La morale est-elle en lutte contre le désir ?
Publié le 12/02/2019
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L’insistance de Kant sur l'universalité de la loi morale comme seul mobile de l’action est telle, et aboutit à une conception si rigoureuse, que lui-même a dû reconnaître qu’au sens strict, une conduite purement morale n’avait peut-être jamais existé... C’est que sa réflexion cherche à mettre en lumière les fondements de la moralité telle qu’elle existe et se trouve déjà pratiquée, et non à réformer la vie morale en proposant aux hommes des règles nouvelles. Là est aussi ce qui le distingue des épicuriens - pour ne rien dire de la différence des contextes historiques et sociaux dans lesquels ils travaillent - qui, pour leur part, avaient bien l'intention de modifier les mœurs de leurs contemporains. Aucun projet de ce genre chez Kant : les mœurs lui paraissent globalement suffisantes, même si elles ne permettent pas à l’homme d’être purement moral.
En d’autres termes, on doit aussi retenir des analyses kantiennes la différence établie entre la conduite « par devoir » et celle qui n’est que « conforme au devoir ». La première serait donc trop pure pour être réalisable. La seconde au contraire est fréquente,
«
dans
le plaisir.
ne pense qu'à ses satisfactions personnelles immédiates, ne
vit que pour lui.
Dans une telle optique.
le moins qu'on puisse lui repro
cher, semble-t-il, est de ne guère se soucier de ce que peut moralement
signifier sa conduite.
Doit-on en déduire qu'il existe une contradiction
insoluble entre les désirs et l'action morale? Ne pourrait-on, au contraire,
concevoir une morale qui tienne compte des désirs de J'individu et leur
accorde une satisfaction au moins partielle ? Mais, dans ce cas, ne risque
t-on pas de retomber sur un écueil majeur : l'opposition entre l'égoïsme
du désir et la souci de l'autre qu'implique l'action morale?
[1.
Comment admettre la portée morale du désir ?]
Dès l'Antiquité, la condamnation du désir apparaît chez Platon.
C'est
que le désir rappelle la part charnelle de 1 'homme, et que Platon privilégie
au contraire chez ce dernier la part spirituelle.
Toutefois, il ne semble pas
obligatoire que la philosophie condamne ainsi, par principe, tout désir.
En
elle-même.
n ·exprime-t-elle pas une sorte de désir nostalgique de la
sagesse enfuie ? Son étymologie indique une telle tendance : philein
désigne en fait la recherche -plus que le banal «amour» -d'une
sophia disparue, et cette dernière semble en effet proposer un objet bien.
»
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