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La philosophie de Jésus Christ

Publié le 01/04/2015

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C'est par elle qu'on accède à la véritable Révélation, c'est grâce à elle qu'on peut entendre le message du Christ, la Bonne Nouvelle de la résurrection des âmes et des corps (et donc la possibilité de retrouver les gens qu'on aime après la mort).

 

Il faut abandonner la raison pour croire en la parole du Christ.

 

Pour autant, la raison ne disparaît pas du christianisme : la philosophie n'est pas totalement évacuée, mais elle est mise au service de la religion.

 

Dans son avant-dernière encyclique, Fides et ratio, largement consacrée à la position de l'Église par rapport à la philosophie et à la science, Jean-Paul II, dans la tradition thomiste, fait dans ce sens un bel éloge de la raison.

 

Le deuxième usage de la raison philosophique concerne la compréhension de la nature --- thème lui aussi largement évoqué dans l'encyclique Fides et ratio [7].

 

Enfin, la révolution judéo-chrétienne aura un impact considérable sur l'histoire de la philosophie, la question de la vie bonne, qui était au coeur de la pensée grecque, appartenant désormais essentiellement à la foi.

 

Les éthiques aristocratiques qui dominent le monde grec, notamment l'Éthique à Nicomaque d'Aristote et la République de Platon, vont même connaître de la part du christianisme une remise en question sans précédent.

 

Premier pas vers la démocratie moderne, vers les droits de l'homme et vers l'idée d'égalité, la morale chrétienne fait littéralement voler en éclats les principes fondamentaux des grandes éthiques aristocratiques grecques.

 

Ne restons pas crispés sur les oppositions entre athées et croyants.

 

Le républicanisme est un héritage chrétien, un christianisme sécularisé, et pour s'en rendre compte, il suffit de se souvenir de la parabole des talents telle qu'elle est présentée dans l'Évangile selon Matthieu [8].

 

Le premier serviteur a fait fructifier ses cinq talents et en rend dix.

 

Où l'on voit comment la morale chrétienne, en rompant avec l'aristocratisme des Anciens, allait aussi paradoxalement permettre une autre naissance : celle des grandes morales laïques et républicaines.

 

Comme déjà dans la parabole des talents, ce qui compte moralement, ce n'est pas le capital dont on dispose au départ, mais l'usage qu'on en fait, non pas la nature, mais la liberté.

 

Conséquence proprement abyssale, foncièrement antiaristocratique : pour le républicain tout autant, que pour le chrétien, le génie le plus sublime ne «vaut« pas plus que le petit trisomique.

 

Du même coup, la vertu n'a plus rien à voir avec l'actualisation de dispositions naturelles «bien nées«.

 

Tout au contraire, elle apparaît désormais comme une lutte de la liberté contre la naturalité en nous, c'est-à-dire comme un travail, notion que le monde moderne va valoriser là où le monde aristocratique n'y voyait qu'une activité servile.

 

On peut aimer ou non cette vision morale du monde, comme on peut déplorer l'effondrement des splendeurs aristocratiques passées.

 

On ne peut nier toutefois qu'elle soit devenue, volens nolens, celle de tous les peuples démocratiques.

 

Pour un démocrate, il existe sans doute aussi une hiérarchie naturelle des êtres : encore une fois, certains sont plus beaux, plus forts, plus intelligents ou plus doués que d'autres, mais ces différences n'ont aucun impact sur le plan juridique et moral.

 

La Cité ne doit pas refléter cette hiérarchie mais au contraire, le cas échéant, la combattre.

 

Du coup, autre élément très important, héritage direct du judaïsme, les fins morales que nous devons nous proposer ne sont plus «domiciliées dans la nature«, inscrites dans l'être comme c'était le cas dans l'aristocratie grecque : elles relèvent d'un devoir-être, non plus d'une réalité factuelle et naturelle, mais d'un idéal situé par-delà tous les faits.

 

Voilà pourquoi nos morales républicaines vont être désormais des morales du «devoir«.

 

Elles vont adopter la forme de l'impératif, la forme d'un «tu dois« ou «tu ne dois pas«, comme dans la morale chrétienne.

 

En revanche, dans le monde chrétien comme dans le monde républicain, la nature est perçue essentiellement comme négative, paresseuse et égoïste.

 

Si je suis ma pente naturelle, j'ai plutôt tendance à la paresse qu'au travail, à l'égoïsme qu'à l'altruisme.

 

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