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La notion de sacré n'est-elle que religieuse ?

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Aux origines du sentiment du sacré, il n'y a pas seulement, comme le prétend René Girard, la violence. Il y a surtout l'homme qui connaît sa faiblesse, qui sait au fond de lui-même qu'il est seul ici-bas. D'où cette bipartition entre monde profane et monde sacré. Ce qui est sacré est ce qui est suprahumain. Ce qui est suprahumain est d'essence divine. Le divin commande à l'homme de respecter scrupuleusement certaines règles qui sont autant de moyens pour lui de conduire son existence avec certitude. Même lorsque le sacré s'applique à des réalités profanes telles que l'argent, il faut néanmoins reconnaître derrière cette manifestation appauvrie de la sacra-lité la marque, aussi ténue soit-elle, d'une religiosité ancestrale.

« Le senti ment du sacré ne coïncide pas avec le senti ment religieux L'on peut être athée et cependant se soume ttre au sacré.

Le sentiment du sacré n'a pas de dim ension transcendante.

Il s'a ncre dans la violence et cette réalité hum aine qu e constitue la vie en société.

Le sentiment du sacré peut être immanent P our certains, sacrés sont les liens de sang, pour d'autres, sacré est 1' arge nt, pour le «Dans de nom breuses langues ( ...

), il existe des termes qui rendent mani· feste la non-d ifférence de la violence et du sacré.» René Girard, La Violence et le sacré superstitieux, sacré est tel objet fé tich e.

Ces ex emples suffisent à .

montrer que le senti­ ment du sacré peut exister indépendam­ ment de toute croyance religie use.

Rien n'est plus éloigné de la reli­ giosité que l'amour exclusif de l'argent.

Le sacré n'est pas le religieux R en é Girard , dans La Violence et le sacré, a pour ambition de fournir une théorie non religieuse du sacré.

Pour lui, le sacré s'en­ racine dans la crainte éprouvée par toute société de voir se repro­ duire une violence ori­ ginaire , dévasta trice, qui se serait propagée à l' aube de l'humanité et qui aurait mis en péril les fondements de l'or­ ganisation sociale.

To ute violence non sacrificielle est impure L es hommes, afin d' éviter la propaga­ tion de la vio lence, la canalisent au cours de sacrif ices rituels qui miment la violence impure, celle qui, à la manière d'une épidé­ mie, se propage au sein d'u n groupe humain en semant la mort.

Le point de vue de René Girard permet donc une inter­ prét ation non reli­ gieuse des sources du sacré.

Le sentiment du sacré n'est pas étroitement et systématiquement associé au religieux.

Peuvent être sacrées des choses que la religion tient pour profanes.

La violence n'a aucune dimension transcendante.. »

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