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La morale et la politique s'opposent-elles ?

Publié le 02/10/2005

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morale
Cette doctrine est fondée, chez Machiavel, sur un pessimisme profond et un entier mépris de l'être humain : « Les hommes en général sont ingrats, inconstants, dissimulés, lâches, intéressés... Ils craignent moins d'offenser celui qui se fait aimer que celui qui se fait craindre» (Ibid., chap. XVII).2° On trouverait des conceptions analogues chez tous les défenseurs des régimes autoritaires et de la «raison d'État ». C'est ainsi que, pour le philosophe anglais HoBBES, théoricien du despotisme dans son Léviathan (1650), c'est la volonté seule du souverain qui décide du juste et de l'injuste : le bien est ce qu'il décrète, le mal ce qu'il interdit.3° De nos jours enfin, les mêmes affirmations se retrouvent chez tous les partisans de l'absolutisme ou du totalitarisme, quelles que soient par ailleurs les tendances politiques auxquelles ils se rattachent. C'est ainsi qu'en France l'école dite du «nationalisme intégral» avait choisi la formule « par tous les moyens » comme la maxime de son action. « L'infaillible moyen, écrivait Ch. MAURRAS (La Démocratie religieuse, p.
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« La vision marxienne du communisme Selon Marx, le travail, libéré de l'aliénation issue de la propriété privéedes moyens de production, donnera naissance à une société sansclasse.

En effet, le prolétariat constitué en classe dominante détruit parla violence l'ancien régime de production et anéantit par là même lesconditions de l'antagonisme des classes.

En mettant fin à celui-ci, ildétruit aussi sa propre domination comme classe [Manifeste..., p.

69-701.

Les détracteurs de Marx, et en premier lieu Proudhon, ont vu, danscette proposition d'une société communiste sans classe, la fin del'histoire.

Prenant appui sur la maxime du Manifeste selon laquelle «l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire desluttes de classes », ces détracteurs avançaient qu'une société sansclasse était une société sans histoire.

Marx, au contraire, considère quel'histoire continue dans le communisme, au-delà de l'antagonisme declasses qui est détruit.

Tous les textes de Marx et d'Engels s'accordentsur ce point, des textes philosophiques de jeunesse au Capital, auManifeste ou aux textes plus sociologiques d'Engels : «Dans sonprincipe, le communisme se situe au-dessus de l'antagonisme entrebourgeoisie et prolétariat ; il le reconnaît dans sa signification historiquepour le temps présent, mais ne le considère pas comme justifié pour l'avenir ; il veut précisément abolircet antagonisme » [La Situation de la classe laborieuse en Angleterre, p.

359].La fin de l'antagonisme de classes, avec l'abolition de la propriété privée et de toutes les aliénations qui luisont liées, signifie « le retour de l'homme hors de la religion, de la famille, de l'État, etc., à son existencehumaine, c'est-à-dire sociale » [Manuscrits de 1844, p.

88].

C'est l'occasion pour Marx de définir la place del'homme dans la société et dans la nature et de développer sa conception de l'individu en tant qu'être social[ibid., p.

88-89].

En même temps, le communisme n'est défini que par antithèse : « Il n'est pas en tant que telle but du développement humain, la forme de la société humaine » [ibid., p.

99].

Plus encore, écrivent Marx etEngels, il « n'est pour nous ni un état qui doit être créé, ni un idéal sur lequel la réalité devra se régler.»[L'idéologie allemande].

Dans la société communiste pourront émerger de nouvelles tensions ou de nouvellescontradictions, évidemment fort éloignées de celles que nous connaissons dans le régime de propriété privéedes moyens de production. B.

— Discussion .

Quelles que soient leurs différences d'inspiration, toutes ces doctrines reposent sur un prétendu «réalisme », d'allure tantôt positiviste (Maurras), tantôt explicitement matérialiste (Hobbes, Lénine), qui prétend neconnaître que des rapports de faits.

— 1° Elles méconnaissent ainsi une réalité fondamentale, à savoir que la viesociale est faite non seulement de réalités matérielles, de rapports de forces, de conflits d'intérêts, mais aussi etpeut-être surtout du culte de certaines valeurs (sujets 114-117, 119-121, etc.), parmi lesquelles les valeursmorales tiennent une place éminente.

— 2° Elles aboutissent ainsi, en réduisant ce qui doit être à ce qui se fait(c'est déjà très net chez Machiavel), à nier toute morale.

Machiavel prend comme prétexte que les hommes sontméchants et lâches ; Hobbes pose en principe qu'à l'état de nature «l'homme est un loup pour l'homme ».

« Si cetteraison était bonne, objecte Paul JANET, elle vaudrait contre la morale privée tout aussi bien que contre la moralepublique.

Faut-il donc en conclure que les hommes doivent se dispenser de toute vertu, parce qu'ils ne peuventatteindre qu'à une vertu imparfaite? Ainsi des politiques : accordons-leur que l'honnêteté parfaite est impossible ; iln'en est pas moins vrai que cette honnêteté parfaite est la loi obligatoire de leurs actions.

Autrement, c'est faire del'exception la règle, ou plutôt c'est détruire toute règle.» — 3° Tout aussi dangereuse est la maxime que «le salut dupeuple est la loi suprême ».

«Admettez un instant, dit JANET, cette raison mystérieuse du salut public, aussitôt toutest permis ; car il est toujours possible d'affirmer que telle action, telle mesure est nécessaire au salut du peuple.» Ilen va du « machiavélisme populaire » comme du « machiavélisme princier ».

« Quelques-uns ne voient dans lemachiavélisme que l'art de tromper ; et, dans leur mépris pour les mensonges des cours, ils sont pleins d'indulgencepour les fureurs des multitudes.

Mais le machiavélisme n'est pas seulement cette finesse puérile et frivole qui se sertde la parole pour cacher la pensée : c'est une politique cauteleuse et violente selon le besoin, tantôt couverte ettantôt déclarée, et qui emploie aussi volontiers le fer et la cruauté que la fraude et la trahison ; elle peut doncconvenir aux peuples comme aux cours ; et, dans ce sens, le terrorisme lui-même est machiavélisme». II.

La politique absorbée dans la morale. A l'opposé des doctrines qui nient la morale au profit de la politique, se trouveraient celles qui méconnaissent laspécificité propre de la politique et prétendent l'absorber dans la morale. A.

— On peut considérer la doctrine de PLATON, surtout dans la République, comme l'expression de cette façon devoir.

Selon Platon, en effet, la fin de l'État est de faire régner la vertu et, par suite, le gouvernement doit être remisentre les mains des sages et des philosophes.

Mais, tandis que, dans la République Platon semble compter presqueexclusivement sur l'éducation donnée par l'État aux individus, dans les Lois il fait de la vertu l'oeuvre du législateuret, en définitive, le résultat de la contrainte.

— On peut rattacher à la même tendance la plupart des utopistes. »

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