La morale a-t-elle sa place dans l'économie ?
Publié le 12/03/2004
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La morale ne semble pas avoir sa place dans l'économie, ce sont deux domaines qui ne traitent pas de la même chose.Mais faut-il pour autant supprimer toute réflexion morale de l'économie, n'est-ce pas un grand risque de ne pas moraliserle domaine de l'économie.
La place de la morale s'avère importante surtout au moment de la distribution des richesses, dela juste répartition des bénéfices de l'économie et veiller à ce que personne ne souffre des lois du marché.
Après leséchecs des idéologies utopistes socialistes et communistes, nous sommes bien conscients que la morale ne peut toutrégler d'un coup et supprimer toute injustice.
L'économie et le profit ne sont pas sans mal, est-ce à la morale de fixer leslimites de ce que l'économie ne doit pas dépasser ? 1) Il n'y a pas de place pour la morale dans le capitalisme.
La fonction capitalistique consiste à produire du capital en vue de l'échange.
La finalité de l'échange entraîne, outre laformation du capital économiquement productif, son entretien (conservation) et son accumulation (accroissement).
Lanécessité d'entretenir et de renouveler constamment les équipements et le capital immobilier fait des sociétés rompuesaux disciplines et aux réflexes de gestion du capitalisme les plus aptes à mettre en œuvre des mesures (notamment par lebiais fiscal) qui visent à la préservation du milieu naturel.
L'accumulation du capital productif rend possible la multiplicationdes richesses consommables (biens et services), même en l'absence de progrès dans les techniques de production.
Maisl'échange, en suscitant une division du travail de plus en plus poussée, multiplie par là même les occasions où l'ingéniositétechnique peut se manifester.
Si le progrès technique se paie par une destruction, souvent brutale, de capital (machinesdevenues obsolètes, etc.), cette destruction est toujours plus que compensée par un surcroît de production, à moindrecoût unitaire.
Là encore, la logique de l'échange impose - non, souvent, sans douloureuses crises d'adaptation - la solutionsocialement la plus efficace : une innovation technique qui n'impliquerait pas cette surcompensation attendrait dans lestiroirs le moment où, par suite de nouveaux perfectionnements, elle pourrait être économiquement utilisée.
Contractonsles opérations du marché.
Là où l'on voit, d'un côté, des vendeurs de biens et services contre monnaie et, de l'autre, desdétenteurs de monnaie disposés à céder cette dernière contre marchandises, on supposera un échange direct entre lesproducteurs des diverses marchandises offertes.
Ce raccourci consacre, dans le couple offre-demande du marché, laprimauté de l'offre : pas de demande possible sans offre préalable (par quoi le demandeur s'est procuré les moyens derèglement nécessaires).
En multipliant les richesses, l'économie capitaliste de l'échange rend possible une « redistributiondes revenus » ; mais, si souhaitable que puisse paraître une telle politique, le moment arrive nécessairement où elle serévèle autodestructrice.
2) C'est le vice et non la morale qui fonde l'économie capitaliste.
Adam Smith dans sa Théorie des sentiments moraux observe que ce n'est point par philanthropie que le boucher nous cède sa viande.
Ce qu'il vise, c'est son intérêt, comme nous visons le nôtre.
Mais lui et nous, qui croyons n'être mus que parnotre intérêt individuel, nous ne nous rendons pas compte que l'échange auquel nous procédons produit desconséquences bénéfiques à la société tout entière.
Ce résultat, chez Smith, à la différence de ce qui est suggéré parMandeville, n'est pas obtenu par l'exploitation de l'un des échangistes par l'autre.
Le boucher de Smith ne trompe pas sonclient, pas plus que ce dernier n'est en mesure d'imposer au boucher un prix qui ne permettrait pas à celui-ci de rentrerdans ses fonds.
En effet, si le client peut trouver une viande de meilleure qualité à un moindre prix, il ira se fournir chez unautre boucher ; le boucher, de son côté, peut résister à la défection d'un client qui prétend lui extorquer des rabaisabusifs, s'il est sûr que le « mauvais » client ne trouvera pas ailleurs la même viande à meilleur prix.
À condition,évidemment, que prévale la concurrence effective entre les bouchers, c'est le marché qui assure la civilité de l'échange.
3) La justice comme morale.
La notion d'économie sociale renvoie alors à une manière différente d'entreprendre et vise à promouvoir des formesd'entreprises qui, tout en n'étant pas du domaine public, privilégient le service rendu plutôt que la rémunération du capitalet la recherche du profit maximal.
John Rawls revient également dans sa Théorie de la justice .
Mais les pages consacrées à ce sujet ont moins retenu l'attention que celles (paragr.
11 sqq.) où sont présentés les deux principes de justice : « 1.Chaque personne a un droit égal au système le plus étendu de libertés de base égales pour tous qui soit compatible avecle même système pour les autres.
2.
Les inégalités sociales et économiques sont autorisées à condition : a) qu'elles soientau plus grand avantage du plus mal loti ; b) qu'elles soient attachées à des positions et à des fonctions ouvertes à tous,dans des conditions d'égalité équitable des chances.
» Trois conditions doivent être remplies pour que la société soit unsystème équitable et de libre coopération.
Il faut d'abord que la structure de base soit régie par une conception politiquede la justice, et par structure de base Rawls entend « la manière dont les principales institutions sociales s'agencent en unsystème unique, assignent des droits et des devoirs fondamentaux et structurent la répartition des avantages quirésultent de la coopération sociale » ; ensuite, que cette conception politique soit l'objet d'un consensus issu d'unrecoupement de doctrines compréhensives raisonnables ; enfin, que le débat sur les questions fondamentales (justice etconstitution) soit mené dans les termes du politique.
À cette représentation de la société s'accorde une conception despersonnes comme libres et égales en ce sens qu'elles ont en partage le sens de la justice, la conception du bien, c'est-à-dire des facultés morales, et en commun des facultés de jugement, de pensée, c'est-à-dire des facultés rationnelle.
Aussi,la morale a sa place dans la juste distribution des bénéfices engendrés par l'économie.
La morale a sa place dans la justicesociale qui est l'application de la morale en politique au niveau de l'Etat.
Conclusion.
La morale doit avoir sa place dans l'économie, tout dépend par ce que l'on entend par morale.
Ici, c'est bien plutôt lajustice sociale qui prime, la justice distributive.
La morale serait l'instance qui donnerait les règles à la juste répartition desprofits de l'économie.
Il est évident que l'économie doit être encadrée par des lois, ces lois ne doivent pas être tropcontraignantes au risque d'anéantir l'économie.
La morale ne doit pas être non plus une poudre aux yeux, un garde-fouminimal mais être à sa place, elle doit veiller au respect de la loi et à la cohésion sociale.
Mais on n'a pas encore parlé de lanature de cette morale, si elle pouvait prendre le nom d'utilitarisme, de libéralisme.
Mais en l'occurrence, l'instance de lamorale doit être en phase avec son temps..
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