La morale de Sartre

« La morale de Sartre : « Sur une cownne absente. » La morale de Sartre, sujet de galéjade dans le village philoso­ phique, pourquoi l'attendait-on (au tournant?), pourquoi se fai­ sait-elle attendre? L'Être et l,e Néant devait être prolongé d'une morale, annoncée à la fin du volume.

En 1939,il écrit fièrement à Simone de Beauvoir: « J'ai fini ma morale», est-ce une blague ou veut-il dire qu'il voit bien ce qu'elle va être? Puis il la remet à plus tard, s'avisant qu'il avait un peu négligé Nietzsche.

En 1964-1965, il retravaille la morale pour une conférence à Rome et en prévision de confé­ rences en Amérique ( qu'il annulera pour cause de guerre au Vietnam).

« En 1969, il déclare aux auteurs de sa bibliographie que son éthique dialectique est, à l'heure actuelle, complètement constituée dans [son] esprit et qu' [il ne prévoit] que des pro­ blèmes de rédaction.

Mais l'écriture de la morale ne sera jamais sérieusement engagée» (Olivier Vickers, Trois Aventures extraordi­ naires de Jean-Paul Sartre).

Restent les ambigus Cahiers pour une morale, excipes in extremis et post mortem (1983), comme un marque-page à une place qu'il importerait de ne pas laisser croire vide. Pourtant, mis à part la morale existentielle, diffuse à travers la littérature, le sens glissant et toujours équivoque de l'action, la responsabilité jamais assez soutenue à l'égard de tout et de rien, il est clair que l'obédience marxiste rend impraticable toute autre attitude que celle dont rend compte le bréviaire fameux de Trotski, Leur morale et la nôtre, deux sources de la morale, en un sens nouveau et intéressant. Entre autres dualités, on prend ici conscience que pour toutes sortes de raisons, on a du mal à mettre en avant au titre de « leur morale» les éléments d'une morale fasciste, pour un recense­ ment objectif en plus d'un intérêt pour tout ce qui est humain. Irait-on la chercher chez un Brasillach, un Drieu la.... »