La peur en politique
Publié le 05/02/2023
Extrait du document
«
Quelle attitude face à la peur ?
Vaincre la peur
En partant du conatus...
Spinoza appelle conatus le désir de tout être de persévérer dans son être.
Selon ce
principe spinoziste, la peur serait le rejet de la négativité, le rejet de ce qui nuit au
conatus.
La peur est une émotion, une passion naturelle et qui répond à une forme de
rationalité.
Elle permet de réagir face au danger ou au risque.
A l’inverse, toute peur n’est pas forcément naturelle et rationnelle.
Il n’y aurait pas
sinon de débat autour de la peur.
Ainsi, la peur peut être non-naturelle : elle relève aussi d’une forme d’instinct déréglé
où rentre du construit.
La peur est parfois non-rationnelle : si elle paralyse ou qu’elle
nous entraîne dans une réaction excessive où on perd la rationalité
●
Hypothèse stoïcienne face à la peur
Le stoïcisme est une philosophie antique qui vise eudaimonia, le bonheur, par la
tranquillité de l’âme.
Cet eudaimonia serait vivre en accord avec la nature, le conforme.
Il s’agit alors de rejeter ce qui nous écarte de la raison, c’est-à-dire les
représentations, les images qui relèvent de la perception (et non de la raison).
La raison et la sagesse se mettent en accord avec l’ordre du monde perçu comme
rationnel.
L’IMPULSION : mouvement naturel et rationnel de l’âme vers un objet ou pour se
détourner d’un objet (=RÉPULSION).
La passion est une impulsion ou répulsion excessive liée à une fausse
représentation.
Un exemple : la peur.
Elle apparaît aux stoïciens comme mauvaise
puisqu’elle est une passion.
Il faut la corriger, soigner cette maladie, grâce à la
raison car elle est liée à une déformation du réel et à une représentation fausse.
Le but est de retrouver l’ataraxie.
Pour les stoïciens, on ne peut agir que sur ce qui dépend de nous.
Or, la mort est un
événement naturel qui arrivera et ne dépend pas de nous.
Ainsi, la peur de la mort
apparaît comme absurde, car la représentation de la mort en fait un événement
grave, tragique.
Pourtant, la souffrance passe, que ce soit par la vie ou la mort.
La raison est ainsi
appelée à corriger l’angoisse créée par l’imagination, car la mort n’est ni « bien », ni
« mal », mais indifférente.
La peur est une passion qui nous fait croire que cet indifférent est mal.
Limite : la raison face à la peur n’est une solution que pour le sage, c’est une
solution élitiste.
●
Hypothèse épicurienne (+ Aristote)
Epicure, fondateur de l’école du Jardin en -306, définit la peur comme LE trouble
fondamental de l’âme.
La peur procède d’une incompréhension de la nature.
Elle porte toujours sur l’objet contradictoire.
Il y aurait ainsi quatre peurs :
1.
Peur de la mort
Selon Epicure, soit la mort EST, et alors nous ne pouvons plus souffrir
car nous n’avons plus de sensations : il n’y a donc rien à craindre.
Soit elle n’EST PAS, et il ne faut alors pas craindre quelque chose qui
n’est pas arrivé.
2.
Peur des dieux
Les hommes attribuent aux dieux les catastrophes diverses, du moins
dans la religion populaire.
Pourtant les dieux, s’ils existent, sont indifférents à
notre sort.
Cette crainte des dieux alterne avec l’espoir, mais l’homme est dans
les deux cas dans une position passive, or pour Epicure, nous sommes libres,
non déterminés.
Il faut donc agir et non attendre.
3.
Peur de la souffrance
La souffrance cesse, soit par la mort, soit par la guérison.
Il est alors
inutile de craindre la souffrance, il faut l’endurer.
4.
Peur que le bonheur soit inaccessible
Pour les épicuriens, le bonheur est accessible à tous, dès lors que l’on
se contente de plaisirs naturels et nécessaires.
Le malheur vient donc de
l’écart entre ses plaisirs naturels et nécessaires et la quête du « trop », de
l’excès par les plaisirs non-nécessaires ou non-naturels comme le désir de
l’illimité.
Limites : Ces deux hypothèses stoïcienne et épicurienne ne sont que thérapie de
l’âme, et restent critiquables.
Martha Nussbaum, dans The monarchy of fear, rappelle que la peur est bien liée à
une sensibilité « normale » et non pathologique (ce que épicuriens et stoïciens ont
tendance à dire).
Elle est liée à la vulnérabilité de l’existence.
Pour Martha Nussbaum, la peur n’est pas une maladie et est intrinsèque au fait
d’être vivant.
En revanche, la peur a la caractéristique d’être un émotion monarchique, tout notre
être va se soumettre à elle.
La peur prend le dessus sur les autres affects et ne peut
se contrôler elle-même.
Martha Nussbaum parle du travail de rationalité à faire, mais qui doit s’accompagner
de courage.
Il s’agit de saisir la rationalité d’une menace, de lutter contre l’imagination et d’avoir
la capacité d’endurer, de souffrir (la vertu du courage).
● La question de la catharsis
Peur et Société
Le sentiment ambivalent :
+ nous rappelle l’importance du collectif
- nous enferme dans l’obsession sécuritaire, l’individualisme
La peur au fondement du pouvoir ?
Passage de l’État de nature à l’État civil : Hobbes va théoriser l’idée que ce passage
est déterminé par la peur.
La peur explique la création d’un État politique.
Peur 1 :
La peur de l'État de nature
Dans l’État de nature, la peur règne pour l’individuel et chacun craint l’autre.
Il s’agit du règne du plus fort, de la violence, ce qui implique une guerre perpétuelle,
donc une crainte perpétuelle.
Dans cet État de nature tout est permis pour survivre :
arrive un cercle vicieux de la peur où la peur invite à la violence et....
»
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