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La mort ôte-t-elle tout sens à l'existence humaine ?

Publié le 18/01/2004

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III La mort comme fondement du sens de l'existence : Heidegger et Blanchot

- Heidegger : la mort comme évènement nécessairement à venir structure la forme même de notre existence comme "être-pour-la-mort" (Etre et temps). C'est cette possibilité fondamentale du néant de notre existence, de l'absence totale de sens, qui est en arrière-plan de nos existences : c'est donc à partir de cette pensée nécessaire (que la mort est possible, qu'elle viendra) que l'être humain conçoit ses projets, lesquels constituent le sens de son existence, comme une mise à distance consciente de la mort. -Blanchot : la mort n'est pas seulement l'évènement négatif qui vient fonder la possibilité de nos projets positifs. Elle est aussi l'évènement qui est à la fois le plus absurde, car il nous coupe de toutes nos possibilités, et le plus personnel, le plus propre à notre existence : personne ne peut mourir à notre place, notre mort est notre acte le plus individuel et solitaire. Dès lors, Blanchot sépare la mort comme phénomène naturel absurde et le "mourir" comme évènement plein du sens, suprêmement signifiant pour notre existence (L'Espace littéraire).

  • Bien centrer le devoir sur l'existence humaine en tant que telle.
  • Comment décliner le « sens « que peut avoir l'existence : signification ou direction globale ?
  • Sujet qui touche à de nombreux domaines : la religion, l'histoire, l'anthropologie.
  • Si l'on inverse le problème, qu'en résulte-t-il ? Peut-on admettre que c'est la mort qui confère du sens à notre existence ?

« toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme unsensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mortn'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. -Spinoza : la mort est un évènement qui ne peut venir de notre propre puissance de vie, qui tend naturellement àse conserver.

Elle est le fruit de rencontres extérieures trop puissantes, qui viennent menacer l'expression du sensde notre existence, constitué par nos désirs comme expressions de notre tendance à la conservation ( Ethique ).

La mort marque donc l'abolition du sens de notre existence, comme signe d'une faiblesse la puissance de cetteexistence face aux autres puissances du monde. II La mort comme négation d'un sens existentiel : Freud et Nietzsche -Freud : la pulsion de mort est présenté comme un principe qui vient s'opposer à l'action formatrice de l'enérgiepsychique qu'exerce notre conscience.

Elle est une tendance naturelle vers la décomposition psychique, et vers ladestruction du sens qui soutient notre existence (structure du moi comme compromis entre le ça pulsionnel et lesurmoi moral) ( Le ça et le moi ).

La mort est donc chez Freud un principe de destruction du sens de l'existence qui lui est soutenu par un principe positif de liaison de l'énergie psychique. -Nietzsche : cette négation du sens exercée par le principe de mort n'aboutit cependant pas une absence de sens.Désirer la mort, vouloir son néant, pour Nietzsche, cela demeure une forme de volonté, un certain sens existentiel,certes destructeur, mais pas totalement vain ( La Généalogie de la morale ).

La mort est donc ce qui vient remettre en cause le sens de l'existence : mais de cette épreuve peut surgir un sens plus intense, raffermi par cettenégation. III La mort comme fondement du sens de l'existence : Heidegger et Blanchot -Heidegger : la mort comme évènement nécessairement à venir structure laforme même de notre existence comme "être-pour-la-mort" ( Etre et temps ). C'est cette possibilité fondamentale du néant de notre existence, del'absence totale de sens, qui est en arrière-plan de nos existences : c'estdonc à partir de cette pensée nécessaire (que la mort est possible, qu'elleviendra) que l'être humain conçoit ses projets, lesquels constituent le sens deson existence, comme une mise à distance consciente de la mort. On ne connaît que la mort, attendue ou accidentelle, des autres.

La mort estcelle des proches ou des inconnus.

Elle est un événement naturel, banal, prisdans l'ordinaire des faits divers quotidiens : "La mort se présente comme unévénement bien connu qui se passe à l'intérieur du monde." Cette banalitéquotidienne des événements se caractérise par l'absence d'imprévu, et lamort comme événement ne déroge pas à la règle.

En revanche, ma propremort est un événement prévu, qui fait l'objet d'une absolue certitude, maiscomme réalité absente, non encore donnée, elle estindéterminée et pour cette raison n'est pas à craindre.

L'expérience memontre qu"'on meurt", c'est-à-dire que la mort concerne avant tout le "on" :tout le monde, et personne en particulier.

Et tant que l"'on meurt", ce n'estprécisément jamais moi qui meurs.

"On", c'est tous, donc pas moi enparticulier.

Dans l'expérience quotidienne de la vie, le "fait de mourir" estramené au niveau d'un événement qui concerne bien la réalité humaine, maiselle advient toujours pour moi par procuration.

Dans la réalité humaine et sociale, la mort est un événement quirelève du domaine public.

A ce titre de pseudo-réalité, nous en oublions ses éléments constitutifs : en soi, la mortest un inconditionnel et un indépassable qui fonde la possibilité de ma propre existence et sa prise de conscience.Elle est un impensable qui fait le fond de la possibilité de penser mon existence propre : "Le "on" justifie et aggravela tentation de se dissimuler à soi-même l'être pour la mort, cet être possédé absolument en propre." Quand on ditque la mort n'est "pas encore, pour le moment", on s'accroche à la réalité humaine pour se voiler la certitude quel'on mourra un jour.

On fuit la mort, parce que c'est une pensée fatigante et inaccessible, et que nos soucisquotidiens nous paraissent plus importants que la réflexion sur le fondement de tout être humain d'être un être pourla fin.

La mort est sans cesse différée, et sa préoccupation laissée à l'opinion générale. -Blanchot : la mort n'est pas seulement l'évènement négatif qui vient fonder la possibilité de nos projets positifs.

Elleest aussi l'évènement qui est à la fois le plus absurde, car il nous coupe de toutes nos possibilités, et le pluspersonnel, le plus propre à notre existence : personne ne peut mourir à notre place, notre mort est notre acte leplus individuel et solitaire.

Dès lors, Blanchot sépare la mort comme phénomène naturel absurde et le "mourir" commeévènement plein du sens, suprêmement signifiant pour notre existence ( L'Espace littéraire ).. »

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