La morale n'est pas utile à la société, elle est utile à l'homme. qu'en pensez-vous ?
Publié le 03/08/2005
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Si la société a une utilité, c'est incontestablement pour l'homme. Qu'il s'agisse de garantir le sécurité que l'homme n'aurait pas hors de la société, qu'il s'agisse de répondre à la multitude de besoins d'un homme, force est de constater que la société est utile à l'homme. A l'inverse, chaque homme est sans doute utile à la société, ne serait-ce que pour participer à la réponse apportée par la société aux besoins de l'homme. Le simple fait d'entretenir des rapports sociaux avec les individus d'une société, le fait d'exercer un métier, le fait de payer des impôts, marque la contribution de chacun aux intérêts de la société.
Est « utile « ce qui remplit une fonction, ce qui répond à un besoin, ce qui a, pour le dire généralement, un intérêt.
« La morale n'est pas utile à la société, elle est utile à l'homme «. Peut-on ainsi estimer que la morale a une fonction pour l'homme, mais qu'elle ne répond à aucun besoin de la société ? L'homme et la société semble liés. Ils sont liés notamment par leur utilité réciproque. Peut-on toutefois distinguer des besoins respectifs pour chacun ?
La morale juge et prescrit ce qui est bien ou mal en matière de conduite. N'est-ce pas alors le rôle de la société d'être morale ? La moralité n'est-elle pas davantage utile à la société afin que cette dernière soit juste ?
Il ne faut toutefois pas faire l'amalgame entre justice et moralité. La justice d'une société concerne à proprement parler la « légalité «. Ce qui est légal ou illégal s'applique-t-il directement à ce qui est bien ou mal ?
A partir de là, si la moralité n'est pas la même chose que la légalité, peut-être que la morale n'est pas utile à la société, qui peut se contenter d'être juste. Et peut-être qu'alors la morale n'est utile qu'à l'individu, dans le sens où elle guiderait ses actions privées. Toutefois, une société peut-elle être juste en se passant de la moralité ? Et à l'inverse, l'homme ne peut-il pas alors se contenter d'agir en toute légalité, ne trouvant aucune utilité à la moralité ?
En définitive, peut-on valider cette opposition entre ce qui est utile à la société et ce qui est utile à l'homme ?
La moralité est une valeur cardinale de l'agir humain. Pour formuler un avis à propos d'une telle opposition, qui n'est peut-être qu'une provocation, il convient de saisir précisément en quoi la société peut se passer de la moralité. Par ailleurs, il faut s'interroger quant à l'« utilité « de la moralité. Une action accomplie par utilité n'est-elle pas contraire à une action accomplie par moralité ? La moralité d'une action peut en effet s'opposer à l'utilité d'une action, qui semble avoir davantage de rapport avec l ‘égoïsme. En d'autres termes, une « moralité utile « est-elle vraiment morale ?
C'est en s'efforçant de définir la moralité que l'on pourra déduire son utilité. Ainsi, nous pourrons voir ce qu'il en est pour la société comme pour l'homme, pour finalement nous prononcer.
«
en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contrechacun.
Car la GUERRE ne consiste pas seulement dans la bataille et dans les combats effectifs ; mais dans unespace de temps où la volonté de s'affronter en des batailles est suffisamment avérée : on doit par conséquenttenir compte, relativement à la nature de la guerre, de la notion de durée, comme on en tient compte, relativementà la nature du temps qu'il fait.
De même en effet la nature du mauvais temps ne réside pas dans une ou deuxaverses, mais dans une tendance qui va dans ce sens, pendant un grand nombre de jours consécutifs, de même lanature de la guerre ne consiste pas dans un combat effectif, mais dans une disposition avérée, allant dans ce sens,aussi longtemps qu'il n'y a pas d'assurance du contraire.
Tout autre temps se nomme PAIX.
[...] Les désirs et les autres passions de l'hommes ne sont pas en eux-mêmes des péchés.
