La matière s oppose-t-elle radicalement à l esprit?

En tant qu'élément de la monade, la « matière première« est principe de passivité : c'est ce qui rend les perceptions de la monade confuses. Mais il n'en est pas de même de la « matière seconde «, seule réelle et substance complète; car celle-ci est douée de farce, et, dans la Monadologie (§ 67), LEIBNIZ écrira que « chaque portion de la matière peut être conçue comme un jardin plein de plantes et comme un étang plein de poissons «, c'est-à-dire que la matière elle-même est active et, en quelque sorte, vivante. Dés 1671, il avait défini le corps OaMme « un esprit momentané, mens momentanea «, voulant dire par là que, dans le domaine matériel, la tendance qui ne se transforme pas en mouvement ne peut exister que dans un moment isolé, tandis que, dans le domaine psychique, elle peut se prolonger au-delà de l'instant par la mémoire et l'imagination. — Ainsi, la matière n'est pas radicalement diffé­rente de l'esprit; elle est ce qui, dans les esprits créés, fragmente et limite leur activité et leur pensée (Précis, Ph. I, § 113 A et 340 D).