La notion d'égalité dans le domaine économique et dans le domaine politique. ?
Publié le 22/06/2009
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Les hommes naissent inégaux : les uns mal bâtis, les autres beaux et forts; les uns avec une intelligence lente, les autres doués d'un esprit pénétrant et prompt. Contre ce fait, nous ne pouvons rien. Mais ce que l'homme moderne n'admet plus, c'est que la législation positive ajoute aux inégalités qui résultent inévitablement du jeu des lois naturelles : il abhorre le privilège, c'est-à-dire les lois particulières (leges privae) ou les mesures d'exception en faveur d'individus déterminés ou d'une catégorie spéciale d'individus, Louis Madelin aime le répéter; les électeurs des États généraux de 17891 n'aspiraient qu'à l'égalité, et c'est pour ne pas avoir ordonné la fusion des représentants des classes privilégiées avec ceux du tiers état que Louis XVI déclencha la révolution. Mais une fois affirmé le principe de l'égalité de tous les citoyens devant la loi, toute difficulté n 'est pas levée. La pratique de la vie pose de graves problèmes que le philosophe, dans sa tour d'ivoire, n'avait pas prévus. Il faut périodiquement rajuster les conceptions, et on passe par des périodes de tâtonnement. Nous avons bien l'impression de tâtonner lorsque nous cherchons à préciser la notion d'égalité dans le domaine économique et dans le domaine politique.
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supplémentaire : c'est le profit.
Autrefois, le profit était partagé entre les actionnaires et la direction.
Ce mode derépartition semble bien violer l'égalité économique.
Car, si le succès d'une entreprise dépend avant tout de sagestion, la collaboration de travailleurs subalternes a aussi son importance.
L'égalité demanderait donc qu'ouvriers etemployés participent, dans une certaine mesure et dans certaines conditions, au profit réalisé par l'entreprise.A chacun selon son rendement reste donc le principe essentiel de l'égalité économique.
Quel sera le principe del'égalité politique ?
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On appelle politique tout ce qui concerne le gouvernement d'un pays : soit l'administration intérieure, par exemple lanomination des détenteurs du pouvoir et l'élaboration des lois; soit les relations du pays avec les pays étrangers.
Ily a une politique intérieure et à l'intérieur une politique du blé et du vin, une politique de la natalité, une politique del'instruction, une politique religieuse; il y à une politique extérieure, se concrétisant en des traités commerciaux oudes alliances militaires et aboutissant parfois à la guerre.Des États sont politiquement égaux quand il n'y a de l'un à l'autre aucune suprématie.
Ainsi la France et l'Angleterretraitent sur le pied d'égalité, tandis que le sultan du Maroc dépend, dans une large mesure, du Gouvernementfrançais.Mais; par égalité politique, on entend ordinairement l'identité des droits des citoyens à prendre part augouvernement de leur pays, c'est-à-dire, en fait, l'identité du droit de vote et du droit d'éligibilité.
L'égalité politique,c'est l'égalité devant l'urne.
Il n'y a pas d'égalité politique lorsque les sièges d'une assemblée législative sonthéréditaires dans certaines familles.
L'égalité absolue n'est pas encore réalisée en France, dans le domaine politique,puisque les femmes ne sont ni électriques ni éligibles.
L'égalité absolue exigerait que tous les êtres ayant l'usage dela raison bénéficient des mêmes droits : une voix pour chacun et possibilité pour tous d'accéder aux plus hautescharges de l'État.Voilà du moins la conception commune de l'égalité politique absolue.
Maie, il n'est pas besoin de beaucoup deréflexion pour le voir, cette égalisation systématique ne tient pas compte de la réalité et établit, sous le nomd'égalité, une choquante inégalité.L'individu, nous l'avons dit, n'est qu'une abstraction.
Il en est de même du citoyen.
Le citoyen est, en fait,célibataire ou père de famille, ouvrier ou chef d'entreprise, illettré ou docteur ès sciences...
De même que le principede l'égalité économique demande que chacun soit rétribué suivant son rendement, de même le principe de lavéritable égalité politique sera : à chacun suivant ses responsabilités et ses capacités.
Sur ce principe, on pourraitfonder un vote familial, le pouvoir politique de chacun étant proportionnel au nombre d'individus dont il a la charge.Ce pouvoir pourrait aussi varier avec le rôle de chacun dans la société, être proportionné aux impôts qu'il doitacquitter, aux obligations militaires qui lui incombent, augmenter avec son instruction ou au fur et à mesure de sonascension dans la hiérarchie de sa profession...Une répartition des bulletins de vote dans laquelle on ferait entrer en ligne de compte les aptitudes de chaquecitoyen à donner un avis prudent et éclairé sur la marche des affaires publiques, au lieu d'établir l'inégalité politique,la supprimerait; car c'est une véritable inégalité de donner une importance égale à des opinions de valeur si inégale,d'accorder le même bulletin de vote au maréchal de France et au premier chemineau venu.
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L'égalité économique et l'égalité politique, si différentes à première vue, se fondent en définitive sur le mêmeprincipe essentiel : à chacun suivant son rendement, suivant son rendement dans l'entreprise et suivant sonrendement dans la société.
Sans doute, moralement, tout homme a une fin à atteindre, et de ce fait nous devonsreconnaître au moindre de nos concitoyens une dignité qui enlève aux autres le droit de se servir de lui comme d'unpur moyen.
De plus, la société se doit d'assurer à tous ses membres le minimum nécessaire pour vivre une vied'homme.
Mais les aptitudes sont différentes; les mêmes aptitudes, suivant l'effort personnel de chacun, obtiennentdes résultats différents.
Le principe à chacun suivant son rendement' est précisément le seul stimulant qui puisseamener l'homme à tirer de soi le plus possible pour la réalisation de toutes ses virtualités et pour le bien général..
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