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La peinture de Jan van Eyck

Publié le 22/02/2012

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Il n'est pas possible de séparer cet artiste de son aîné Hubert van Eyck. Tous deux ont été de grands rénovateurs de la vision artistique, et Hubert, à en juger par l'oeuvre principale à laquelle s'attache leur nom, fut l'initiateur. Cette oeuvre commune est L'Agneau mystique, polyptyque inauguré le 6 mai 1432 à l'église Saint-Bavon à Gand. C'est vainement que plusieurs ont essayé, dans ces dernières années, de représenter Hubert van Eyck comme un personnage légendaire. Il nous est parvenu à son propos un plus grand nombre de documents écrits que sur bien d'autres artistes anciens dont nul ne songe à mettre l'existence en doute. Par quatre fois il est cité dans des pièces d'archives de Gand ; que son nom y soit orthographié de façons différentes est dû au fait que son prénom était étranger en cette ville, et que les scribes basaient l'orthographe sur la seule ouïe. Il y a, en outre, les témoignages d'écrivains du XVIe siècle, et le texte transcrit au XVIe siècle de l'épitaphe jadis fixée sur la dalle du tombeau d'Hubert van Eyck, dalle conservée encore à Gand. Il reste enfin l'inscription, démontrée authentique et contemporaine, sur le bord inférieur du cadre des volets de l'Agneau mystique, inscription latine qui peut se traduire comme suit : " Le peintre Hubert van Eyck, auquel personne n'est réputé supérieur, a commencé, et Jean, qui lui est inférieur en art, a terminé le grand travail et a été payé par Josse Vyt. Par ce vers le sixième jour de mai vous invite à venir contempler l'oeuvre ". Le dernier vers est un chronogramme qui donne la date de 1432. L'inscription a été, probablement, faite sur l'ordre de Jean van Eyck et en l'honneur de son aîné, lors de l'inauguration de l'oeuvre.  

« Il n'est pas possible de séparer cet artiste de son aîné Hubert van Eyck .

Tous deux ont été de grands rénovateurs de la vision artistique, et Hubert, à en juger par l'oeuvre principale à laquelle s'attache leur nom, fut l'initiateur.

Cette oeuvre commune est L'Agneau mystique , polyptyque inauguré le 6 mai 1432 à l'église Saint-Bavon à Gand.

C'est vainement que plusieurs ont essayé, dans ces dernières années, de représenter Hubert van Eyck comme un personnage légendaire.

Il nous est parvenu à son propos un plus grand nombre de documents écrits que sur bien d'autres artistesanciens dont nul ne songe à mettre l'existence en doute.

Par quatre fois il est cité dans des pièces d'archives de Gand ; que son nom y soitorthographié de façons différentes est dû au fait que son prénom était étranger en cette ville, et que les scribes basaient l'orthographe sur la seuleouïe.

Il y a, en outre, les témoignages d'écrivains du XVIe siècle, et le texte transcrit au XVIe siècle de l'épitaphe jadis fixée sur la dalle du tombeaud'Hubert van Eyck , dalle conservée encore à Gand.

Il reste enfin l'inscription, démontrée authentique et contemporaine, sur le bord inférieur du cadre des volets de l'Agneau mystique , inscription latine qui peut se traduire comme suit : " Le peintre Hubert van Eyck , auquel personne n'est réputé supérieur, a commencé, et Jean, qui lui est inférieur en art, a terminé le grand travail et a été payé par Josse Vyt.

Par ce vers le sixième jourde mai vous invite à venir contempler l'oeuvre ".

Le dernier vers est un chronogramme qui donne la date de 1432.

L'inscription a été, probablement,faite sur l'ordre de Jean van Eyck et en l'honneur de son aîné, lors de l'inauguration de l'oeuvre.

Le style et l'exécution de L'Agneau mystique diffèrent nettement de la conception et de la facture propres à Jean van Eyck, tels qu'on peut les analyser dans une dizaine d'oeuvres signées de celui-ci.

C'est ce qui nous fait dire qu' Hubert van Eyck en est l'auteur et le grand initiateur de l'art de la peinture flamande du XVe siècle.

Jean van Eyck, en terminant l'Agneau mystique , s'est si bien conformé à la façon de travailler d'Hubert, que tous les essais faits pour procéder à une distinction de deux mains dans le polyptyque ont été voués à un insuccès absolu.

C'est dans L'Agneau mystique A126M1 que l'on constate le mieux le renouveau de la peinture.

Pour la première fois, l'homme y est considéré en rapport avec la nature, avec l'univers ; pour la première fois, on conçoit les objets de la réalité en contact avec l'atmosphère ; pour la première foisaussi, la peinture a trouvé les ressources dont elle dispose pour créer les formes qui suggèrent non seulement des idées et des sentiments, maisaussi l'aspect des objets de la réalité, avec leur densité, leur volume, leur texture, et en relation avec leur entourage.

