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La nature fait-elle bien les choses ?

Publié le 23/03/2022

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« Il est difficile de ne pas éprouver un sentiment ambivalent lorsque l’on observe la nature : de l’admiration face à la beauté de ses créations mais aussi de l’effroi face aux catastrophes et aux souffrances qu’elle peut provoquer.

Dans ces conditions, on peut se demander si «la nature fait bien les choses ».

Les productions de la nature sont-elles conformes à ce qu’elles doivent être ? La nature parvient-elle à réaliser au mieux son but, son intention ? Mais, on peut se demander si une telle question est légitime puisqu’elle ne revient pas à prêter une intention à la nature comme si elle pouvait être douée de volonté et à évaluer ses productions ? Et enfin, la question du bien et du mal a-t-elle du sens du point de vue de la nature ? L’observation un peu attentive de la nature ne cesse de nous étonner.

Elle recèle tant de beautés et d’ingéniosités que l’homme n’a cessé depuis l’Antiquité de s’extasier sur les productions de la nature au point de voir en elle un modèle à imiter.

En outre, elle procède le plus souvent avec une économie de moyen qui laisse nos techniciens songeurs.

Ces qualités ont depuis longtemps conduit les hommes qui vivaient au contact de la nature à voir en elle un être ou une réalité dotée d’une intention.

Exemple : l’animisme.

Il est vrai que l’harmonie ou encore l’agencement des choses de la nature semble trop parfait pour que l’on puisse rejeter l’idée qu’elle agit selon un plan ordonné.

Telle est la thèse du finalisme (interne).

Les choses n’ont pas lieu au hasard car le hasard est source de désordre voire de dégradation si l’on s’en tient à la théorie de Carnot (second principe de la thermodynamique). Cependant, en toute rigueur, on n’a pas le droit d’affirmer que la nature obéit à des finalités.

En effet, rien ne permet de le démontrer car la finalité ou le but visé n’est pas une cause dont on puisse montrer l’existence ; la finalité ne se donne pas à voir dans le cadre d’une expérimentation.

Dans ces conditions, on peut tout au plus faire l’hypothèse de l’existence d’une fin pour rendre intelligible le développement ou la production naturelle.

Pour un mécaniste comme Descartes, il n’est pas rigoureux de dire que la nature fait bien les choses.

Une telle affirmation cède à l’anthropomorphisme ; elle projette sur la nature une intention humaine c’est-à-dire qu’elle dote la nature d’une volonté à l’image de l’homme.

Pour Descartes, elle ne fait ni bien, ni mal ; elle fait purement et simplement ou encore aveuglément.

C’est de notre point de vue à nous que cela apparaîtra bien mais aussi parfois mal (cf.

les monstres).

Ainsi non seulement ce n’est pas rigoureux mais on peut même dire que c’est faux ! Darwin et ses partisans ont établi paradoxalement le fait que le hasard fait bien les choses.

L’évolution naturelle c’est-à-dire le passage d’être vivants à des êtres complexes est assurément le fruit du hasard : elle procède des erreurs de réplication génétique.

Il n’y a là aucune intention.

Ces erreurs de réplication produisent d’ailleurs des êtres adaptés ou inadaptés.

C’est le milieu naturel ou encore la nature qui opère la sélection puisque les êtres qui ne sont pas adaptés disparaissent ou finissent par disparaître progressivement.

La relative perfection du vivant est donc simplement le fruit d’une élaboration progressive et hasardeuse.

Si le hasard plutôt que la nature fait bien les choses c’est dans la mesure où des organismes trouvent provisoirement un équilibre ou modus vivendi avec l’écosystème. »

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