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La passion éloigne-t-elle de la réalité ?

Publié le 13/01/2005

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La passion n'est ainsi dans l'homme que l'écho d'une « ruse de la Raison ». Et comme cette dernière se réalise progressivement, il devient difficile d'affirmer encore que la passion éloigne du réel : elle participe au contraire à ses transformations. « Les inclinations et les passions ont pour contenu les mêmes déterminations que les sentiments pratiques et, d'un côté, elles ont également pour base la nature rationnelle de l'esprit, mais, d'un autre côté, en tant qu'elles relèvent de la volonté encore subjective, singulière, elles sont affectées de contingence et il apparaît que, en tant qu'elles sont particulières, elles se comportent, par rapport à l'individu comme entre elles, de façon extérieure et, par conséquent, selon une nécessité non-libre. La passion contient dans sa détermination d'être limitée à une particularité de la détermination-volitive, particularité dans laquelle se noie l'entière subjectivité de l'individu, quelle que puisse être d'ailleurs la teneur de la détermination qu'on vient d'évoquer. Mais, en raison de ce caractère formel, la passion n'est ni bonne ni méchante ; cette forme exprime simplement le fait qu'un sujet a situé tout l'intérêt vivant de son esprit, de son talent, de son caractère, de sa jouissance, dans un certain contenu. Rien de grand ne s'est accompli sans passion ni ne peut s'accomplir sans elle. C'est seulement une moralité inerte, voire trop souvent hypocrite, qui se déchaîne contre la forme de la passion comme telle. [...] La question de savoir qu'elles sont les inclinations bonnes, rationnelles, et quelle est leur subordination, se transforme en l'exposé des rapports que produit l'esprit en se développant lui-même comme esprit objectif. Développement où le contenu de l'ipso-détermination [Cette expression spécifie que l'esprit se réalise et se détermine lui-même selon des lois rationnelles] perd sa contingence ou son arbitraire.

« dernière se réalise progressivement, il devient difficile d'affirmer encore que la passion éloigne du réel : elle participeau contraire à ses transformations. « Les inclinations et les passions ont pour contenu les mêmesdéterminations que les sentiments pratiques et, d'un côté, elles ontégalement pour base la nature rationnelle de l'esprit, mais, d'un autrecôté, en tant qu'elles relèvent de la volonté encore subjective,singulière, elles sont affectées de contingence et il apparaît que, entant qu'elles sont particulières, elles se comportent, par rapport àl'individu comme entre elles, de façon extérieure et, par conséquent,selon une nécessité non-libre.La passion contient dans sa détermination d'être limitée à uneparticularité de la détermination-volitive, particularité dans laquelle senoie l'entière subjectivité de l'individu, quelle que puisse être d'ailleursla teneur de la détermination qu'on vient d'évoquer.

Mais, en raison dece caractère formel, la passion n'est ni bonne ni méchante ; cetteforme exprime simplement le fait qu'un sujet a situé tout l'intérêtvivant de son esprit, de son talent, de son caractère, de sa jouissance,dans un certain contenu.

Rien de grand ne s'est accompli sans passionni ne peut s'accomplir sans elle.

C'est seulement une moralité inerte,voire trop souvent hypocrite, qui se déchaîne contre la forme de lapassion comme telle.[...] La question de savoir qu'elles sont les inclinations bonnes,rationnelles, et quelle est leur subordination, se transforme en l'exposédes rapports que produit l'esprit en se développant lui-même comme esprit objectif.

Développement où le contenu de l'ipso-détermination [Cette expression spécifie quel'esprit se réalise et se détermine lui-même selon des lois rationnelles] perd sa contingence ou sonarbitraire.

Le traité des tendances, des inclinations et des passions selon leur véritable teneur est doncessentiellement la doctrine des devoirs dans l'ordre du droit, de la morale et des bonnes moeurs.

» HEGEL. Hegel met ici en évidence la contradiction apparemment inhérente aux passions : elles semblent à la fois provenir del'individu lui-même qui vise ses intérêts particuliers, et obéir à un ordre rationnel et général, extérieur à l'individu etmême contraire à ses intérêts.

Un tel paradoxe soulève la question de la liberté ou de la détermination de noscomportements.

Ce problème, ici posé, est également examiné sous l'angle du sens de l'Histoire.

Auparavant, Hegel écarte toute approche purement moralisante des passions (en termes de bien ou de mal), maisen dégage la fonction éminemment positive.

Il reprend à cet effet la formule d'Helvétius : « Rien de grand...

».Indépendamment de toute considération éthique, l'auteur établit la nécessité des passions en tant que moteur del'action.

« Dans l'histoire universelle nous avons affaire à l'Idée telle qu'elle se manifeste dans l'élément de la volonté et de laliberté humaines.

Ici la volonté est la base abstraite de la liberté, mais le produit qui en résulte forme l'existenceéthique du peuple.

Le premier principe est constitué par les passions humaines.

Les deux ensemble forment la trameet le fil de l'histoire universelle.

L'Idée en tant que telle est la réalité ; les passions sont le bras avec lequel ellegouverne [...]Ici ou là, les hommes défendent leurs buts particuliers contre le droit général ; ils agissent librement.

Mais ce quiconstitue le fondement général, l'élément substantiel, le droit n'en est pas troublé.

Il en va de même pour l'ordre dumonde.

Ses éléments sont d'une part les passions, de l'autre la Raison.

Les passions constituent l'élément actif.Elles ne sont pas toujours opposées à l'ordre éthique ; bien au contraire, elles réalisent l'Universel.

En ce quiconcerne la morale des passions il est évident qu'elles n'aspirent qu'à leur propre intérêt.

De ce côté-ci, ellesapparaissent comme égoïstes et mauvaises.

Or ce qui est actif est toujours individuel : dans l'action je suis moi-même, c'est mon propre but que je cherche à accomplir.

Mais ce but peut être bon, et même universel.

L'intérêtpeut être tout à fait particulier mais il ne s'ensuit pas qu'il soit opposé à l'Universel.

L'Universel doit se réaliser par leparticulier.La passion est tenue pour une chose qui n'est pas bonne, qui est plus ou moins mauvaise : l'homme ne doit pasavoir des passions.

Mais passion n'est pas tout à fait le mot qui convient pour ce que je veux désigner ici.

Pour moi,l'activité humaine en général dérive d'intérêts particuliers, de fins spéciales ou, si l'on veut, d'intentions égoïstes, ence sens que l'homme met toute l'énergie de son vouloir et de son caractère au service de ces buts en leur sacrifianttout le reste.

Ce contenu particulier coïncide avec la volonté de l'homme au point qu'il en constitue toute ladétermination et en est inséparable : c'est là qu'il est ce qu'il est.

Car l'individu est un « existant » ; ce n'est pas l'« homme général », celui-ci n'existant pas, mais, un homme déterminé.

Le mot « caractère » exprime aussi cettedétermination concrète de la volonté et de l'intelligence.

Mais le caractère comprend en général toutes lesparticularités de l'individu, sa manière de se comporter dans la vie privée, etc.

; et n'indique ps la mise en action eten mouvement de cette détermination.

Je dirai donc passion entendant par là la détermination du vouloir n'ont pasun contenu purement privé, mais constituent l'élément actif qui met en branle des actions universelles.

L'intention,dans la mesure où elle est cette intériorité impuissante que courtisent les caractères faibles pour accoucher d'unesouris, n'entre évidemment pas dans nos considérations.Nous disons donc que rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont collaboré.

Cet intérêt, nousl'appelons passion lorsque, refoulant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un. »

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