La musique italienne des XVIIe et XVIIIe siècles
Publié le 26/02/2010
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L'histoire de la musique italienne au XVIIe et au XVIIIe siècles apparaît à l'esprit ébloui comme une voie lactée de laquelle émergent les éclatantes étoiles de première grandeur de Monteverdi, Carissimi, Frescobaldi, Corelli, Vivaldi, Scarlatti et Pergolèse, pour n'en citer que quelques-unes, parmi les plus grandes. En ces deux siècles, apparaissent l'opéra, l'oratorio, la cantate, le concerto grosso et la sonate. Dans le domaine de l'orchestration, de l'harmonisation, et dans la technique des principaux instruments, les maîtres italiens de cette époque atteignirent des résultats et des sommets tels que leurs successeurs n'y purent ajouter que bien peu de chose. La terminologie musicale actuelle est encore un vivant témoignage de la prépondérance du génie latin à cette époque. Les compositions de Claude Monteverdi demeureraient en partie une énigme à qui ne tiendrait pas compte des expériences florentines faites dans les maisons Bardi et Corsi vers la fin du XVIe siècle. Déjà les théoriciens de la Camerata de Florence avaient envisagé l'organisation du spectacle scénique, condamné le contrepoint et proposé la monodie accompagnée avec basse chiffrée (ou basse continue), et avaient tendu à la création d'un style vocal approprié à la déclamation théâtrale. Eurydice, composée par Jacopo Peri sur les paroles du poète Ottavio Rinuccini, fut représentée avec un succès considérable à Florence en 1600, à l'occasion du mariage d'Henri IV avec Marie de Médicis. Si cet opéra forme le début de l'histoire du mélodrame, l'oratorio s'affirme avec la Rappresentazione di anima e corpo d'Emilio del Cavaliere, donnée la même année à Rome. De même le chanteur et compositeur Gialio Caccini, avec ses Monodies, qu'il publia en 1601 et qu'il qualifia pompeusement de Musique nouvelle, ne fut pas sans influencer le développement des tendances nouvelles. Les maîtres d'une certaine importance à cette époque furent Falconieri, Marini, Milanuzzi, Durante, Cifra, Branetti et Nighetti, en ce qui concerne le développement amorcé par Caccini, et Marco da Gagliano comme successeur de Peri. Il convient d'honorer d'une mention spéciale Lorenzo Allegri, si oublié aujourd'hui, dont les ballets (qui remontent environ à 1610), sont d'une grande importance.
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principalement ce genre de compositions.
Plus précisément : à Bologne avec les Oeuvres d'Arresti, Cassati (Cainocondannato, 1664), G.-A.
Manara (Conversione di Sant'Agostino, 1672), G.-B.
Vitali (Giona, 1689, Agar, 1671,Jephté, 1672), Legrenzi Perti ; à Modène, avec Ferrari (Sansone), Stradella (San Giovan Battista, Ester, SantaPelagia), Bononcini (Davide, 1687) et Pasquini (Sant'Agnese, 1677) ; à Rome, avec Berti, Bicilli, Corsi, Foggia etStamigna ; à Florence, avec Pitoni, les deux Veracini et Melani ; à Venise, avec Legrenzi et Polaroli.
L'importance de Carissimi ne doit pas être attribuée au fait qu'il dota l'oratorio de sa forme fondamentale(introduction de l'alternance du style monodique et de la polyphonie chorale), mais à la conquête de l'expression etd'un style personnel.
Comme toujours, les procédés rhétoriques sont reçus par l'artiste lui-même, qui synthétise etrésout tous les problèmes de forme selon son propre génie.
Carissimi a créé également la forme nouvelle de lacantate, réalisant en cela un type de composition qui servira ensuite de modèle à de très nombreux maîtres detoutes les nations.
Comme nous l'avons déjà vu, l'opéra, l'oratorio, la cantate sont les fruits les plus purs, les plus typiques du nouveaustyle italien.
Si ces formes furent employées pour les compositions plutôt vocales, la toccata, la sonate et leconcerto grosso en formeront l'équivalent dans le domaine purement instrumental.
Dans la ligne de Gabrieli et deClaude Merulo se place Girolamo Frescobaldi (1583-1643), qui marqua de son génie la littérature de l'orgue et duclavecin au XVIIe siècle.
Sa figure représente, comme celle de Palestrina, le point culminant et en même temps lepoint final d'une époque.
Organiste à Saint-Pierre de Rome, ses remarquables qualités de virtuose lui attirèrentjusqu'à trente mille auditeurs.
Il porta la forme de la toccata, du capricio, de la fantasia, du ricercare et de lacanzone à une perfection géniale, aussi bien sous le rapport du contenu que de la technique.
Bernardo Pasquinisuivit ses traces, et surtout Scarlatti (1659-1725).
