La morale cours
Publié le 01/03/2023
Extrait du document
«
La morale (Liberté, devoir, bonheur)
Quelques problématiques :
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Que prétend-on affirmer en déclarant que l’homme est né libre ?
Pouvons-nous savoir avec certitude que nous sommes libres ?
Se sentir obligé, est-ce renoncer à sa liberté ?
Qu’est-ce qu’un citoyen libre ?
« En fait, nous sommes une liberté qui choisit mais nous ne choisissons pas d’être libres : nous sommes
condamnés à la liberté.
» (Sartre)
« Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable et dans la neige
J’écris ton nom liberté.
»
Eluard
Nous avons tous le sentiment intérieur de notre liberté.
Pour Descartes, la « liberté de notre volonté » se
connaît immédiatement, « sans preuve s» par la « seule expérience que nous en avons ».
Et il est vrai que
notre premier mouvement en face de la liberté est celui d’une revendication passionnée.
La liberté nous apparaît comme un droit.
Nous exigeons qu’on la reconnaisse et tout ce qui menace de
l’enfreindre nous est insupportable...
« Mieux vaut la misère que la servitude...
Vivre libre ou mourir...»
Autant de slogans qui entraînent l’adhésion !
Que la liberté soit revendiquée au nom de la dignité humaine : c’est parce que je suis un homme que je
revendique le droit d’être maître de ma conduite.
Ou au nom de l’égoïsme : la liberté sexuelle totale prônée
par W.
Reich ne s’apparente-t-elle pas davantage à la licence, à la loi du bon plaisir qu’à la vraie liberté ?
La revendication n’en est pas moins universelle.
I - Les formes de la liberté
Etymologiquement, le mot vient de « liber » qui veut dire : homme libre, par opposition à « servus » :
esclave.
Ce sens social participe à un sens particulier : celui de la liberté extérieure.
Celle-ci est l’absence
de contrainte extérieure physique ou morale, l’absence de sujétion aux autres hommes.
Il convient dès
lors de parler des libertés, car il existe autant de libertés que de contraintes dont l’individu est affranchi.
A - Les libertés extérieures
La liberté physique
Cette liberté consiste à pouvoir agir sans empêchement, à se mouvoir à son gré, sans être arrêté par une
contrainte matérielle (les chaînes ou la prison) ou corporelle (la paralysie).
L’homme libre agit sans être
empêtré ni contraint par des forces extérieures.
Il n’est ni en prison, ni frappé de paralysie.
La liberté civile
Cette liberté consiste à pouvoir agir à son gré, tant qu’il n’est pas porté atteinte à l’ordre, ie dans les limites
fixées par les lois civiles.
Cette liberté dont ne jouissait pas l’esclave nous garantit comme citoyens les
droits civils : droit de travailler, droit de propriété, droit d’association...
La liberté politique
1
Cette liberté est le pouvoir pour les nations de se gouverner elles-mêmes (les colonies ne l’ont pas) ; pour
les individus, le pouvoir de participer à la vie publique, de prendre part, sous des formes définies par les
constitutions, au gouvernement de leur pays (les étrangers ont des droits civils, mais pas de droits politiques
!).
Cette liberté est faite d’obligations et c’est dans le respect des exigences que celles-ci imposent qu’elle
se révèle être l’accomplissement d’une valeur communautaire.
La liberté de pensée et de conscience
Cette liberté consiste, en réalité, dans le droit de vivre conformément à ses idées et de les exprimer.
Elle
englobe le droit d’exprimer publiquement ses opinions politiques et ses convictions religieuses, tant que
l’ordre public n’est pas perturbé.
Toutes ces conditions sont nécessaires à une vie normale, mais elles ne sont pas encore suffisantes pour
rendre compte de la volonté libre.
Elles constituent des libertés, mais pas toute la liberté.
Il faut pénétrer
dans le domaine de la conscience.
B - La liberté intérieure (ou liberté de la volonté)
Dans tous les cas présentés ci-dessus, la liberté marque seulement l’absence d’empêchement de l’action
extérieure.
A cette liberté extérieure s’oppose la liberté intérieure ou liberté de décision, appelée encore
liberté psychologique, ou liberté de vouloir ou libre-arbitre.
Cette liberté se présente comme la propriété de la volonté qui se porte sur son objet sans être nécessité par
lui ou par quelque autre force psychologique, motif ou mobile.
C’est le pouvoir qu’a la volonté de décider
ceci ou cela sans contrainte, « pouvoir de décider et d’agir par soi-même ».
L’homme libre échappe aux déterminismes et aux conditionnements qui se substitueraient à son propre
vouloir.
Il n’est pas conditionné par les tendances, les habitudes ou les pressions sociologiques.
Il s’en sert
sans être asservi.
