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La morale consiste-t-elle à suivre la nature ou à vaincre la nature ?

Publié le 15/09/2014

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morale

A. Mais la nature humaine ne se réduit pas à l'organisme et à un fais­ceau de tendances égoïstes. Nous le constatons dans le jugement même qui condamne la nature et dans la décision de lutter contre elle : ce juge­ment et cette décision sont des actes de facultés naturelles (2), la raison et la volonté; si ces actes sont conformes à la moralité, la nature d'oit ils émanent est elle aussi bonne ou du moins a du bon.

 

Bien plus, c'est la raison et la volonté, et non le corps ou l'orga­nisme, qui constituent notre nature spécifique. L'animal n'est qu'un orga­nisme doué de sensibilité et, par suite, porté exclusivement vers son plai­sir. L'homme, au contraire, peut s'élever au-dessus du plaisir de l'instant et du plaisir personnel, jouir du plaisir des autres et même d'un ordre qui, loin de lui procurer aucun plaisir sensible, le fait souffrir. Ce sont ces opérations qu'il convient d'attribuer à la nature humaine, les autres relevant de la nature animale à laquelle l'homme participe.

morale

« 312 .\!ORALE nous disent les uns.

cumrne EJ>ICURE.

D'autres, au contraire.

tels les mora­ listes chrétiens et liA:-iT après eux, mettent 1 'idéal dans la lutte contre la nature.

ce qui faisait dire il Paul VALÉRY que leur morale se réduit à « 1 'orgueil de contrarier " Cl).

De ces deux conceptions, laquelle devons-nous préférer? La morale con· siste-t-elle à suhre la nature ou à vaincre la nature ? f.

-- L< :UOilA LITÉ, Y!CTOIIlE SUR LA :'iATURE.

A.

La moralité, tout le monùe 1 ·accorde, consiste dans la recherche du bien véritable, c'est-à-dire celui que la raison reconnaît pour tel; or, il n'y a de Hai bien pour l'individu que dans la maîtrise de l'esprit sur le corps et par la recherche du bien col lcctif.

B.

Or, la nature, nous ne le savons que trop, rn spontanément vers les plaisirs sensibles dont l'habitude asservit peu à peu l'esprit au corps; nous sommes naturellement portés à ne nous préoccuper que de nos intérêts auxquels nous sacrifions ceux des autres.

C.

li suffit d'avoir pris conscience de cette opposition entre nos ten­ dances naturelles et les exigences de la moralité pour conclure au devoir de lutter contre la nature.

D.

~lais la nature humaine ne se réduit pas à ! 'organisme et à un fai,s­ ceau de tendances égoïstes.

:Xous le constatons dans le jugement même qui condamne la nature et dans la décision de lutter contre elle : ce juge­ ment et cette décision sont des actes de facultés naturelles C2), la raison et la ,-olonté; si ces actes sont conformes à la moralité, la nature d 'oü ils émanent est elle aussi bonne ou du moins a du bon.

Bien plus, c'est la raison et la volonté, et non le corps ou l'orga­ nisme, qui cohstituent notre na Lure spécifique.

L'animal n'est qu'un orga­ nisme doué de sensibilité et, par suite, porté exclusivement vers son plai­ sir.

L'homme, au conlraire, peut s'élever au-dessus du plaisir de l'instant et du plaisir personnel, jouir du plaisir des autres et même d'un ordre qui, loin de lui procurer aucun plaisir sensible, le fait souffrir.

Cc sont ces opérations qu'il convient d'attribuer à la nature humaine, les autres releYant de la nature animale il laquelle l'homme participe.

E.

On comprend dès lors que la conformité à la nature puisse s'iden­ tifier avec la moralité.

La moralité est dans la soumission à la raison.

Mais la raison est la caractéristique essentielle de notre nature.

On peut donc prendre comme règle fondamentale de la conduite : Suis la nature C'est ainsi que les stoïciens la comprenaient, car pour eux " vivre confor­ mément à la nature n, c'était " vi\Te conformément ii la raison '" (!) Choses tues, p.

20!::, Gallimard.

1()32.

(2) Nous répondons par là à la malicieuse question posée par Paul V AI.ÉRY (ibid., p.

196) : " Dans les propositions : Je me domine, je me cède, je me permets, je et me sont-ils C:tfférenls, ou non? ". »

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