La canzone (monodique) et la canzone da sonar furent des éléments déterminants dans le développement desnouvelles formes musicales.
La première, enrichie de quelques mouvements, produit l'ébauche de la sonate, et laseconde, le trio instrumental.
La sonate à son tour prendra diverses formes et sera appelée tantôt de chambre,tantôt d'église.
La nouvelle musique instrumentale ne fut pas sans influencer la facture des instruments eux-mêmes,et il est impossible de parler de l'art du violon au XVIIe siècle sans faire tout au moins allusion à l'art sans égal desluthiers italiens dont les plus grands noms sont : Andrea (1535-1611) à Crémone, Maggini (1580-1632) à Brescia,Stradivarius (1644-1737) et Bergonzi que suivirent les Guadagnini, Guarneri et d'autres.
Les compositeurs qui sedistinguèrent dans les nouvelles formes instrumentales furent Rossi (1613), Marini, Farina, Merula, Cassati, Neri,Legrenzi, Vitali (1667) et Bassani (1680).
Quelques-uns des maîtres cités ci-dessus (tels Farina et Legrenzi) préparèrent le terrain à un nouveau grand génielatin : Arcangelo Corelli (1653-1713).
Ce fut lui qui porta la forme de la sonate à sa maturité, lui conférant ainsi uneimportance historique fondamentale.
Le concerto grosso, la forme instrumentale la plus complète et la plusintéressante depuis l'avènement du baroque musical en Italie, est presque entièrement la création de Corelli.
SonOeuvre est à l'origine de la floraison magnifique d'Oeuvres analogues créées par Geminiani, Locatelli, Albinoni, Vivaldi,Torelli, dall'Abaco et Tartini.
Parmi eux, retenons particulièrement Tommaso Albinoni de Venise (1676-1745) dont laclarté de style porta le concerto italiano de la dernière période du baroque à un degré remarquable de maturité, debeauté et de perfection.
Antonio Vivaldi, connu sous le surnom de prêtre roux, est une autre gloire de l'écolevénitienne de l'époque, et plus célèbre encore que les précédents.
Ses vingt-quatre concertos pour violon sont devrais chefs-d'Oeuvre, où s'affrontent, d'une part, la sobriété et le caractère latin et, d'autre part, la fluidité desthèmes et l'équilibre des proportions.
Seul Giuseppe Tartini devait parvenir à lutter avec succès contre Vivaldi, et,véritablement, on ne saurait dire que ses sonates et ses concertos montrent moins de génie que ceux du prêtreroux.
Tartini fut également un grand virtuose et un grand professeur de violon.
C'est de l'école qu'il fonda à Padoueque sortirent les Italiens Nardini, Pugnani, Pasqualini, les Allemands Naumann et Graun et les Français Pagin etLahoussaye.
Alexandre Scarlatti, qu'il convient de citer comme un maître dans la composition pour clavecin, n'a pas uneimportance moins considérable dans le domaine de l'opéra.
Compositeur d'une prodigieuse fécondité (115 opéras,200 messes, environ 700 cantates, nombre d'oratorios, etc.), il s'est acquis un mérite particulier dans l'histoire de lamusique instrumentale en créant la symphonie.
Il l'adopte comme introduction à l'opéra, mais cependant, à la formequ'il lui donne (trois parties : allegro, adagio, allegro), nous pouvons déjà distinguer les prémices d'un développementqui atteindra avec Beethoven son point culminant.
Domenico Scarlatti, aussi célèbre que son père Alexandre commevirtuose et compositeur de musique pour clavier, naquit à Naples en 1685 et y mourut en 1757.
En Francesco Provenzale, prédécesseur de Scarlatti, l'histoire honore le fondateur de l'école napolitaine.
Il convientencore de mentionner, comme compositeur d'opéras à cette époque, Leonardo Leo, qui s'impose en outre à notremémoire comme excellent compositeur de musique instrumentale et de musique d'église.
Retenons égalementl'importance de Francesco Durante comme compositeur d'une musique d'église dont la transparence et la douceurparticulières suscitèrent une grande admiration.
Ses élèves furent Traetta, Leonardo Vinci (le maître du dolce stilenuovo), Jommelli, Sacchini, Guglielmi et Paesiello.
Parmi ces artistes, retenons particulièrement Nicolo Jommelli etTommaso Traetta.
Ce dernier composa environ quarante-deux opéras, et l'effet de certains procédésmélodramatiques qu'il inventa font pressentir de loin l'avènement de Verdi.
Nous parvenons ainsi au grand maître de l'opéra-bouffe napolitain : Pergolèse (1710-1736) qui, avec son intermezzola Maîtresse servante, obtint un succès immense et mérité, et féconda de nouvelles formes qui s'étaient épanouieshors d'Italie.
Dans l'opéra napolitain, Pergolèse est le plus remarquable compositeur de la période vincienne (de Vinci.
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