La notion de cause

Nous savons d'autre part que la source de ces conceptions empiristes est à chercher dans le nominalisme. Si en effet toute notre connaissance authentique est limitée aux faits et phénomènes sensibles, il suit de là que nous ne pouvons prétendre à connaître des causes réelles, puisque cette connaissance dépend de celle des natures et des essences. Pour les sens, il n'y a que des successions. - Le postulat empiriste est d'ailleurs avoué par KANT de la manière la plu~ claire. La causalité, dit-il, consiste à relier deux perceptions. Or comme «cette liaison n'est pas l'oeuvre du simple sens et de l'intuition (sensible) «, elle ne peut être que «le produit d'une faculté synthétique de l'imagination, qui détermine le sens intime relativement au temps. C'est cette faculté qui relie entre eux les deux états «, c'est-à~dire transforme en rapport causal un rapport qui, objectivement, n'est que pure succession. On voit que cette argumentation consiste à négliger purement et simplement l'hypothèse où l'intelligence serait capable de saisir, dans le donné sensible lui-même, un rapport que les sens, comme tels, ne peuvent appréhender.