C'est le début de la peinturevraiment picturale.

Jan Van Eyck a suivi les initiatives de son aîné, dont il a dit qu'aucun ne lui est supérieur.

Dans un certain domaine,il a poussé plus loin ses recherches et ses réussites : dans celui de la reproduction picturale de la réalité.

Nouspouvons le constater dans les dix oeuvres signées par lui et dans plusieurs autres qui lui sont attribuées parcomparaison de style.

Son style est celui d'un observateur objectif et positif, d'un réalisateur méticuleux et tenace, qui veilleparticulièrement à la plasticité.

La devise qu'il peignit sur les cadres de plusieurs de ses tableaux précise sa volontéd'homme sûr de lui-même, de peintre acharné : " Als ich kan " (aussi bien que je le puis).

Cet artiste est avant toutun portraitiste : à force de tâter du regard la texture de l'épiderme, d'analyser les traits particuliers, de soupeser levolume, de mesurer les effets d'ombre et de lumière, de choisir les couleurs et de les appliquer avec soin, il parvientà rendre la vie et le caractère des personnages : il est implacable et reproduit l'être, interne et externe, avec unesincérité parfaite.

On peut même dire que c'est un portraitiste savant.

Il présente les personnages de trois quarts etprojette la lumière du côté vers lequel est tourné le visage ; ainsi, tout ce qui caractérise le visage yeux, nez,bouche se trouve bien éclairé ; le reste est modelé en ombres.

Les intérieurs, les vues de villes, les paysages, lesobjets sont conçus et exécutés avec un souci identique, comme s'ils étaient des portraits.

Ce souci de véracitéamène parfois l'artiste à s'arrêter trop à l'analyse et à perdre de vue l'unité organique du tableau : les dimensions deses figures ne sont pas toujours conçues en proportion de leur entourage.

Mais on ne peut nier que cet artiste voit et représente tout en peintre.

Jusqu'alors, les artistes indiquaient les formes par des silhouettes qu'ilsremplissaient d'un modelé superficiel en une couleur locale.

Jean van Eyck, comme Hubert van Eyck A1533 , voit en couleurs, ou plutôt en teintes qui s'opposent et dont les gradations contribuent à représenter les formes dans une atmosphère lumineuse.

Parfois, il y met plus d'insistancequ'Hubert van Eyck A1533 ; ainsi dans la Vierge du chanoine van der Paele et dans la Vierge du chancelier Rolin A126M2 .

Sa technique magistrale a été admirée de tout temps ; c'est encore elle qui commande l'engouement que notre époque " technicienne " parexcellence ressent pour cette peinture soignée.

On a, très tôt déjà, tenté d'expliquer l'excellence de cette technique en disant, comme Vasari A1542 l'a fait au milieu du XVIe siècle, que Jean van Eyck aurait inventé la peinture à l'huile.

Mais celle-ci existait depuis longtemps, et Jean van Eyck,comme tous les primitifs, a peint à la détrempe, en l'occurrence, avec un agglutinant qui n'était autre que l'oeuf.

Tout le secret des van Eyck résidedans une préparation blanche faite de colle et de craie sur le panneau et rendue bien lisse, dans l'emploi d'une poudre de couleur exclusivementd'ordre minéral, dans le mélange de cette poudre à l'oeuf entier, jaune et blanc, dans le choix des nuances et dans la dextérité avec laquelle lamatière colorante est étendue.

La technique des van Eyck, si apte à l'expression d'une vision artistique toute nouvelle, a étonné le monde et,longtemps, on a considéré l'apparition de leur art comme un phénomène semblable à une lumière qui perce tout àcoup les ténèbres.

Cependant, aussi grands artistes qu'ils soient, leur art procède, en partie, de celui de leurs prédécesseurs.

La génération spontanée est inconnuedans l'art, aussi bien que dans la nature.

L'art des van Eyck a ses racines souterraines dans la peinture du XIVe siècle, particulièrement dans cellede France.

La maison des Valois possédait des princes mécènes de première valeur.

Une activité intense régnait dans les ateliers qu'ils avaientcréés dans différentes villes.

Le travail continu et bien rémunéré qui s'offrait là aux enlumineurs et aux peintres y attirait les meilleurs artistes despays limitrophes.

L'ancienne peinture gothique française y reçut les apports de Florence et de Sienne, des pays du Rhin et de la Meuse, ainsi quedes provinces belges.

Cette promiscuité de bons artistes dans des centres pleins d'émulation contribua à former en France, vers la fin duXIVe siècle, un style d'une délicatesse extrême, comparable seulement à celui de l'art chinois de la dynastie Tsang et Ming.

A cette délicatesses'ajoutait l'apport de l'esprit plus réaliste des artistes du Nord.

Il est probable que c'est dans les ateliers des princes français que les van Eyck ont. »

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