La notion de paradis a-t-elle un sens exclusivement religieux ?
Publié le 28/02/2004
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RELIGION (lat. religare, relier, attacher)
La religion est, selon son étymologie, un lien ou une mise en relation : elle relie les hommes à plus haut qu'eux, à une puissance qui les dépasse infiniment, les transcende. Ainsi, la religion semble s'opposer à la société, qui est le lien des hommes entre eux. L'homme serait donc à la fois social et religieux, ce double lien pouvant engendrer des conflits comme en témoigne l'histoire de la chrétienté occidentale qui a vu souvent s'affronter l'autorité politique, représentant la société, et l'autorité sacerdotale, représentant la religion. Cependant, le monde antique se caractérisait plutôt par une indistinction entre lien social et lien religieux : pour un Athénien du Ve siècle, la religion n'est pas une affaire privée, mais le signe de son appartenance à la communauté. Aucun lien personnel ne l'attache à un Dieu , les cultes divins étant d'abord des cultes publics. Il faut donc distinguer la religion grecque, qui est une religion sociale, puisque dans sa religion chaque cité s'adore elle-même et magnifie ses vertus, de la religion chrétienne qui suppose avant tout une relation personnelle à Dieu . Or, comme le souligne Hegel, une religion qui se définit strictement par le lien social ne peut prétendre à l'universalité. Ainsi, la multiplicité des dieux grecs les conduit à se combattre et à se haïr comme le feraient des hommes. Hegel évoque alors l'« oubli comique de leur nature éternelle », et conclut que le vrai sentiment religieux ne peut se retrouver dans cette forme de religion sociale. La vraie religion serait donc le christianisme, religion de l'homme libre, qui sépare nettement lien social et lien religieux. Parce que Jésus dit tu à tout homme, abstraction faite des liens sociaux dans lesquels il est pris, la religion chrétienne « rend à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».
SENS (lat. sensus; de sentire, sentir, juger)
Mot qui rencontre en français trois grandes acceptions bien distinctes : soit il désigne toutes sortes de facultés, faculté de sentir ou de juger (1), soit il est syn. de signification (2), soit il évoque simplement l'orientation d'un mouvement (3). 1. Terme équivoque qui désigne aussi bien la faculté d'éprouver des sensations (les cinq sens), les sens comme organes récepteurs, la faculté de connaître intuitive (sens intime ou sens intérieur sont alors parfois syn. de conscience), le jugement (comme dans l'expression usuel « à mon sens »), par suite le bon jugement (le bon sens, syn. de raison, ou sens commun), mais aussi le sens moral (la faculté innée de reconnaître intuitivement le bien et le mal, la conscience morale en tant que pouvoir d'appréciation ou de discernement); 2. d'abord, intention de celui qui parle ou agit (ce qu'il veut dire ou se propose de faire, sens d'une phrase ou d'une démarche), puis valeur objective d'un signe, telle qu'elle est fixée par l'usage ou par une convention (acception d'un terme); 3. syn. de direction dans le langage courant (le sens des aiguilles d'une montre). Or, pour l'homme, la question de la signification et de l'orientation se recoupent souvent : ainsi, quand nous cherchons à déterminer le sens de notre existence, nous nous demandons à la fois quelle est sa finalité (en vue de quelle fin agissons-nous ?) et quelle signification lui donner (pourquoi ma vie vaut-elle d'être vécue ?). Les existentialistes ont montré que c'est mon projet (la direction que je lui insuffle librement) qui donne sens à ma vie, qui fait qu'elle signifie quelque chose. De même, la question du sens de l'Histoire pose le double problème de sa direction et de sa signification, c.-à-d. pour les philosophes modernes celui de sa finalité.
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