La mort ôte-t-elle tout sens à l'existence humaine ?
Publié le 04/02/2004
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C. « Le courage consiste à ne pas craindre la mort.
Or, comme la mort est la séparation de l'âme d'avec le corps, cette séparation ne saurait effrayer celui qui aime à être seul. « Plotin, Ennéades, Ille s. apr. J.-C. « Ne méprise pas la mort, mais fais-lui bon accueil, comme étant une des choses voulues par la nature. « Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, IIe s. apr.
— Il s'agit bien dans cette question de l'existence humaine en tant que telle : ne pas l'oublier en cours de rédaction. — Est-il possible d'inverser la question, et de se demander si la mort donne son sens à l'existence humaine ? Qu'en résulte-t-il ? — La question implique que l'existence humaine a un sens : est-il concevable que l'on nie l'existence de ce dernier ? Le sens est-il présent avant l'existence de l'homme, ou se manifeste-t-il au contraire au cours de cette dernière ? — La mort se manifeste comme fin de la temporalité humaine : à quoi peut être consacrée cette dernière ? Il semble difficile d'admettre que l'homme n'y ferait rien d'autre qu'attendre la mort.
«
; il n'en reste pas moins que l'affirmation d'un terme à l'histoire retrouve quelque chose d'une conception de l'hommecomme appelé à réaliser sur terre un projet qui le dépasse.
« Philosopher c'est apprendre à mourir.
» Montaigne, Essais, 1580-1588. Montaigne prône ici la « pré-méditation » de la mort.
Pour combattre la crainte qu'elle suscite en nous, il fautl'apprivoiser, nous faire à son idée, nous habituer à elle : «N'ayons rien si souvent en tête que la mort », dit-il plusloin.
« La préméditation de la mort est préméditation de la liberté.
Qui a appris à mourir, il a désappris à servir.
»Montaigne, Essais, 1580-1588.S'accoutumer à l'idée de notre propre mort, c'est nous libérer de la frayeur qu'elle nous inspire.
Ainsi, apprendre àmourir, c'est proprement nous libérer progressivement de la servitude en laquelle nous tient la crainte de la mort.
« Un homme libre ne pense à aucune chose moins qu'à la mort; et sa sagesse est une méditation non de la mortmais de la vie.
» Spinoza, Éthique, 1677 (posth.)
« On ne cesse de penser à la mort qu'en cessant de penser.
» Marcel Conche, La Mort et la Pensée, 1973.
« Que la mort, l'exil et tout ce qui te paraît effrayant soient sous tes yeux chaque jour; mais plus que tout, lamort.
Jamais alors tu ne diras rien de vil, et tu ne désireras rien outre mesure.
» Épictète, Manuel, vers 130 apr. J.-C.
« En s'occupant de philosophie comme il convient, on ne fait pas autre chose que de rechercher la mort et l'étatqui la suit.
» Platon, Phédon, Ive s.
av.
J.-C.
« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions tranchées qu'ils ont sur les choses; parexemple, la mort n'a rien d'effrayant, [...] mais c'est l'opinion tranchée selon laquelle la mort est effrayante qui estelle-même effrayante.
» Épictète, Manuel, vers 130 apr.
J.-C.
« La mort, si nous voulons nommer ainsi cette irréalité, est la chose la plus redoutable.
» Hegel, La Phénoménologie de l'Esprit, 1807.
« Ce qui, pour l'homme, est le principe de tous les maux et de sa bassesse d'âme et de sa lâcheté, ce n'est pas lamort, mais bien plutôt la crainte de la mort.
» Épictète, Entretiens, vers 130 apr.
J.-C.
« Le courage consiste à ne pas craindre la mort.
Or, comme la mort est la séparation de l'âme d'avec le corps,cette séparation ne saurait effrayer celui qui aime à être seul.
» Plotin, Ennéades, Ille s.
apr.
J.-C.
« Ne méprise pas la mort, mais fais-lui bon accueil, comme étant une des choses voulues par la nature.
» Marc- Aurèle, Pensées pour moi-même, IIe s.
apr.
J.-C.
« Dès qu'un humain vient à la vie, il est déjà assez vieux pour mourir.
» Heidegger, Être et Temps, 1927.
« [La] condition nécessaire à la possibilité même d'une évolution, c'est la mort.
Non pas la mort venue du dehors,comme conséquence de quelque accident.
Mais la mort imposée du dedans, comme une nécessité prescrite, dèsl'oeuf, par le programme génétique même.
» François Jacob, La Logique du vivant, 1970. La mort est en effet inscrite dans le programme génétique de toute cellule vivante.
C'est elle qui rend lareproduction (et donc la perpétuation de l'espèce) possible.
Sans la mort, il n'y aurait pas de vie.
« La croyance à la nécessité interne de la mort n'est peut-être qu'une de ces nombreuses illusions que nous noussommes créées pour nous rendre "supportable le fardeau de l'existence".
» Freud, Essais de psychanalyse, 1923.
« Familiarise-toi avec l'idée que la mort n'est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation;or, la mort est privation de toute sensibilité.
» Épicure, Lettre à Ménécée, ive s.
av.
J.-C.
« Celui des maux qui fait le plus frémir n'est rien pour nous, puisque tant que nous existons, la mort n'est pas, etque, quand la mort est là, nous ne sommes plus.
» Épicure, Lettre à Ménécée, IIIe s.
av.
J.-C..
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