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La nature peut-elle être mauvaise ?

Publié le 17/09/2015

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Les thèses de Rousseau font un usage clairement polémique de l’idée de naturel. Elle sert de levier pour critiquer les institutions édifiées par les différentes cultures. Nature est opposée à convention. Il devient ainsi possible de juger et de condamner le développement de la civilisation qui dénature l’essence de l’homme en la soumettant aux artifices que les mœurs et les gouvernements ont inventés. On peut de plus faire valoir que ces règles sont relatives à des époques données. Elles construisent des systèmes de valeurs particuliers que le temps emporte inéluctablement. Face à cette diversité, l’idée d’un ordre naturel affiche son universalité et sa permanence immuable. Il prétend dominer le cours de l’histoire. Le naturel est donc élevé au rang de norme. Jean Ehrard l’a fortement souligné dans son étude sur le siècle des Lumières : « Dans le combat que livrent les philosophes, l’idée de nature est leur arme la plus efficace, à la fois contre la tyrannie du surnaturel et contre l’artifice de certaines conventions sociales. » Nous voyons clairement que la représentation du naturel n’a rien d’une donnée d’expérience mais résulte d’un engagement moral et politique destiné à combattre les superstitions qui enchaînent le grand nombre et font le jeu de ses oppresseurs. Le recours à l’idée de nature humaine permet justement de définir négativement un certain nombre de conduites et de croyances jugées intolérantes, attentatoires à la dignité de l’homme. Aux religions révélées, donc historiques, s’oppose une religion naturelle conforme aux exigences universelles de la raison, et aux morales fondées sur des coutumes, des commandements respectueux d’autrui quelles que soient les circonstances.

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