La mort est-elle la vérité DE L'EXISTENCE ?
Publié le 25/01/2020
Extrait du document
• Philosopher est apprendre à mourir : c'est la leçon du Phédon de Platon. Il faut mourir à la vie du corps et du sensible, par souci de son âme immortelle. La passion de l'existence renverse ce motif à la manière tragique - sans immortalité consolatrice. La mort serait la vérité de l'existence, la seule pensée qui ne nous détourne pas de notre condition et qui accepte de l'affronter dans sa finitude, sans la garantie facile de l'au-delà.
• Spinoza, dans \\'Éthique, soumet à la critique cette pensée de la mort. Il s'agit pour lui d'une passion triste, qui diminue notre «puissance d'agir» : la sagesse d'un homme libre «est une méditation non de la mort mais de la vie» (Éthique IV, LXVII).
• Épicure livrait une semblable sagesse, dans sa Lettre à Ménécée : le sage parvient au plaisir stable, c'est-à-dire à ressentir l'absence de douleur comme un plaisir - alors que nous cherchons habituellement j le plaisir dans des objets particuliers, dans l'inquiétude de ne jamais les atteindre. On peut parler d'une prise de conscience de ce qui était déjà présent et que l'on ne sentait pas : la vie. « De quoi jouit-on dans une pareille situation? De rien d'extérieur à soi, de rien sinon de soi-même et de sa propre existence. » (Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire, 5e promenade).
«
•Exister, c'est «être de trop», écrit Sartre dans La Nausée, récit qui
décrit la découverte de la contingence : quand les êtres surgissent
dans leur gratuité, quand on découvre qu'ils sont là pour rien; Sartre
t- oppose l'existence à l'essence, c'est-à-dire aux définitions des êtres
~ qui indiquent ce qu'ils sont, quelle est leur place, leur fonction (ceci
:> vaut aussi bien pour les rôles sociaux des êtres humains : je n'existe
Ill que quand je n'ai plus un rôle à jouer, quand je ne suis plus ni ceci ni
~ cela -ni garçon de café ni professeur-, quand la question : «pour- '
quoi suis-je ici?» n'a plus de réponse, et que je ne fais donc plus qu'y
être).
•La mort, en tant qu'elle est l'interruption de toute occupation dans
le monde (mourir n'est pas une tâche que je puisse accomplir), serait
la situation-limite par excellence, et face à elle, mes occupations font
place à l'existence.
Ill.
Passion d'exister ou sagesse de vivre?
•Philosopher est apprendre à mourir : c'est la leçon du Phédon de
Platon.
Il faut mourir à la vie du corps et du sensible, par souci de son
âme immortelle, La passion de l'existence renverse ce motif à la
manière tragique -sans immortalité consolatrice.
La mort serait la
vérité de l'existence, la seule pensée qui ne nous détourne pas de
notre condition et qui accepte de l'affronter dans sa finitude, sans la
garantie facile de l'au-delà.
• Spinoza, dans !'Éthique, soumet à la critique cette pensée de la
mort.
li s'agit pour lui d'une passion triste, qui diminue notre« puis
sance d'agir»: la sagesse d'un homme libre« est une méditation non
de la mort mais de la vie» (Éthique IV, LXVII).
•Épicure livrait une semblable sagesse, dans sa Lettre à Ménécée : le
sage parvient au plaisir stable, c'est-à-dire à ressentir l'absence de
douleur comme un plaisir- alors que nous cherchons habituellement
le plaisir dans des objets particuliers, dans l'inquiétude de ne jamais r
les atteindre.
On peut parler d'une prise de conscience de ce qui était
déjà présent et que l'on ne sentait pas : la vie.
«De quoi jouit-on
dans une pareille situation? De rien d'extérieur à soi, de rien sinon
de soi-même et de sa propre existence.» (Rousseau : Les Rêveries du
promeneur solitaire, s• promenade).
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