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La perception peut-elle s'éduquer ?

Publié le 27/02/2008

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perception
Le terme « perception » désigne l'action qui consiste à saisir par les sens ou par l'esprit un objet extérieur ou une sensation intérieure. Cette action s'accompagne d'une représentation consciente de l'objet perçu. Nous percevons au moyen de nos cinq sens, qui communiquent des informations à notre conscience. On dira donc de la perception qu'elle est notre moyen privilégié d'entrer en contact avec le monde : sans elle, nous serions comme les monades de Leibniz dans la Monadologie, à savoir « sans portes ni fenêtres », enfermés en nous-mêmes et privés de contacts avec l'extériorité. Elle est une « interface » avec le monde. Le terme « éduquer » vient du latin educare (ex-ducere) et signifie « prendre soin de » ; il désigne également l'action de « faire croître », « d'élever ». La difficulté pour définir ce terme provient de son important degré de généralité : l'éducation correspond à la formation d'un individu, à divers niveaux (on parle ainsi indifféremment d'éducation religieuse, morale, sociale, technique, scientifique…). En ce sens, il est malaisé de le distinguer d'un terme au signifié voisin : « enseigner », qui désigne un mode de transmission d'éducation précis : celui de la transmission de connaissances à l'aide de signes. Si l'enseignement est un mode d'éducation particulier, cela signifie que l'éducation est un enseignement, mais qu'elle est aussi plus que cela. L'éducation est par conséquent à la fois transmission de savoirs, mais elle est également formation du savoir être de l'individu, qui, par le moyen de l'éducation, acquiert la faculté de vivre en société, parmi les autres hommes. C'est ainsi qu'un homme « bien éduqué » est à la fois un homme qui a une instruction importante, mais aussi une capacité développée à vivre avec ses semblables. Enfin, nous pouvons dire que l'éducation est également formation du savoir faire de l'individu, c'est-à-dire de ses compétences et de ses habiletés pratiques Si nous cherchons à déterminer si la perception est susceptible d'être éduquée, cela signifie que nous nous demandons dans quelle mesure notre interface avec le monde est susceptible de recevoir une éducation, c'est-à-dire d'être développée, affutée. A priori, la perception semble impossible à éduquer, dans la mesure où elle semble se confondre avec une réceptivité des impressions extérieures : elle est comme le sable où viennent s'imprimer les pas des promeneurs. Mais si nous acceptons que la perception est plus que cela, qu'elle n'est pas que sentiment, mais aussi composition des impressions, nous nous demanderons si elle n'est pas susceptible d'être éduquée. La question au centre de notre raisonnement sera de déterminer si la perception est une faculté inéducable, ou une activité de composition des données du réel dont l'efficacité est susceptible d'être affutée.
perception

« perceptions ».

Ces dernières composent toute perception : l'exemple canonique est celui de la mer, dont nousentendons le bruit à partir de l'addition de l'infinité des vagues.

Ceci nous invite à comprendre différemment le faitd'entendre et celui d'écouter, celui de voir et celui de regarder : la perception est cette activité de découverteexplicite de ce qui se donne à nous implicitement dans la pluralité des « petites perceptions ». b.

Percevoir, une activité qui suppose la mémoire et peut être éduquée Ce qu'il faut bien voir dans la perception entendue comme activité de composition du divers sensible, c'est qu'ellesuppose la mémoire.

Leibniz montre en effet que sans mémoire, il n'y a pas de perception, car la perception estcette prise de conscience présente des « petites perceptions » qui viennent à peine de se produire. « Toute attention demande de la mémoire, et souvent quand nous ne sommes point admonestés pour ainsi dire etavertis de prendre garde à quelques unes de nos propres perceptions présentes, nous les laissons passer sansréflexion, et même sans être remarquées.

Mais si quelqu'un nous en avertit incontinent après et nous faitremarquer quelque bruit qu'on vient d'entendre, nous nous en souvenons et nous nous apercevons d'avoir eutantôt quelque sentiment ».

(Nouveaux Essais sur l'entendement Humain, Leibniz) Ce rôle fondamental de la mémoire dans la perception nous permet de prendre conscience que cette dernière estsusceptible d'être éduquée.

Dans la mesure où la perception n'est pas qu'une faculté de réception, mais uneactivité, l'efficacité de cette activité peut être accrue.

Par exemple, nous dirons que notre perception d'un morceaude musique classique est susceptible d'être éduquée, à partir du moment où nous l'écoutons à plusieurs reprises endistinguant de mieux en mieux, grâce à la mémorisation des notes que nous acquerrons par la réitération dumorceau, toute sa complexité.

De même, notre perception d'une œuvre d'art inscrite dans la durée, comme lalecture d'un roman, peut être éduquée dès lors que nous le relisons et gardons en mémoire les élémentsinterconnectés dans l'œuvre.

Nous dirons donc que puisque la perception est une activité plutôt qu'une faculté,activité qui nécessite la mémoire, la perception peut être éduquée. III. La perception peut-être éduquée et nous éduque à son tour a.

La perception s'éduque tout au long de la vie et de l'histoire Contrairement à ce que nous avons dit en première partie, quand nous comprenions mal encore la nature de laperception, nous dirons que la perception s'éduque tout au long de la vie humaine et de l'histoire.

En effet, qu'est-ce que la perception, sinon cette perception qui prend conscience d'elle-même, et dont les erreurs permettent del'éduquer peu à peu ? Par exemple, si j'écris « profeseur » avec un « s », avant de m'apercevoir qu'il en faut deux,cette erreur me permet de prendre conscience d'une réalité qui sans cela serait restée inaperçue.

Ce sont lesfautes, les erreurs, qui rendent la perception plus vigilante, qui permettent de l'éduquer.

Mais si nous quittonsl'individu singulier pour l'homme dans l'histoire, nous verrons par exemple que les modes de transports modernesmodifient la perception en produisant un nouvel espace-temps : « c'est la vitesse de notre auto, de notre avion, qui organise les grandes masses terrestres, à chacun de nos actes le monde nous révèle un visage neuf ».

(Sartre, Qu'est-ce que la Littérature ? 1948).

La perception s'éduque au cours de la vie humaine aussi bien que dans letemps, en fonction des évolutions techniques qui modifient la nature et l'étendue de nos perceptions. b.

La perception est « dévoilante » C'est entendu, la perception s'éduque.

Mais la perception éduque également, en tant qu'elle est « dévoilante » pourreprendre le mot de Sartre. « Chacune de nos perceptions s'accompagne de la conscience que la réalité humaine est « dévoilante » c'est-à-dire que par elle « il y a » de l'être, ou encore que l'homme est le moyen par lequel les choses se manifestent ;c'est notre présence au monde qui multiplie les relations, c'est nous qui mettons en rapport cet arbre avec ce coindu ciel (…) ».

(Sartre, Qu'est-ce que la Littérature ? 1948) Dans l'art, nous apprenons que toute perception est dévoilante, en tant qu'elle permet de faire surgir un univers etnon pas seulement de le reproduire.

Les artistes nous apprennent que la perception est toujours subjective, car elledoit être produite par une subjectivité à l'œuvre.

Les toiles de Van Gogh nous donne à voir un monde tel que perçupar sa propre subjectivité : en ce sens, elles éduquent notre perception, nous donnent à voir quelque chose d'inouïqui modifiera notre propre perception du réel. Conclusion Si nous nous en tenons à une compréhension de la perception comme faculté de réception, il semble qu'elle ne peutêtre éduquée.

Mais cette conception nous fait manquer la nature active de la perception, qui compose du divers. »

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