II - Le pouvoir de choisir
« Liberté » et « libre-arbitre » sont ordinairement employés comme synonymes, lorsqu’on veut
désigner la liberté de choix.
Etre libre, c’est effectivement être capable de choisir.
Etre libre, c’est pouvoir
décider ceci ou cela ; c’est pouvoir opter pour un parti ou pour un autre, sans être nécessité, c’est-à-dire
sans être déterminé.
Le libre-arbitre, dont Leibniz disait que nous en avions le « sentiment vif interne », R.
M.
Masse
Bastide le définit comme « le pouvoir des contraires » c’est-à-dire « la capacité de répondre à une
certaine situation, non pas d’une seule et unique manière scientifique prévisible, mais par le choix, laissé à
notre initiative, entre deux ou plusieurs manières de réagir...
Tant qu’un homme est un homme et non une
chose, il a encore le pouvoir de se décider entre des possibilités opposées » (La liberté).
A - La liberté d’indifférence
Sa nature
o La liberté d’indifférence se définit comme choix immotivé.
La liberté serait le pouvoir de
choisir indépendamment de toute intervention des motifs.
Elle consisterait à être indifférent aux motifs.
Il
n’y a liberté que lorsque la volonté se détermine sans subir l’influence des motifs et des mobiles.
Celle-ci
est alors dans un état d’indifférence par rapport à eux.
C’est la spontanéité pure.
2
Un argument célèbre est celui de l’âne de Buridan (XIV è) : l’homme sans cette liberté
d’indifférence, serait comme un âne placé à égale distance de deux près ou entre un boisseau d’avoine et un
seau d’eau et qui, porté également à l’un ou à l’autre, devrait se laisser mourir de faim ou de soif, n’étant
pas doué de liberté.
L’homme, au contraire, doué de libre-arbitre, prendrait une décision indépendamment de tout motif : voilà
dit-on, la liberté : la liberté d’indifférence.
o
La liberté de la volonté (ou de l’attention)
Descartes affirme l’indépendance absolue de notre volonté à l’égard de la raison.
Nous
expérimentons la liberté dans la démarche du doute.
Notre liberté est si parfaite, si ample, « qu’elle n’est
renfermée dans aucune borne ».
Elle nous fait connaître « que nous sommes à l’image et à la ressemblance
de Dieu ».
La liberté se manifeste par une indépendance absolue à l’égard de toutes déterminations sensibles
ou intellectuelles...
« au point que, même lorsqu’une raison fort évidente nous pousse vers un parti,
quoique, moralement parlant, il soit difficile de faire le contraire, parlant néanmoins absolument, nous le
pouvons» (Descartes, Lettre au Père Mesland).
Ainsi, par exemple, contre les exigences de la morale, nous pouvons « suivre le pire tout en voyant
le meilleur » ou bien, contre les exigences de la raison, nous pouvons choisir le mal alors même que nous
connaissons le bien ou encore, affirmer le faux alors même que nous connaissons le vrai.
Critique : Cette liberté d’indifférence, ce choix immotivé, ce libre-arbitre apparaît
comme un sous-produit de la liberté, « le plus bas degré » de la liberté, un déchet de liberté, parce que
coupé de ses attaches rationnelles.
Privé de toute justification rationnelle, le choix n’est plus que le fantôme
de lui-même.
« L’acte gratuit »
« L’acte gratuit est motivé par rien » affirme Gide, « l’acte désintéressé, né de soi ;
l’acte aussi sans but ; donc sans maître, l’acte libre.» Ainsi, dans Les Caves du Vatican, on voit le
personnage Lafcadio accomplir un acte « sans raison ni profit », un meurtre immotivé, celui d’Amédée
Fleurissoire, rencontré dans un train...
Tandis que Fleurissoire rajuste sa cravate devant la vitre de la portière, Lafcadio songe
à le précipiter dehors.
« Un crime immotivé, quel embarras pour la policie...
Si je puis compter jusqu’à
douze, sans me presser, avant de voir dans la campagne quelque feu, l’homme est sauvé.
Je commence :
un, deux,...
dix, un feu ! » et le crime s’accomplit.
La liberté sartrienne est totale indépendance
Le drame des Mouches nous montre Oreste se recueillant sur lui-même et découvrant sa
liberté, son «absolue et totale liberté».
Etre libre, c’est faire sa vie soi-même, suivant sa seule initiative ;
c’est donc se refuser à admettre qu’il y a un bien, un mal, quelqu’un qui puisse donner des ordres.
Antérieurement à mon choix, rien n’est bon ni mauvais.
Aucune règle ne préexiste à mon
choix.
La liberté est le seul fondement des valeurs : ce que chacun choisit comme son bien est bien pour
lui.
Cependant, la liberté....
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