Pas davantage ne le sont les actions qui procèdent de ces passions, tant que les hommes ne connaissent pas de loi qui les interdise ;et ils ne peuvent pas connaître de lois tant qu'il n'en a pas été fait ; or aucune loi ne peut être faite tant que leshommes ne se sont pas entendus sur la personne qui doit les faire.
»
Sans repère du bien et du mal, exprimés dans des lois qui encadrent la conduite des hommes, ces derniers vivraientdans un état de guerre.
Selon Hobbes, une action n'est pas mauvaise en soi, elle ne devient mauvaise quelorsqu'elle est interdite par l'Etat.
Si on définit la moralité comme une convention, force est de constater qu'elle n'est utile à l'homme que parl'intermédiaire d'une société qui impose des repères et des règles pour le bien et la mal.
Dans ce sens, « l'utilité » dela morale, c'est sa contribution à la paix entre les hommes.
La morale est donc utile à l'homme, mais elle l'est parl'intermédiaire de la société.
La moralité comme convention est donc utile à la société pour qu'elle puisse parvenir àson but : assurer la paix entre les hommes.
TRANSITION : Mais peut-on réduire la moralité à des règles conventionnelles ? Peut-on ainsi confondre l'actionmorale et l'action légale ? En effet, si la morale est une convention sociale, alors ce qui est légal devient ce qui estmoral.
Toutefois n'est-ce pas des exigences morales qui conduisent à l'établissement de nouvelles lois ? Par ailleurs,pourquoi les décisions de justices nous apparaissent-elles souvent justes, mais parfois injustes ? n'est-ce pas parceque la légalité se confronte à un jugement indépendant de ses règles, à savoir le jugement moral ?
Seconde partie : Action morale, action légale
a) moralité et légalité
La moralité concerne ce que Kant appelle le « principe intérieur » de l'action.
Elle se distingue de l'action légale, quise soumet à un principe directeur « extérieur » (ce qui est légal).
Je trouve les principes de la moralité en moi-même, tandis que je trouve dans la société les règles de l'action légale.
L'action morale et l'action légale ne serecoupent pas nécessairement.
KANT, Introduction à la métaphysique des moeurs , I.
« Ces lois de la liberté se nomment morales , à la différence des lois de la nature.
Dans la mesure où elles ne concernent que des actions purement extérieures et leur légalité, elles sont désignées comme juridiques ; mais dès lors qu'en outre elles (les lois) doivent elles-mêmes être les principes de détermination des actions, elles sontéthiques et l'on dit alors que l'accord avec les lois juridiques définit le légalité de l'action, l'accord avec les lois éthiques définissent la moralité .
La liberté à laquelle se rapportent les lois juridiques ne peut être que la liberté au sens extérieur de terme, mais celle à laquelle se rapportent les lois éthiques est la liberté de l'arbitre au sens tantextérieur qu'intérieur du terme, dans la mesure où l'arbitre est déterminé par des lois de la raison.
»
KANT, Introduction à la métaphysique des moeurs , III.
« On appelle la simple concordance ou non concordance d'une action avec la loi, abstraction faite dumobile de celle-ci, la légalité (conformité à la loi), tandis que celle où l'idée du devoir issu de la loi est en même temps le mobile de l'action correspond à la moralité (éthique) de celle-ci.
Les devoirs pratiqués d'après la législation juridique en peuvent être que des devoirs extérieurs, parce quecette législation ne réclame pas que l'idée de ce devoir, qui est intérieure, soit par elle-même principe dedétermination de l'arbitre du sujet agissant, et, dans la mesure où elle requiert ce pendant un mobile approprié auxlois, elle ne peut rattaché à la loi qu'un mobile extérieur.
»
A partir de ces textes, il convient de se demander sur de nouvelles bases si la moralité est utile à l'homme et à lasociété.
b) redéfinition de la moralité
La morale est solidaire de l'autonomie de l'action humaine.
KANT, Fondements de la métaphysique des moeurs , 2ème section.
« Il n'est maintenant plus surprenant, si nous jetons un regard en arrière sur toutes les tentatives qui ontpu être faites pour découvrir le principe de la moralité, que toutes aient nécessairement échoué.
On voyait l'homme.
»
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