée par le très fameux mythe de la caverne du livre VII de la République :
initialement, nous sommes tous ignorants et impuissants, plongés dans le monde sensible que la lumière ne
peut atteindre.
Nous sommes impuissants parce que nous sommes prisonniers des apparences que nous
prenons, par habitude, pour des réalités.
Or selon la théorie platonicienne, ces apparences ne sont que des
reflets trompeurs, des images dénaturées et dérivées de concepts généraux : les Idées.
La philosophie est cette
discipline qui consiste à se faire violence pour s'arracher à ce monde décrit comme souterrain dans l'allégorie.
Philosopher, c'est donc s'arracher au sensible et monter vers l'intelligible, vers la lumière des Idées, c'est se
délivrer de nos erreurs et de nos fausses certitudes.
Dès lors, philosopher c'est partir à la conquête de ces
Idées, réalités intelligibles et éternellement identiques à elles-mêmes et qui ne sont pas soumises au
changement comme peuvent l'être les choses sensibles.
Ainsi, on peut penser que philosopher c'est apprendre à mourir, mais à mourir au sensible.
En partant en quête
des Idées, le philosophe parvient à toucher du doigt l'immortalité.
Platon énonce dans le Phédon que « mourir
au sensible, c'est une purification qui consiste à séparer le plus possible l'âme du corps, à l'habituer à vivre en
elle-même et pour elle-même.
Tel est le souci des philosophes : délier et séparer l'âme du corps.
» (67 c-d).
C'est en ce sens que philosopher constitue un exercice de la mort.
Le Phédon raconte précisément la mort de
Socrate, le plus sage des hommes.
Le philosophe doit être ce guerrier courageux qui n'a pas peur d'affronter la
mort ; il est celui qui s'emploie à détacher son âme de son corps car ce dernier est ce qui nous distrait de
l'essentiel, il est le lieu où se déploient toutes les passions.
Il convient de s'en séparer et de mourir au sensible,
c'est-à-dire confirmer l'âme dans son immortalité.
En effet, mourir au sensible c'est mourir à ce qu'il y a de
périssable en nous pour ne conserver que ce qui perdure éternellement, à savoir les Idées vraies.
La mort
permet au philosophe d'approcher le Ciel des Idées car le corps est un obstacle : « aussi longtemps que nous
aurons notre corps, et que notre âme sera pétrie avec cette chose mauvaise, jamais nous ne posséderons
suffisamment l'objet de notre désir », la sagesse, le vrai (Platon, Phédon, 66-d).
La mort serait donc
l'indépendance accomplie de l'âme et apprendre à mourir serait apprendre que la mort n'est pas fermeture,.
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