LA MÉCHANCETÉ chez KANT
Publié le 26/01/2020
Extrait du document
Dégagez l’intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée.
On croit généralement que toute faute, de sa nature, entraîne dès ici-bas sa propre punition.
Mais cette croyance contient une méprise manifeste. L’homme vertueux prête ici au méchant son propre caractère; il lui suppose cette extrême délicatesse de conscience qui châtie la moindre étourderie, la moindre contravention aux lois morales avec d’autant plus de sévérité que l’on est plus vertueux. Seulement, si cette supposition est fausse, si la conscience manque, les crimes commis n’ont plus ni juge, ni bourreau; et pourvu qu’il échappe aux répressions extérieures de ses méfaits, le coupable se rit de la crainte des reproches intérieurs qui font le tourment des honnêtes gens. Si pourtant il arrive parfois au méchant de s’adresser quelques légères remontrances, la conscience n’y a aucune part, ou c’est qu’il lui reste encore un peu de conscience. Mais, dans ce dernier cas, les remords sont largement compensés par le plaisir que lui procurent les sens et qui est le seul à avoir pour lui quelque saveur.
Kant
Le problème posé par Kant dans ce passage est celui de l’impunité effective et la possibilité d’un bonheur sans nuage pour le « méchant ». Contrairement à certaines conceptions platoniciennes et chrétiennes, Kant n’absout pas ce dernier au nom de l’ignorance ou de la souffrance intérieure qui seraient son lot. Pour Kant, il n’y a pas plus de justice immanente que de châtiment intérieur ou d’aveuglement justificateur : le méchant est méchant volontairement, le plaisir qu’il en tire lui tient lieu de justification, il peut échapper au châtiment extérieur - on peut se demander à ce propos ce que devient dans cette pensée la notion de punition divine -, comme au remords intérieur, il est capable enfin de bonheur, car dépourvu de conscience morale. '
On pouvait donc construire cette « étude ordonnée » de la façon suivante : Kant replace le « méchant » devant la vérité de son comportement, en évacuant successivement :
1. l’illusion d’une justice immanente;
2. l’illusion du châtiment intérieur (remords, repentir, scrupule) - ces deux choses étant liées dans le texte;
3. l’illusion de l’existence en lui d’une conscience morale suffisante pour provoquer de tels sentiments.
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- KANT et à la méchanceté de la nature humaine
- Fondements de la métaphysique des moeurs, Kant: LA MÉCHANCETÉ
- Kant et la méchanceté de la nature humaine
- KANT: enfance et méchanceté
- Emmanuel KANT ( 1 724-1804) Théorie et pratique, chapitre II