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la passion de la verité conduit-elle au fanatisme ?

Publié le 03/11/2022

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« La passion de la vérité conduit-elle au fanatisme ? La vérité est rarement associée au fanatisme.

Cette recherche patiente, rigoureuse, du plus juste accord avec ce qui est n’est-elle pas, au contraire, le meilleur moyen de prévention de cette attitude figée, de cette pensée partielle et partiale qui anime le fanatisme ? Et face à la force du fanatisme, ne convient-il pas de rechercher la vérité avec la même passion que celle qui anime le fanatique, tendu vers un objectif dont rien ne saurait l’écarter ? Mais si la recherche méthodique de la vérité prévient le fanatisme, l’attachement passionné à une vérité ne peut-il pas, au contraire, le nourrir ? Il est difficile de douter d’une vérité chèrement acquise, difficilement approchée, surtout quand elle est largement partagée et se forge dans le combat contre le fanatisme.

Le héros de la vérité ne peut-il pas se gonfler d’orgueil et de certitude, rejoignant ainsi l’attitude fanatique qu’il combattait jadis ? Est-il alors possible d’éviter cet écueil ? La passion de la vérité peut-elle, en se transformant en passion de la recherche de la vérité, prévenir le péril du fanatisme ? Après avoir montré que la vérité s’oppose au fanatisme en le combattant, nous nous demanderons si cette lutte ne risque pas de contaminer la passion de la vérité en entraînant le « héros » de la vérité du côté du fanatisme.

Nous chercherons enfin à comprendre comment cette contamination peut être prévenue. (Remarque : Le travail sur les concepts doit débuter dans l’introduction.

Vous constaterez que les termes du sujet n’ont pas été définis de façon isolée et juxtaposée, mais qu’ils sont été associés dans le cadre précis du sujet dans le premier paragraphe.) Si le dialogue, la relation à l’autre, peut nous éclairer sur le chemin de la vérité, nul ne saurait dialoguer de façon féconde avec un fanatique.

Comme le signale Alain, la pensée du fanatique est « raidie », elle « se limite », « ne voit qu’un côté », « ne comprend point la pensée des autres ».

Partielle et partiale, comment une telle pensée, figée, abstraite, nous conduirait-elle vers la vérité, concrète ? La pensée des Lumières a combattu le fanatisme religieux, les superstitions, l’ignorance et l’obscurantisme. « Que répondre », demande Voltaire dans son Dictionnaire philosophique, « à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? ».

Le philosophe décrit le fanatisme comme une véritable « maladie épidémique », une « peste des âmes » que même les lois humaines peinent à combattre.

Quant à la religion, elle se révèle impuissante, elle aussi, à combattre le fanatisme puisqu’elle « se tourne en poison dans les cerveaux infectés ».

Des massacres de la Saint Barthélémy aux plus récents attentats islamistes, l’histoire est remplie de ces crimes commis par des fanatiques au nom de leur religion. La tentation est donc grande, pour s’opposer au fanatisme, de rechercher la vérité avec la même passion et de la défendre avec la même force.

La pensée scientifique a su se détacher de sa tutelle religieuse pour prendre son essor et permettre à l’homme de dominer le monde.

Des martyrs de la vérité scientifique comme Giordano Bruno (condamné à périr sur le bûché en 1600) ont, par leur mort, témoigné de la puissance du fanatisme religieux. Darwin a dû mener un difficile combat pour imposer sa perspective évolutionniste contre une vision religieuse de la nature plaçant l’homme au centre de la création, à distance des animaux.

De même, c’est avec passion que des républicains français ont cherché, au début du vingtième siècle, à séparer l’Église de l’État pour favoriser la liberté de pensée nécessaire au dévoilement de la vérité. Ce mouvement passionné vers la vérité dans le combat contre le fanatisme religieux recèle pourtant un risque, celui de conduire à un fanatisme symétrique, celui d’une contamination par le fanatisme. Ce héros de la lutte contre l’obscurantisme qu’est le scientifique peut, lui aussi, y succomber.

L’histoire des sciences montre que les idées originales furent souvent, dans un premier temps, ignorées.

Les géométries non euclidiennes furent ainsi raillées par d’éminents scientifiques.

Ostrogradski, mathématicien qui faisait autorité en Russie sous le règne de Nicolas Ier jugea très sévèrement les travaux de Lobatchevski et le discrédita auprès de l’Académie des sciences.

Le médecin hongrois Semmelweiss ne parvint pas à imposer rapidement ses pratiques empiriques d’asepsie à des collègues prisonniers de leurs certitudes et incapables d’apprécier le bénéfice que le simple lavage des mains et des instruments médicaux pouvait procurer.

Cette inertie face au progrès de la connaissance n’est-elle pas la manifestation du caractère fanatique d’une pensée scientifique trop sûre d’elle- même ? Cette pensée n'est-elle pas, comme le déclare Alain, une pensée « raidie » qui « ne comprend point la pensée des autres » ? Nous nous représentons généralement le scientifique comme un combattant de la vérité toujours soucieux de remettre en cause ses plus chères théories.

C’est ainsi que Karl Popper définit d’ailleurs la méthode scientifique, par conjectures et réfutations.

Une théorie n’est, pour Popper, scientifique que si elle est réfutable.

Le scientifique ne doit pas à chercher à confirmer mais à réfuter une théorie.

Mais le scientifique vit-il constamment dans le doute ? Ne travaille-t-il pas au contraire dans le cadre d’un paradigme donné, qu’il ne remettra généralement pas en.... »

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