LA PERCEPTION - Hume
Publié le 21/01/2020
Extrait du document
Supposez qu’un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde ; il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d’objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose.
Il serait d’abord incapable, par aucun raisonnement, d’atteindre l’idée de cause et d’effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n’apparaissent jamais aux sens ; et il n’est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu’un événement en précède un autre dans un seul cas, que l’un est la cause et l’autre l’effet.
Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle. Il n’y a pas de raison d’inférer l’existence de l’un de l’apparition de l’autre. En un mot, un tel homme, sans plus d’expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait certain de rien d’autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens.
Hume
esquisse du besoin, pour repérer la causalité, d’une répétition des expériences : ce n’est que la mémoire (fin du texte) qui peut comparer entre elles diverses perceptions de phénomènes et commencer à élaborer la notion de causalité.
- La causalité dépend ainsi de l’habitude : la répétition de l’observation suggère l’existence, entre deux phénomènes, d’une autre relation que la simple succession. On doit alors distinguer la causalité comme notion, qui correspond à un besoin de l’esprit lorsqu’il veut rendre compte d’une organisation supposée du monde, de son application à un phénomène particulier, qui peut toujours être soupçonnée d’approximation. Il y a donc scepticisme sur le fondement de la connaissance : la science, même « expérimentale », dépend de nos qualités psychiques, et se trouve dénuée de fondement ontologique.
«
L'HOMME ET LE MONDE
CORRIGÉ
Plan détaillé
[Introduction]
Comment sommes-nous capables de repérer une relation de vraie cau
salité ? La perception y suffit-elle ? Comment nos facultés rationnelles
prennent-elles en charge l'expérience?
[I.
Une situation théorique]
- Hume analyse les difficultés du processus de la connaissance dans un
cadre théorique : comment les choses se manifestent-elles pour un esprit
qui n'est pas encore formé à la notion de causalité (pour étudier une
genèse, il faut analyser un esprit « innocent ») ?
- On «suppose» donc qu'un homme jeté «dans ce monde» est
« doué des plus puissantes facultés de réflexion » : à quoi vont-elles lui
être utiles ?
- Il y aura (grâce aux sens) saisie d'une« continuelle succession d'ob
jets».
Mais la perception ne révèle que la succession.
- Les facultés de réflexion semblent incapables d'enrichir les données
empiriques : pas de passage de la successivité à« l'idée de cause et d'ef
fet ».
[Il.
La relation de causalité]
- Cette incapacité provient du fait que la relation de causalité implique
des forces ou des énergies qui agissent en deçà de l'ordre phénoménal.
- De plus, l'observation n'a lieu qu'une fois - ce qui n'autorise
aucune généralisation (ou induction).
La succession observée peut être
«arbitraire» ou «accidentelle» (non reproductible), alors que la causa
lité implique un fonctionnement répétable à l'infini.
- Seule connaissance attribuée à l'homme : « ce qui est immédiate
ment présent à sa mémoire et à ses sens ».
Autant dire rien du tout, s'il
n'y a de connaissance authentique qu'indépendante de la présence sen
sible.
[Ill.
Empirisme et rationalisme]
- Intention critique : la raison, même déjà constituée, est incapable de
tirer quoi que ce soit d'une expérience unique.
De plus, la perception est
impuissante à élaborer la notion de causalité, toujours dans le cas d'une
expérience unique.
- Exemple de la critique hurnienne du rationalisme, mais aussi.
»
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- Quand je pénètre au plus intime de ce que j'appelle moi-même, c'est toujours pour tomber sur une perception particulière ou sur une autre (...]. Je ne puis jamais arriver à me saisir moi-même sans une perception, et jamais je ne puis observer autre chose que la perception. » Hume, Traité de la nature humaine, 1740. Commentez cette citation.
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