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La parole et l’action

Publié le 25/01/2020

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• Sens et référence

Cette question n’est pas de pure rhétorique : ce qu’un mot signifie et ce qu’il désigne ne sont pas deux réalités identiques, comme il apparaît clairement dans les cas que le logicien allemand G. Frege a isolés sous le nom de « contextes obliques». Je puis dire, en effet, que les expressions «l’étoile du soir » et « l’étoile du matin » sont équivalentes puisqu’elles peuvent me servir à désigner le même objet (la planète Vénus). Or, selon la définition de l’identité, si deux objets sont identiques, ce qui est vrai de l’un est vrai de l’autre : je pourrai donc, dans toutes les phrases où l’une de ces expressions apparaît, la remplacer par l’autre sans modifier la valeur de vérité de la phrase ; si « l’étoile du soir brille » est vrai, « l’étoile du matin brille » est vrai aussi. Or cette permutation n’est pas toujours possible. Par exemple, la phrase : « François sait que Vénus est l’étoile du matin » peut être vraie, et la phrase : « François sait que Vénus est l’étoile du soir» fausse. Les deux expressions considérées ne sont donc équivalentes que par leur référent (l’objet qu’elles désignent : ici la planète Vénus), et diffèrent par leur sens (la façon dont elles désignent cet objet). Un « contexte oblique » est donc un emploi où il est question du sens d’une expression et non de son référent.

La dénotation d’un nom propre est l’objet même que nous désignons par ce nom ; la représentation que nous y joignons est entièrement subjective ; entre les deux gît le sens, qui n’est pas subjectif comme l’est la représentation, mais qui n’est pas non plus l’objet lui-même. La comparaison suivante éclairera peut-être ces rapports. On peut observer la lune au moyen d’un télescope. Je compare la lune elle-même à la dénotation ; c’est l’objet de l’observation dont dépendent l’image réelle produite dans la lunette par l’objectif et l’image rétinienne de l’observateur. Je compare la première image au sens, et la seconde à la représentation ou intuition. L’image dans la lunette est partielle sans doute, elle dépend du point de vue de l’observation, mais elle est objective dans la mesure où elle est offerte à plusieurs observateurs. On pourrait à la rigueur faire un montage pour qu’ils en jouissent simultanément. Chaque observateur aurait néanmoins une image rétinienne propre. Il serait déjà difficile d’obtenir une congruence

sont les seules « formes personnelles » : « il » n’est qu’un « symbole abréviateur » qui sert à reprendre la mention de l’autre quand il a précédemment été posé comme objet dans le discours : «François n’est pas venu; il doit être encore malade. » Cette forme s’applique donc, dans beaucoup de langues, aussi bien à des choses qu’à des individus* : on dit que c’est le signe de la non-personne (celui qui ne participe pas à l’actuel acte de langage) ;

2) « tu » n’apparaît que dans le discours d’un « je » : « je te parle : que fais-tu ? » ; c’est une forme du dialogue ;

3) « je » et « tu » ne peuvent se définir que par rapport à la situation de communication* ; ces formes n’ont d’existence linguistique que dans la parole : « Ces formes renvoient à l’énonciation chaque fois unique qui les constitue1. »

Or, autour de ce pivot «je/tu», toutes les langues s’organisent en deux systèmes que l’on peut désigner comme le plan de dénonciation (acte de discours dans une communication actuelle) et le plan de dénoncé (le contenu de cette énonciation, ce dont on parle). Ainsi, toutes les conjugaisons sont organisées par rapport à l’axe du «présent» qui ne désigne rien d’autre que le moment où je parle à quelqu’un : « je mange» = «je suis en train de manger au moment où je te le dis » ; « il mange » = « il est en train de manger au moment où je te le dis». De plus, toute une série de formes ne se comprennent que par rapport au moment où le discours est prononcé : ceci, ici, maintenant, hier, demain, il y a trois jours, dans trois jours, etc. On les appelle embrayeurs de l’énonciation, et elles s’opposent à une série de formes parallèles de l’énoncé : là, alors, le jour même, la veille, le lendemain, trois jours avant, trois jours plus tard, etc. (comparez : « je l’ai rencontré il y a cinq jours »/« il s’était marié trois jours avant »). Ces signes permettent à chaque individu d’assumer le langage pour son propre compte : « Le langage est ainsi organisé qu’il permet à chaque locuteur de s’approprier la langue entière en se désignant comme je » (Benveniste).

« • Sens et référence Cette question n'est pas de pure rhétorique : ce qu'un mot signifie et ce qu'il désigne ne sont pas deux réalités identiques, comme il apparaît clairement dans les cas que le logicien allemand G.

Frege a isolés sous le nom de «contextes obliques».

Je puis dire, en effet, que les expressions «l'étoile du soir» et «l'étoile du matin» sont équivalentes puisqu'elles peuvent me servir à désigner le même objet (la planète Vénus).

Or, selon la définition de l'identité, si deux objets sont identiques, ce qui est vrai de l'un est vrai de l'autre : je pourrai donc, dans toutes les phrases où l'une de ces expressions apparaît, la remplacer par l'autre sans modifier la valeur de vérité de la phrase; si «l'étoile du soir brille» est vrai, «l'étoile du matin brille» est vrai aussi.

Or cette permutation n'est pas toujours possible.

Par exemple, la phrase : «François sait que Vénus est l'étoile du matin» peut être vraie, et la phrase : «François sait que Vénus est l'étoile du soir» fausse.

Les deux expressions considérée~ ne sont donc équivalentes que par leur référent (l'objet qu'elles désignent : ici la planète Vénus), et diffèrent par leur sens (la façon dont elles désignent cet objet).

Un «contexte oblique» est donc un emploi où il est question du sens d'une expression et non de son référent.

La dénotation d'un nom propre est l'objet même que nous désignons par ce nom ; la représentation que nous y joignons est entièrement subjective ; entre les deux gît le sens, qui n'.est pas subjectif comme l'est la représentation, mais qui n'est pas non plus l'objet lui-même.

La comparaison suivante éclairera peut-être ces rapports.

On peut observer la lune au moyen d'un télescope.

Je compare la lune elle-même à la dénotation; c'est l'objet de l'observation dont dépendent l'image réelle produite dans la lunette par l'objectif et l'image rétinienne de l'observateur.

Je compare la première image au sens, et la seconde à la représentation ou.

intuition.

L'image dans la lunette est partielle sans doute, elle dépend du point de vue de l'observation, mais elle est objective dans la mesure où elle est offerte à plusieurs observateurs.

On pourrait à la rigueur faire un montage pour qu'ils en jouissent simultanément.

Chaque observateur aurait néanmoins une image rétinienne propre.

Il serait déjà difficile d'obtenir une congruence 40. »

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