La mauvaise foi, mensonge à soi
Publié le 24/12/2014
Extrait du document


«
SUJET 35
tromper, il ne saurait en aucun cas mentir.
C'est pourquoi l'on peut sans
doute avancer que le pouvoir de mentir, de falsifier, est le propre de
l'homme.
•
Dans ces conditions il semble impossible de mentir sans s'en rendre
compte.
3.
L'hypothèse de l'inconscient
• Mais la conscience constitue-t-elle vraiment la totalité de notre vie
psychique,
le sujet lui est-il totalement réductible, ou ne doit-on pas
admettre avec Freud
l'existence d'un inconscient qui constituerait un lieu
psychique essentiel et, au sens propre du mot, fondamental ? Dans cette
hypothèse,
la réponse à la question qui nous occupe serait toute
différente.
• L'inconscient freudien est en effet une instance psychique douée d'une
énergie spécifique,
celle des pulsions et des
instincts, et
se caractérisant
par
une certaine forme de volonté et d'intentionnalité : le désir.
Dans ces conditions,
le mensonge (pas tous les mensonges mais du
moins certains mensonges) ne pourrait-il pas être lié à un désir
inconscient tout en échappant à la conscience ? Le mensonge serait bien
alors un énoncé volontairement faux, mais produit par une volonté
inconsciente, et par conséquent
il serait parfaitement possible de mentir
sans s'en rendre compte, de mentir inconsciemment.
• Admettons, par exemple, la validité de la théorie freudienne du
complexe d'Œdipe, selon laquelle tout enfant nourrit inconsciemment un
désir sexuel à l'égard de celui de ses parents qui est du sexe opposé, et
un désir de mort à l'égard de celui de ses parents qui est du même sexe et
qui est perçu comme
un rival (ainsi Œdipe épouse-t-il sa mère et tue-t-il
son père).
Imaginons ensuite un jeune garçon dans une phase aiguë de
son complexe d'Œdipe, disant à son père qu'il l'aime.
Ne ment-il pas, ce
faisant, sans s'en rendre compte
? Car enfin, il peut, en raison de la
pression sociale et du refoulement effectué par son sur-moi, qui veut que
l'on aime ses parents, croire qu'il aime son père, alors qu'en réalité il lui
voue une haine jalouse.
À tout le moins, même s'il aime d'une certaine
manière
son père, cet amour est ambivalent, puisqu'il enveloppe aussi de
la haine.
Il y a donc au moins demi-vérité ou demi-mensonge, demi
mensonge dont il ne «Se rend pas compte".
Dira-t-on qu'il se trompe simplement ? Non, car aussi bien, il veut
tromper :
son père, la société, lui-même ; et pour être inconsciente, cette
intention n'en est
pas moins réelle.
Dira-t-on qu'«il" ne ment pas, mais
que
«Ça" ment en lui : il n'en reste pas moins que ce «Ça" est le plus
intime de son être, ce sans quoi.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Mauvaise foi et mensonge dans L'Etre et le Néant - 1re partie, chapitre II - Sartre (commentaire)
- Qu'est ce que la mauvaise foi ? Est-ce une forme de mensonge ?
- Liberté, mensonge et mauvaise foi
- Mauvaise foi selon sartre
- Les conduites de mauvaise foi dans L'Etre et le Néant - 1re partie, chapitre II - Sartre (commentaire)