La passion n'est-elle qu'une "maladie de l'âme" ?
Publié le 05/10/2005
Extrait du document
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Troisième partie : La passion peut-elle être identifiée à une tendance motrice de l'âme ? Le fait de nous interroger sur ce que serait l'absence de passion nous permet de mieux la comprendre.
En effet cette absence coïnciderait avec un état apathique et faible.
L'intensité de la passion n'est pas nécessairementnuisible, elle peut avoir un rôle dans la réalisation de nos projets.
La passion comprise comme moteur possède lamême structure que la volonté, elle met des moyens au service d'une fin.
Une difficulté émerge quand la passion setrouve être en concurrence avec la volonté.
La passion comme tendance dominante vise la subordination des autresinclinations.
Kant condamne la passion et cela de manière radicale.
« La soumission aux émotions et aux passions est, quoi qu'il en soit, une maladie de l'âme : la maîtrise de la raison, dans les deux cas, se trouve exclue.
»Anthropologie d'un point de vue pragmatique. La passion est une inclination que le sujet ne maîtrise qu'avec peine. Kant qualifie de passion ce qu'Aristote qualifiait de dérèglement, le passionné devient incurable. La passion usurpant les moyens de la volonté devient un obstacle à la raison pratique.
« On le discerne sans peine, aux passions, parce qu'elles se laissent conjuguer avec la réflexion la plus tranquille, parce qu'elles nepeuvent donc être inconsidérées à la manière de l'émotion, ni en conséquence impétueuses et passagères,enfonçant au contraire leurs racines, est donné de coexister même avec les subtilités de la raison, portent le plusgrand tort à la liberté ; et si l'émotion est une ivresse, la passion est une maladie rebelle à toute médication et,par là, pire que tous les mouvement passagers de l'âme qui, du moins, éveillent le propos de s'amender ; lapassion, à la place, est un ensorcellement qui refuse jusqu'à l'amendement.
» Ibid.
§80. On se choisit passionné et cela provoque notre aliénation, en revanche nous ne tombons pas volontairement malade.
La maladie physique estune privation du libre mouvement corporel.
La passion nous confine à l'égoïsme et nous pousse à transgresserl'impératif catégorique.
C'est en son principe que Kant condamne la passion non en son objet. Pourquoi vouloir éradiquer la passion ? Si la passion est le moteur le plus puissant de nos réalisations vouloir l'éradiquer n'est-ce pas s'en prendre au mouvement même de la vie ? Toutes les passions ont-elles la même valeur ?« Appeler « amélioration » la domestication d'un animal, c'est là, pour notre oreille, presque une plaisanterie.
Quisait ce qui arrive dans les ménageries, mais je doute bien que la bête y soit « améliorée ».
On l'affaiblit, on la rendmoins dangereuse, par le sentiment dépressif de la crainte, par la douleur et les blessures on en fait la bêtemalade.
Il n'en est pas autrement de l'homme apprivoisé, que le prêtre a rendu « meilleur ».
» Nietzsche, Le crépuscule des idoles. Dans cet extrait Nietzsche remet en cause la condamnation de toute passion dans la mesure où celle-ci est source de vie.
Pour autant toutes les passions ne sont pas bonnes.
La sélection des inclinations doitfavoriser l'épanouissement de celles qui sont génératrices de vitalité.
Les passions réactives sont des maladiesparce qu'elles affaiblissent et dégénèrent les âmes.
Les passions affirmatives au contraire conditionnent la santéauthentique. CONCLUSION La passion est assimilable à une maladie si on la réduit à une affection passive, à un désordre accidentel et passager de l'âme.
Or la passion se rapporte de manière nécessaire à notre nature sensible.
Elle est le moteurpuissant d'une personnalité et est à l'origine de grandes réalisations.
En cela elle diffère d'une maladie de l'âme etest au contraire l'expression de la santé.
Dès lors l'usage réglé et sélectif de la passion doit être mis au service de lavie..
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